Turquie: un nouvel attentat suicide fait 4 morts

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La Turquie a été frappée samedi par un nouvel attentat suicide qui a tué quatre personnes et son auteur dans une célèbre avenue touristique d'Istanbul, six jours à peine après une autre attaque meurtrière revendiquée par un groupe kurde à Ankara.

Le 19/03/2016 à 16h11

Dans un pays placé depuis des mois en état d'alerte renforcée, cette attaque, la septième depuis juin, a visé cette fois la très commerçante avenue Istiklal, sur la rive européenne de la mégapole stambouliote, où déambulent chaque jour des centaines de milliers de personnes.

Selon un bilan provisoire, l'attentat a fait quatre morts et 36 blessés, dont sept se trouvaient dans un état grave.

Douze étrangers figurent parmi les blessés, selon le ministère de la Santé: six Israéliens, deux Irlandais, un Islandais, un Iranien, un Allemand et un citoyen de Dubaï.

"C'est bien un attentat suicide, une attaque terroriste", a déclaré le gouverneur d'Istanbul Vasip Sahin, affirmant que l'auteur de l'attaque visait un bâtiment officiel situé dans le quartier, "la sous-préfecture du quartier de Beyoglu".

Premier officiel à réagir, le vice Premier-ministre Numan Kurtulmus a réaffirmé la détermination du gouvernement islamo-conservateur. "Nous ne cèderons pas face au terrorisme", a-t-il déclaré devant la presse.

Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a réuni dans l'après-midi à Istanbul une réunion de sécurité d'urgence, selon les médias turcs.

L'attentat n'a fait l'objet d'aucune revendication immédiate.

'Une vraie boucherie'

Sur des vidéos diffusées par les médias turcs ou sur les réseaux sociaux, le "kamikaze" se dirige vers un petit groupe de personnes qui passe devant un bâtiment officiel.

"Il s'est fait exploser devant un groupe de personnes devant la sous-préfecture: deux cibles différentes possibles", a indiqué à l'AFP une source diplomatique occidentale, "toutes les pistes sont ouvertes".

"J'ai entendu une explosion alors que j'étais à l'intérieur du café. Quand je suis sorti, tout le monde courait dans tous les sens", a rapporté à l'AFP Mustafa, serveur dans un restaurant. "Moi j'ai couru vers le lieu de l'explosion pour comprendre et j'ai vu les corps à terre", a-t-il ajouté, "des gens partout parterre, une vraie boucherie".

Les forces de l'ordre, arme au poing, ont très rapidement évacué la zone, devant des commerçants et des touristes étrangers sous le choc. "On ne sait jamais où cela peut arriver et nous avons peur", a lâché le cuisinier d'un restaurant de l'avenue, Ismaïl, "c'est terrifiant".

La Turquie a été la cible depuis juin dernier d'une série d'attentats meurtriers de plus en plus rapprochés, attribués aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ou aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le dernier en date, dimanche dernier, une attaque à la voiture piégée qui a visé un arrêt de bus en plein centre d'Ankara, a fait 35 tués et plus de 120 blessés. Le 17 février, un autre attentat du même type avait fait 29 morts, déjà dans la capitale turque.

Alerte renforcée

Ces deux attaques ont été revendiquées par un groupe radical kurde proche du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) en représailles à la mort de civils pendant les opérations de l'armée et la police contre la rébellion kurde dans le sud-est anatolien. Les TAK ont promis d'autres actions contre l'Etat turc.

Face à la menace, le niveau d'alerte a été renforcé dans les grandes villes du pays.

L'Allemagne a fermé jeudi son ambassade à Ankara, son consulat à Istanbul et ses écoles dans les deux villes, et recommandé samedi à ses ressortissants de rester dans leurs hôtels. En janvier, 12 touristes allemands avaient été tués dans un attentat-suicide, attribué à l'EI dans le centre historique d'Istanbul.

L'ambassade des Etats-Unis à Ankara a également recommandé à ses ressortissants d'"éviter tout rassemblement politique ou manifestation" lors des fêtes du Nouvel an kurde, dimanche et lundi.

Embarrassé par les critiques qui dénoncent les ratés de ses services de sécurité, le président Recep Tayyip Erdogan a réagi en relançant sa guerre contre les "complices" des "terroristes" kurdes. Plus de 320 personnes, avocats, élus, intellectuels ou simples partisans de la cause kurde ont été arrêtés depuis dimanche.

Le 19/03/2016 à 16h11