Le secrétaire d'Etat Antony Blinken et le ministre de la Défense Llyod Austin doivent arriver ce dimanche à Kiev pour discuter des livraisons d'armes américaines à l'Ukraine, a annoncé samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le président les voudrait «encore plus lourdes et puissantes» face à l'armée russe, a-t-il dit lors d'une conférence de presse dans une station de métro du centre-ville de Kiev.
La Pologne a déjà pour sa part fourni pour 1,6 milliard de dollars d'armes à l'Ukraine, a précisé son Premier ministre Mateusz Morawiecki.
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Et les pays de l'OTAN commencent à fournir des lance-missiles S300 à Kiev pour ses défenses aériennes. Mais Kiev aura aussi besoin d'autres armes sophistiquées, notamment des obusiers Howitzer, selon des experts.
La France a aussi annoncé livrer des missiles antichars Milan et des canons Caesar. Des militaires ukrainiens seront formés en France à leur maniement à partir de samedi prochain.
Les appels à une trêve pour le week-end pascal des chrétiens orthodoxes s'étaient multipliés ces derniers jours, sans réussir à réduire les combats qui se sont poursuivis.
A Athènes, en Grèce, où plus de 22.000 Ukrainiens se sont réfugiés depuis le début de la guerre, la priorité était donnée ce dimanche, aux festivités religieuses.
«Personne, ni Poutine, ni aucun autre dictateur, ni le diable, n'a le droit de nous enlever la joie de célébrer Pâques tous ensemble», a prêché le jeune prêtre ukrainien Roman Skripnyuk devant une centaine d'Ukrainien de confession orthodoxe. La cérémonie a eu lieu dans l'église catholique de la Sainte Trinité dans le quartier athénien d'Aghios Nikolaos.
Ce pays partage les mêmes traditions orthodoxes, et pour les Ukrainiens présents cette cérémonie rappelle l'environnement chaleureux des festivités d'avant guerre. Mais certains visages paraissaient sombres et marqués.
«Nous sommes tristes parce que nous ne sommes pas chez nous avec nos proches, comme nous le ferions d'habitude pour Pâques», a expliqué Maria Chuprina, 30 ans, arrivée d'Izmaïl dans la région d'Odessa avec son mari Oleksi et leurs enfants, Maxim et Milana.
Bombardement «H24»Dans l'est et le sud de l'Ukraine, occupés en grande partie par les forces russes, de violents combats se poursuivent.
Samedi matin, l'armée russe a dit avoir procédé durant les dernières 24 heures à 1.098 frappes avec de l'artillerie et des roquettes.
«Ils bombardent littéralement tout (...) tout le temps, H24», a écrit sur sa chaîne Telegram le gouverneur de la région de Lougansk (est), Serguiï Gaidai, appelant la population à évacuer. Il a ensuite annoncé deux morts à Zolote après des tirs d'artillerie russe.
Et dans la région de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, six civils ont trouvé la mort, victimes de frappes russes près du village de Guirské.
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Selon Volodymyr Zelensky, «sept missiles ont visé Odessa» samedi, dont un qui «a touché un immeuble d’habitations» et «deux qui ont été abattus» par le système de défense antiaérienne ukrainienne.
Au moins huit personnes ont été tuées dans des frappes russes sur la ville portuaire du sud, selon un bilan fourni par la présidence ukrainienne.
L'armée russe a affirmé pour sa part avoir visé avec des «missiles de haute précision» un terminal logistique de l'aérodrome militaire près d'Odessa abritant des armes livrées aux forces ukrainiennes par les Etats-Unis et des pays européens.
Guterres à AnkaraEn parallèle, les négociations de paix restent à un stade embryonnaire, d'autant que la Russie semble, pour l'instant, n'avoir pas atteint ses objectifs militaires.
Volodymyr Zelensky a tout de même de nouveau appelé à rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine «pour mettre fin à la guerre».
Concernant le sort de combattants ukrainiens retranchés depuis plusieurs semaines dans le complexe métallurgique Azovstal de Marioupol, port stratégique quasi-rayé de la carte après l'offensive russe, Volodymyr Zelensky a prévenu que Kiev abandonnerait les négociations avec Moscou si ces derniers étaient tués par l'armée russe.
Il s'est aussi dit «prêt» à «un échange de nos militaires qui défendent Marioupol», sous «n'importe quel format», pour sortir «ces gens qui se trouvent dans une situation horrible, encerclés».
Lundi, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ira en Turquie, important médiateur dans le conflit en Ukraine, avant de se rendre à Moscou et à Kiev, a indiqué ce dimanche l'organisation.
Une chronologie dénoncée par le président ukrainien qui a critiqué la décision d’Antonio Guterres de se rendre d'abord à Moscou et ensuite seulement à Kiev, déclarant qu'il n'y avait «aucune justice et aucune logique dans cet ordre».
«La guerre est en Ukraine, il n'y a pas de cadavres dans les rues de Moscou. Il serait logique d'aller d'abord en Ukraine, pour voir les gens là-bas, les conséquences de l’occupation», a déclaré Volodymyr Zelensky.
L'ONU a également répertorié, vendredi dernier, une série d'actions des militaires russes «pouvant relever de crimes de guerre».
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Ankara tente actuellement d'organiser un sommet à Istanbul entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, bien que les responsables turcs admettent que les perspectives de tels pourparlers restent actuellement faibles.
Les troupes russes, qui se sont retirées fin mars de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, cherchent à «établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l’Ukraine», a affirmé un haut responsable militaire russe.
Le nombre de réfugiés fuyant l'invasion russe approche des 5,2 millions, selon l'ONU. Plus de 7,7 millions de personnes ont quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine.