"Des missiles ont frappé le quartier de l'aéroport de Lviv", a écrit sur son compte Facebook Andriy Sadovy, le maire de cette grande ville située près de la frontière polonaise, assurant que la frappe n'avait pas touché directement les installations aéroportuaires.
Un journaliste de l'AFP a vu un panache de fumée se dégager dans les airs au-dessus de la zone, ainsi des véhicules de police et des ambulances fonçant dans cette direction.
La ville de Lviv avait été épargnée par les combats jusqu'à présent. Mais l'armée russe a bombardé dimanche une base militaire ukrainienne dans cette région, faisant au moins une trentaine de morts.
Alors que les combats continuent à faire rage, Joe Biden et Xi Jinping ont prévu de discuter vendredi à 13H00 GMT --leur quatrième entretien depuis l'entrée du président américain à la Maison Blanche-- de la guerre menée par Moscou en Ukraine. Et le ton a été donné dès jeudi par le secrétaire d'Etat Antony Blinken.
"Le président Biden (...) lui dira clairement que la Chine portera une responsabilité pour tout acte visant à soutenir l'agression russe et que nous n'hésiterons pas à lui imposer des coûts", a fait savoir M. Blinken.
"Nous voyons avec préoccupation que la Chine réfléchit à apporter à la Russie une assistance militaire directe", a-t-il ajouté.
Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, le régime communiste chinois, privilégiant sa relation avec Moscou et partageant avec la Russie une profonde hostilité envers les Etats-Unis, s'est abstenu d'exhorter le président russe Vladimir Poutine à retirer ses troupes d'Ukraine.
Mais la Chine a peut-être déjà commencé à prendre ses distances avec Moscou car, d'après des diplomates à l'ONU, la Russie a renoncé jeudi soir à tenir le lendemain un vote au Conseil de sécurité sur une résolution liée à la guerre en Ukraine, faute de soutien de ses plus proches alliés.
"Ils ont fait appel au co-parrainage" pour leur texte portant selon eux sur l'humanitaire "et il n'y a pas eu de retour", a indiqué un ambassadeur sous couvert d'anonymat, laissant entendre que ni la Chine ni l'Inde ne soutenaient l'initiative controversée russe et n'auraient voté en sa faveur.
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Et M. Biden n'a pas mâché ses mots à l'égard de M. Poutine, le traitant de "voyou" et de "dictateur sanguinaire" après l'avoir qualifié la veille de "criminel de guerre".
Les auteurs de crimes de guerre en Ukraine devront "rendre des comptes" devant la justice internationale, ont de leur côté averti les ministres des Affaires étrangères du G7 dans une déclaration commune.
"Cibler intentionnellement des civils est un crime de guerre. Après tant de destructions ces trois dernières semaines, je trouve difficile de conclure que les Russes font autre chose que cela", a relevé M. Blinken.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a imploré jeudi les Occidentaux d'aider à "arrêter cette guerre", au moment où une frappe russe faisait au moins 27 morts dans l'est du pays.
Pour lui, "un peuple est en train d'être détruit en Europe". "Aidez-nous à arrêter cette guerre!", a-t-il ajouté, ovationné par les députés du Bundestag allemand auxquels il s'est adressé jeudi par visioconférence.
Les regards étaient toujours tournés vers Marioupol, ville portuaire stratégique du sud-est assiégée et où Volodymyr Zelensky a accusé mercredi l'aviation russe d'avoir "sciemment" bombardé un théâtre où étaient réfugiés des centaines d'habitants.
"Le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un Etat terroriste", a-t-il ajouté.
Selon la mairie de Marioupol, "plus d'un millier" de personnes se trouvaient dans un abri antiaérien sous le théâtre lorsqu'il a été bombardé. Aucun bilan n'a été communiqué à ce stade.
L'émissaire ukrainienne aux droits humains Lioudmyla Denissova a indiqué que l'abri avait résisté au bombardement: "Nous pensons que tout le monde a survécu", a-t-elle déclaré à la télévision, précisant sur la messagerie Telegram, que des survivants avaient commencé à être extirpés des décombres.
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Le parlementaire Serguei Taruta a aussi affirmé que l'abri avait résisté. "Il est constitué de trois parties et on ne sait pas encore si elles ont été endommagées", a-t-il écrit sur Facebook. Plusieurs personnes "en sont sorties dans la matinée après que les habitants ont dégagé eux-mêmes les débris", a-t-il expliqué.
La Russie a affirmé ne pas avoir bombardé la ville, et avancé que l'immeuble avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov.
Selon le ministre italien de la Culture, Rome est "disposée à reconstruire le théâtre". "Le gouvernement a approuvé ma proposition d'offrir à l'Ukraine les ressources et les moyens pour le reconstruire dès que possible", a-t-il tweeté. "Les théâtres de tous les pays appartiennent à l'humanité tout entière".
La mairie de Marioupol a signalé que la situation était "critique" avec des bombardements russes "ininterrompus" et des destructions "colossales".
Selon les premières estimations, environ 80% du parc de logements de la ville a été détruit.
"Ils tirent tellement de roquettes, il y a beaucoup de corps de civils morts dans les rues", a raconté à l'AFP Tamara Kavounenko, 58 ans.
Les bombardements se poursuivent aussi à Kiev et à Kharkiv, deuxième ville du pays, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre.
"J'ai entendu un sifflement et mon mari m'a appelée en criant. On habite au rez-de-chaussée, les fenêtres se brisaient. Le principal, c'est qu'on soit vivants", a dit à l'AFP Iryna Voïnovska, 55 ans, en sanglots. "Malheureusement, une femme est morte au 16e étage, écrasée par une gazinière".
La capitale a repris lentement vie jeudi après la levée d'un couvre-feu imposé depuis mardi soir. Elle s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants.
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Aucun bilan global n'a été fourni même si le président Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'"environ 1.300" militaires ukrainiens, tandis que Moscou a seulement rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.
Cent-huit enfants ont été tués et 120 blessés dans le pays depuis l'invasion russe, a indiqué jeudi le Parquet général ukrainien.
Trois semaines après le début de l'invasion, Moscou ne donne aucun signe de répit dans son offensive malgré la poursuite de pourparlers entre les belligérants.
Mais M. Blinken a estimé que la Russie n'avait pas démontré jusqu'ici "d'effort significatif" dans ses tractations avec Kiev pour tenter de trouver une sortie de crise.
"D'un côté, nous saluons l'Ukraine qui reste à la table des négociations alors qu'elle est sous les bombes, et de l'autre côté, je n'ai pas vu d'effort significatif de la part de la Russie pour mettre fin par la diplomatie à la guerre qu'elle mène", a-t-il dit.
Et plus de trois millions d'Ukrainiens ont pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne, parfois seulement une étape avant de continuer leur exode.
Vladimir Poutine a martelé mercredi dans un discours que l'offensive était "un succès". Son porte-parole Dmitri Peskov a affirmé que la "majorité écrasante" des Russes soutenait la ligne décidée par le président russe.
Les autres sont des "traîtres" et le conflit les révèle, permettant une "purification" de la société, a-t-il ajouté, alors que nombre de Russes opposés au Kremlin ont quitté le pays depuis le début de l'offensive.
Frappée par de lourdes sanctions, la Russie a cependant apparemment échappé pour l'instant au défaut de paiement sur sa dette: selon une source proche du dossier, la banque JPMorgan a bien reçu le paiement d'une tranche d'intérêts de 117,2 millions de dollars qui arrivait à échéance.