«Nous devons dire les choses telles qu'elles sont: tout dégât potentiel à Zaporijjia serait un suicide», a déclaré Antonio Guterres, appelant une nouvelle fois à «démilitariser» la centrale, occupée par l'armée russe.
Se disant «gravement préoccupé» par la situation dans la plus grande centrale nucléaire d'Europe, Antonio Guterres a appelé à ne pas l'utiliser «pour quelque opération militaire que ce soit».
Antonio Guterres poursuit sa visite ce vendredi à Odessa, port ukrainien crucial pour la reprise des exportations des céréales bloquées par la guerre.
De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé le soutien de la Turquie à l'Ukraine et s'est alarmé du danger d'un «nouveau Tchernobyl», en référence au plus important accident nucléaire civil.
Le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl avait explosé le 26 avril 1986, dégageant un nuage radioactif qui s'est propagé sur toute l'Europe.
«Alors qu'on poursuit nos efforts pour une solution, nous avons été et continuons d'être du côté de nos amis ukrainiens», a affirmé Recep Tayyip Erdogan avant d'ajouter qu'il ne veut pas d'un «nouveau Tchernobyl».
Occupée depuis début mars, cette centrale dans le sud du pays est la proie depuis fin juillet de bombardements dont Moscou et Kiev s'accusent mutuellement.
Jeudi soir un responsable de l'administration d'occupation prorusse de la région de Zaporijjia, Vladimir Rogov, a accusé les forces ukrainiennes d'avoir bombardé Energodar, la ville proche de la centrale nucléaire.
Le président Zelensky a estimé jeudi que la visite à Lviv de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan était un «message puissant de soutien» pour son pays.
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Il a exclu toute négociation de paix avec Moscou sans le retrait préalable des troupes russes du territoire de l'Ukraine.
«Des gens qui tuent, violent, frappent nos villes civiles avec des missiles de croisière chaque jour ne peuvent pas vouloir la paix. Ils devraient d'abord quitter notre territoire, ensuite on verra», a déclaré Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse à Lviv, disant «ne pas faire confiance à la Russie».
Dans la matinée, l'armée russe a assuré n'avoir pas déployé d’«armes lourdes» dans et autour de la centrale de Zaporijjia, contrairement à ce qu'affirme Kiev.
De son côté, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a annoncé sur Twitter que le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, lui a dit être «prêt» à se rendre à la centrale à la tête d'une délégation.
Dépôt de munitions en feuLa veille, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, avait jugé «urgent» une telle inspection de l'AIEA.
Pendant ce temps, deux villages russes ont été évacués jeudi à cause d'un incendie qui s'est déclaré dans un dépôt de munitions situé près de la frontière avec l'Ukraine, ont annoncé les autorités locales.
Cet incendie intervient quelques jours après des explosions sur une base militaire et un dépôt de munitions situés en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou, la Russie reconnaissant dans ce dernier cas un acte de «sabotage».
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Les combats se poursuivent par ailleurs dans la région de Kharkiv (nord-est), où les Ukrainiens ont accusé les Russes d'avoir bombardé des quartiers d'habitation, y faisant six morts jeudi, après 13 la veille au soir, et des dizaines de blessés au total.
Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe, cette cité, la deuxième plus grande d'Ukraine, est régulièrement pilonnée par les soldats russes, qui n'ont jamais réussi à s'en emparer. Des centaines de civils ont été tués dans cette région, selon les autorités.
Dans le sud, une personne est morte et deux autres ont été blessées après une frappe à Mykolaïv, a annoncé son maire, Oleksandr Senkevytch.
Nouveaux appareillagesLa rencontre Zelensky-Erdogan-Guterres intervient sur fond de multiplication des tractations pour permettre la reprise des exportations de céréales d'Ukraine, un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux.
Antonio Guterres a promis jeudi que son organisation allait s'efforcer d’«intensifier» les exportations de céréales ukrainiennes avant l'arrivée de l'hiver, celles-ci étant cruciales pour l'approvisionnement alimentaire de nombreux pays d'Afrique.
Elles ont été bloquées pendant plusieurs mois à la suite de l'invasion russe, faisant planer le spectre d'une crise alimentaire mondiale.
En juillet, un accord signé par la Russie et l'Ukraine et validé par les Nations unies et la Turquie, a permis de reprendre ces exportations.
Recep Tayyip Erdogan, qui se pose en médiateur sur ce sujet, est allé début août en parler en Russie avec le président Vladimir Poutine.
Un premier navire humanitaire affrété par l'ONU, chargé de 23.000 tonnes de blé, a quitté mardi l'Ukraine, en direction de l'Ethiopie.
Jeudi, un bâtiment chargé de céréales a appareillé, le 25e depuis la signature de l'accord, ont annoncé les autorités portuaires ukrainiennes.
Un navire russe transportant des céréales ukrainiennes volées est toutefois arrivé en Syrie, a affirmé jeudi l'ambassade d'Ukraine au Liban, après que plusieurs céréaliers ont fait polémique en accostant dans le pays en guerre.