Ce convoi est resté plus de cinq heures bloqué à un barrage russe hier, samedi, et l'espoir était qu'il puisse parvenir à Marioupol ce dimanche, en provenance de Zaporojie via Berdiansk, a avancé samedi la vice-Première ministre ukrainienne Irina Verechtchouk.
L'enjeu est crucial pour Marioupol: cette cité portuaire stratégique, située dans le sud-est du pays entre la Crimée et le Donbass, est plongée dans une situation critique, «quasi-désespérée» selon Médecins sans frontières (MSF), manquant de vivres et privée d'eau, de gaz, d'électricité et de communications.
Des tentatives d'évacuation de centaines de milliers de civils ont échoué à plusieurs reprises. «Marioupol est toujours encerclée, ce qu'ils ne peuvent pas avoir par la guerre, (les Russes) veulent l'avoir par la faim et par le désespoir. Comme ils ne peuvent pas faire tomber l'armée ukrainienne, ils visent la population», analyse une source militaire française.
Moscou reconnaît que la situation «dans certaines villes» a pris des «proportions catastrophiques», selon les mots du général Mikhaïl Mizintsev, cité hier, samedi, par les agences de presse russes. Mais le militaire a accusé les «nationalistes» ukrainiens de miner les zones résidentielles et de détruire des infrastructures, privant les civils de voies d'évacuation et de ressources élémentaires.
Bombes sur MykolaïvToujours au sud, la métropole d'Odessa continue à se préparer à une offensive des troupes russes, qui se concentrent pour l'heure à une centaine de kilomètres à l'est sur la ville de Mykolaïv. Les bombardements massifs ont notamment touché un centre de cancérologie et un hôpital ophtalmologique, a constaté une journaliste de l'AFP.
Les victimes jonchent les rues de certaines villes, et les bilans sont impossibles à vérifier. «Environ 1.300» militaires ukrainiens ont été tués depuis le 24 février, a indiqué hier, samedi, le président Volodymyr Zelensky, dans un premier décompte officiel fourni par les autorités ukrainiennes depuis le début de l'invasion.
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L'armée russe, elle, a perdu «environ 12.000 hommes», affirme le chef d'Etat. La Russie, de son côté, a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan à ce jour de 498 soldats tués.
Au moins 579 civils ont été tués, selon le décompte samedi des Nations unies, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité. Et près de 2,6 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, outre environ deux millions de déplacés à l'intérieur du pays, selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés.
Kiev, dont seules les routes vers le sud restent dégagées, est de plus en plus cernée par les soldats russes, qui ont détruit samedi l'aéroport avoisinant de Vassylkiv, selon les Ukrainiens.
Présentes dans les faubourgs, les troupes russes tentent de neutraliser les localités environnantes pour «bloquer» Kiev, selon l'état-major ukrainien, et la banlieue nord-ouest (Irpin, Boutcha) a été lourdement bombardée ces derniers jours.
Le ministère britannique de la Défense estime que les forces russes étaient samedi à 25 kilomètres de la capitale et qu'une colonne au nord de la ville s'était dispersée, renforçant l'idée d'une volonté d'encerclement.
Elles se heurtent toutefois à la résistance de l'armée ukranienne, tant à l'ouest qu'à l'est de la capitale, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.
La présidence ukrainienne promet une «défense acharnée» de Kiev. Des soldats ukrainiens rencontrés par l'AFP assurent que leur moral demeure intact.
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Et celui de leurs ennemis? «Ils sont obligés de camper dans des villages par des températures qui approchent les -10° la nuit. Ils manquent de ravitaillement, et doivent piller les maisons», affirme le soldat ukrainien Illia Berezenko.
Entre «mensonges» et «signal»Vladimir Poutine affiche lui aussi toujours sa détermination. Hier, samedi, le président russe a accusé les forces ukrainiennes de «violations flagrantes» du droit humanitaire, lors d'un entretien téléphonique avec les dirigeants français Emmanuel Macron et allemand Olaf Scholz.
«Mensonges», a réagi la présidence française. Et les appels d’Emmanuel Macron et d’Olaf Scholz à un «cessez-le-feu immédiat» sont restés lettre morte.
Mais sur le front diplomatique, une inflexion s'est peut-être fait jour en cette fin de semaine: Volodymyr Zelensky s'est félicité d'une «approche fondamentalement différente» de Moscou dans ses récents pourparlers avec Kiev, notant que la Russie ne se contentait plus de «juste poser des ultimatums».
Interrogé sur des déclarations faites vendredi dernier par Vladimir Poutine évoquant des «avancées» dans les pourparlers russo-ukrainiens, son homologue ukrainien s'est dit «content d'avoir un signal de la Russie», lors d'une conférence de presse à Kiev.
Une rencontre avait eu lieu jeudi dernier entre les chefs de la diplomatie russe et ukrainien en Turquie, sans résultat. Auparavant s'étaient tenu trois sessions de pourparlers au niveau de délégations. Pourparlers qui se poursuivront par visioconférence, selon le Kremlin.
Nouvelle aide américaineVolodymyr Zelensky a cependant déploré que les «partenaires occidentaux (de l'Ukraine) ne soient pas suffisamment engagés» dans cette approche.
Les Occidentaux refusent d'entrer dans le conflit, mais ont multiplié les sanction économiques et commerciales contre la Russie, et assuré Kiev d'un soutien notamment militaire.
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Washington a ainsi autorisé hier, samedi, une nouvelle aide en armes de 200 millions de dollars pour l'Ukraine, qui fait suite à une première aide en équipements militaires de 350 millions de dollars, dont deux tiers ont été livrés au 4 mars, selon une responsable du Pentagone.
Ce premier paquet d'aide était destiné à «fournir urgemment à l'Ukraine les munitions nécessaires, des missiles antichars Javelin et des missiles anti-aériens Stinger», avait expliqué au Congrès la responsable de la diplomatie américaine pour les affaires politico-militaires, Jessica Lewis.
La nouvelle annonce de la Maison Blanche intervient après des déclarations du vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, qui a dit avoir «averti les Etats-Unis» que ces «convois» devenaient des «cibles légitimes», en citant les systèmes de défense aérienne portables et les systèmes de missiles antichars.