Selon Kiev, des tirs de chars russes sur la centrale ont mis le feu à un bâtiment consacré aux formations et à un laboratoire. Les services de secours ont indiqué avoir pu accéder au site et éteindre l'incendie, après en avoir été un temps empêchés par les soldats russes.
«La sécurité nucléaire est maintenant garantie», a affirmé sur Facebook Oleksandre Staroukh, chef de l'administration militaire de la région de Zaporijjia.
L'attaque n'a fait aucune victime, ont indiqué les secours ukrainiens sur Facebook.
Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce sont des chars russes qui ont ouvert le feu sur la centrale.
«Ces chars sont équipés de viseurs thermiques donc ils savent ce qu'ils font, ils s'étaient préparés», a-t-il affirmé dans une vidéo publiée par la présidence ukrainienne.
Les niveaux de radioactivité restent inchangés sur le site de la centrale, qui compte six réacteurs nucléaires et fournit une grande partie de l'énergie du pays, a indiqué de son côté l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon qui aucun équipement «essentiel» n'a été endommagé.
L'AIEA «appelle à cesser l'usage de la force et avertit d'un grave danger si les réacteurs sont touchés», a tweeté l'organisation.
Volodymyr Zelensky a accusé Moscou d'avoir recours à la «terreur nucléaire» et de vouloir «répéter» la catastrophe de Tchernobyl, la plus grave de l'Histoire en 1986.
«Nous alertons tout le monde sur le fait qu'aucun autre pays hormis la Russie n'a jamais tiré sur des centrales nucléaires. C'est la première fois dans notre histoire, la première fois dans l'histoire de l'humanité. Cet Etat terroriste a maintenant recours à la terreur nucléaire», a-t-il affirmé.
«La fin de l’Europe»«L'Ukraine compte quinze réacteurs nucléaires. S'il y a une explosion, c'est la fin de tout. La fin de l'Europe. C'est l'évacuation de l’Europe», a-t-il poursuivi.
«Seule une action européenne immédiate peut stopper les troupes russes. Il faut empêcher que l'Europe ne meure d'un désastre nucléaire», a ajouté le président ukrainien.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU «dans les prochaines heures».
«Les actions irresponsables du président Poutine peuvent maintenant menacer directement la sécurité de toute l’Europe», a-t-il déploré dans un communiqué, après s'être entretenu avec Volodymyr Zelensky.
Le président ukrainien a également parlé au téléphone avec le président américain Joe Biden, a indiqué un responsable à Washington. Joe Biden a ensuite «exhorté la Russie à cesser ses activités militaires dans la zone» de la centrale, selon la Maison Blanche.
Le 24 février, des combats avaient déjà eu lieu près de l'ancienne centrale de Tchernobyl, à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, et qui est désormais entre les mains des troupes russes.
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Dans des déclarations à la télévision russe hier, jeudi, le président Vladimir Poutine n'a donné aucun espoir d'apaisement.
«L'opération militaire spéciale se déroule strictement selon le calendrier, selon le plan», a-t-il déclaré, rendant hommage aux soldats russes et à leur «précieux combat contre des néonazis» et des «mercenaires étrangers» qui utilisent selon lui les civils comme «boucliers humains» en Ukraine.
Facebook inaccessible en RussieEn Russie, les pages internet de Facebook et plusieurs médias indépendants ou étrangers étaient en partie inaccessibles ce vendredi. Et la Douma devait examiner, également vendredi, un projet de loi prévoyant jusqu'à 15 ans de prison pour toute publication de «fake news» concernant l'armée.
Les forces russes intensifient leurs frappes sur les principales villes d'Ukraine. Kiev a notamment accusé Moscou hier, jeudi, d’avoir bombardé une zone résidentielle à Tcherniguiv, sur la route de Kiev, faisant 33 morts.
Vladimir Poutine a douché au cours de la journée d’hier les espoirs de médiation du président français Emmanuel Macron, lui déclarant au téléphone que la Russie avait «l'intention de poursuivre sans compromis son combat contre les membres des groupes nationalistes qui commettent des crimes de guerre», et répétant son exigence d'une démilitarisation et d'un statut neutre pour l'Ukraine, selon le Kremlin.
«Le pire est à venir», Vladimir Poutine veut «prendre le contrôle» de toute l'Ukraine, a jugé le président français après cet appel, selon l'Elysée.
Couloirs humanitairesLes négociateurs russes et ukrainiens s'étaient retrouvés hier, jeudi, à la frontière entre la Pologne et le Bélarus pour une deuxième tentative de pourparlers, lors de laquelle Kiev espérait obtenir une trêve. «Malheureusement, il n'y a pas encore les résultats escomptés pour l'Ukraine.
Il n'y a qu'une solution pour organiser des couloirs humanitaires» pour l'évacuation des civils, a écrit sur Twitter Mikhaïlo Podoliak, un membre de la délégation ukrainienne.
Plus d'un million de réfugiés ont déjà fui l'Ukraine, selon l'ONU.
Devenu un héros dans son pays, le président Zelensky a exhorté les Occidentaux hier, jeudi, à accroître leur soutien, à «fermer le ciel» ukrainien aux avions russes, et les a mis en garde: «si nous disparaissons, que Dieu nous protège, ensuite ce sera la Lettonie, la Lituanie, l'Estonie etc. Jusqu'au mur de Berlin, croyez-moi».
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé dans la nuit à Bruxelles pour des entretiens ce vendredi avec des responsables de l'Otan et de l'UE, après quoi il doit se rendre en Pologne, dans les trois pays baltes et en Moldavie.
Cette dernière, qui craint d'être la prochaine cible de Moscou, a annoncé hier, jeudi, avoir déposé officiellement sa candidature à l'entrée dans l'Union européenne, tout comme la Géorgie, suivant l'exemple de l'Ukraine.
L'attaque de la centrale nucléaire a fait chuter les marchés asiatiques ce vendredi matin, l'indice vedette Nikkei de Tokyo plongeant de 2,5% vers 04H00 GMT, tandis que le Hang Seng de Hong Kong perdait 2,6%. Shanghai, Séoul, Sydney et Singapour piquaient aussi du nez.