Au 15 janvier, l’Union européenne et les pays de l’Otan s’étaient déjà engagés sur 107,5 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine, selon les données publiées vendredi par l’institut de recherche allemand Kiel Institute, qui recense les armes promises et livrées à l’Ukraine depuis l’invasion.
L’Union européenne et ses membres ont promis 49,7 milliards d’euros, les États-Unis 42,2 milliards. Mais les promesses européennes s’étalent sur plusieurs années, quand celles des États-Unis ont déjà toutes été livrées ou allouées à des armes et équipements précis. Les Vingt-Sept n’ont livré ou alloué que 35,2 milliards d’euros d’aide militaire, moins que les États- Unis.
Le robinet américain est coupé
Mais les Etats-Unis, premier fournisseur d’aide militaire à l’Ukraine, ont coupé le robinet, l’administration du président démocrate Joe Biden essayant en vain depuis des mois de faire voter une nouvelle enveloppe, bloquée par des réticences d’élus républicains en pleine campagne présidentielle. Un proche conseiller de Joe Biden indiquait récemment «entendre de plus en plus souvent que l’armée ukrainienne rationne les munitions, voire en manque sur le front», en raison «de l’inaction des Etats-Unis».
«Il est hautement incertain que les Etats-Unis envoient de l’aide militaire supplémentaire en 2024», estime le Kiel Institute. Et des experts craignent que l’un retour au pouvoir du républicain Donald Trump en 2025 ne sonne le glas de l’aide américaine à l’Ukraine. «L’Europe va devoir au moins doubler son aide militaire actuelle dans l’hypothèse où il n’y aurait pas d’aide supplémentaire des Etats-Unis», prévient Christoph Trebesch, qui dirige l’équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l’Ukraine.
Dissensions en Europe
Mais l’Europe peine à faire front uni. Si les dirigeants européens se sont mis d’accord début février sur une nouvelle aide de 50 milliards d’euros sur quatre ans (33 milliards de prêts et 17 milliards de dons), cette enveloppe a longtemps été bloquée par les réticences du Premier ministre hongrois Viktor Orban.
En Slovaquie, l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle majorité s’est accompagnée de tensions, le nouveau Premier ministre Robert Fico ayant bloqué début novembre, comme promis lors de sa campagne, une importante livraison d’armes programmée par l’exécutif précédent.
La Pologne compte elle parmi les plus grands soutiens de l’Ukraine depuis l’invasion russe, mais les relations entre les deux pays ont été entamées par des tensions sur fond d’accusations de concurrence déloyale dans le secteur agricole notamment. Le Premier ministre pro-européen Donald Tusk martèle néanmoins son soutien à l’Ukraine depuis son retour au pouvoir en décembre.
Des armes légères aux chars
Au début du conflit, face à la progression éclair des troupes russes, Kiev reçoit dans l’urgence des dizaines de milliers d’armes légères. Puis à partir d’avril, lorsque l’armée russe concentre ses efforts sur le Donbass et le sud, des armes capables de frapper derrière les lignes ennemies. Les alliés de l’Ukraine lui livrent ensuite des systèmes de défense anti-missiles pour se défendre contre les frappes sur les infrastructures et les villes.
Début 2023, pour sortir de la guerre de tranchées qui s’installe dans l’est, Kiev obtient des chars lourds modernes américains, britanniques et surtout allemands. Selon le Kiel Institute, 265 chars ont été promis, dont au moins 150 avaient été livrés à fin octobre. Alors que l’Ukraine entame en juin une difficile contre-offensive, elle obtient de ses alliés des missiles de longue portée livrés par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Après un feu vert de Washington, les Pays-Bas et le Danemark s’engagent en août à livrer 61 chasseurs américains F-16. La Norvège suit. La formation des pilotes, assurée par une coalition de 11 pays, a déjà débuté et un centre d’entraînement a été inauguré mi-novembre en Roumanie où de premiers F-16 sont arrivés en provenance des Pays-Bas.