Après avoir atteint les faubourgs de Kiev, l'armée russe tente d'éliminer les défenses ukrainiennes dans plusieurs localités à l'ouest et au nord de la capitale - à Andriivka, Kopyliv, Motyjyne, Bouzova, Horenytchi, Boutcha et Demydiv - pour la «bloquer», a expliqué dans la nuit d’hier, jeudi, à ce vendredi 11 mars 2022 l'état-major ukrainien.
«Un mouvement de troupes» russes vers Brovary, à l'est de Kiev, n'est par ailleurs «pas exclu», a-t-il précisé.
S'il reste un peu moins de deux millions d'habitants dans la capitale -la moitié de sa population ayant fui depuis le début de l'invasion russe en Ukraine le 24 février- «Kiev s'est transformée en forteresse», a martelé le maire, Vitali Klitschko.
«Chaque rue, chaque bâtiment, chaque checkpoint s'est fortifié», a-t-il décrit.
«Stoppés, démoralisés»Dans le sud-est du pays, l'armée russe «concentre ses efforts» sur Severodonetsk et sur la ville assiégée de Marioupol, un port stratégique sur la mer d'Azov, selon l'état-major ukrainien.
L'aviation russe y a visé hier, jeudi «toutes les 30 minutes» des zones résidentielles, «tuant des civils, des personnes âgées, des femmes et des enfants», a détaillé le maire, Vadim Boïtchenko, dans une vidéo.
Un représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dépeint une situation dantesque dans cette ville où les habitants sont privés d'électricité, d'eau et de gaz: «les gens ont commencé à se battre pour la nourriture. D'autres ont détruit la voiture d'une autre personne pour en retirer l’essence», raconte Sasha Volkov dans un enregistrement audio envoyé aux médias.
L'hôpital pour enfants de la ville avait été visé par des bombardements mercredi, faisant trois morts, selon la mairie, et suscitant une vague de condamnations internationales.
Les Etats-Unis ainsi que leurs alliés européens envisageaient, en réponse aux atrocités semblant «s’intensifier» contre les civils ukrainiens, des sanctions supplémentaires contre la Russie.
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Les combats se poursuivent aussi pour le contrôle de Tcherniguiv (nord), de Kharkiv (nord-est) et du port de Mykolaïv (sud), relève l'état-major ukrainien, notant que Moscou a essayé «d'entamer une offensive» vers les grandes villes de Zaporojie et Krivoï Rog.
«Les occupants russes sont stoppés, démoralisés et subissent de lourdes pertes», a-t-il assuré.
Pour le ministère britannique de la Défense, le «nombre croissant» des troupes russes engagées pour «encercler les villes stratégiques (...) ralentira davantage la progression russe», a-t-il analysé sur Twitter.
«Terreur assumée»Après les premiers pourparlers à haut niveau entre les belligérants depuis le 24 février -qui se sont tenus en Turquie hier, jeudi, sans aboutir à un cessez-le-feu- Moscou a promis l'ouverture quotidienne de couloirs humanitaires pour permettre aux Ukrainiens fuyant les combats de gagner la Russie.
Mais l'Ukraine, où la population des villes assiégées par les troupes russes vit terrée en raison des bombardements, réclame la mise en place à l'intérieur de ses frontières de passages sécurisés pour évacuer les civils.
Ce vendredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé l'armée russe d'empêcher des évacuations de civils de Marioupol et Volnovakha (sud-est) et d'avoir mené une attaque sur le trajet prévu d'un couloir humanitaire.
«Les troupes russes n'ont pas cessé le feu. Malgré tout, j'ai décidé d'envoyer un convoi de véhicules vers Marioupol, avec de la nourriture, de l'eau, des médicaments (...) Mais les occupants ont lancé une attaque de char exactement là où devait passer ce couloir», a-t-il affirmé, dans une vidéo publiée par la présidence.
«C'est de la terreur assumée, de la terreur effrontée, de la part de terroristes expérimentés», a-t-il fustigé.
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Quelque 100.000 personnes ont quitté ces deux derniers jours d'autres villes ukrainiennes en proie aux combats, dont 40.000 personnes rien que jeudi, via des couloirs humanitaires, a précisé le dirigeant.
La guerre en Ukraine, qui a jeté sur les routes plus de 2,3 millions de personnes selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, a tué au moins 516 civils et fait plus de 900 blessés d'après le dernier décompte de l'ONU, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.
Face à cette situation, les Américains et leurs alliés s'efforcent d'aider ce pays tout en évitant l'implication militaire directe des Etats membres de l'Otan.
14 milliards de dollarsLe Congrès américain a ainsi adopté hier, jeudi, un nouveau budget fédéral comprenant une enveloppe faramineuse de près de 14 milliards de dollars pour la crise ukrainienne.
Des fonds censés permettre à l'Ukraine de protéger son réseau électrique, combattre les cyberattaques et s'équiper en armes défensives. Le paquet comprend également plus de 2,6 milliards de dollars d'aide humanitaire et plus d'un milliard de dollars pour soutenir les réfugiés.
Réunis en sommet à Versailles, près de Paris, pour élaborer les réponses économiques et militaires au choc de l'invasion russe, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont exclu hier, jeudi, une adhésion rapide de l'Ukraine à l'Union européenne, tout en ouvrant la porte à des liens plus étroits.
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Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira par ailleurs vendredi à 16H00 GMT à la demande de Moscou, sur la fabrication supposée d'armes biologiques en Ukraine, niée catégoriquement par Volodymyr Zelensky.
Les sanctions occidentales continuent de pleuvoir sur la Russie, avec le gel au Royaume-Uni des avoirs de sept oligarques russes dont Roman Abramovitch, décision impliquant la suspension de la vente du club de football de Chelsea.
Conséquence de la guerre, le Fonds monétaire international va abaisser ses prévisions de croissance mondiale, prévenant qu'un défaut de paiement de la Russie n'était plus «improbable».