Ukraine: l’Europe met à l’épreuve les engagements de Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) et le chancelier allemand Friedrich Merz (à gauche) quittent la Chancellerie à Berlin après la vidéoconférence des dirigeants européens avec le président américain sur la guerre en Ukraine, avant le sommet entre les dirigeants américains et russes, le 13 août 2025. AFP or licensors

Les soutiens européens de l’Ukraine se réunissent jeudi pour tester l’engagement des États-Unis en matière de sécurité future de l’Ukraine, alors que les efforts de paix de Donald Trump patinent et que Vladimir Poutine, fort de ses appuis internationaux, paraît plus inflexible que jamais.

Le 04/09/2025 à 07h05

Les soutiens européens de l’Ukraine se réunissent jeudi pour tester l’engagement des États-Unis en matière de sécurité future de l’Ukraine, alors que les efforts de paix de Donald Trump patinent et que Vladimir Poutine, fort de ses appuis internationaux, paraît plus inflexible que jamais.

Le président français Emmanuel Macron copréside à 10h30 (08h30 GMT), à l’Élysée, une réunion de la «Coalition des volontaires», qui rassemble les principaux soutiens militaires de Kiev — une trentaine de pays, essentiellement européens — en présence de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les dirigeants s’entretiendront ensuite par téléphone, à 14h00 (12h00 GMT), avec Donald Trump. Deux sujets seront à l’ordre du jour: un appel à davantage de sanctions américaines contre la Russie et les contributions de chacun aux garanties de sécurité futures destinées à l’Ukraine.

Outre M. Zelensky, le président finlandais Alexander Stubb sera présent à l’Élysée, aux côtés des Premiers ministres polonais Donald Tusk, espagnol Pedro Sánchez, danoise Mette Frederiksen, ainsi que des présidents des institutions de l’Union européenne, Ursula von der Leyen et Antonio Costa.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, coprésident de la réunion, interviendra en visioconférence, de même que d’autres dirigeants européens, de l’allemand Friedrich Merz à l’italienne Giorgia Meloni.

Réserves

Les Européens s’apprêtent à acter qu’ils sont «prêts» à octroyer des garanties de sécurité à l’Ukraine, afin de signifier qu’ils attendent désormais des gestes concrets des Américains dans la même direction.

«Nous sommes prêts pour ces garanties de sécurité. L’Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d’engagement et d’intensité», a déclaré le président français en accueillant son homologue ukrainien mercredi soir à l’Élysée, lors d’un tête-à-tête.

Les alliés de l’Ukraine attendent désormais «de voir ce que les Américains souhaitent apporter concernant leur participation», a renchéri le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, à Bruxelles.

La Coalition des volontaires est disposée à contribuer au renforcement de l’armée ukrainienne, et certains pays — dont la France, le Royaume-Uni et la Belgique — se disent prêts à envisager un déploiement de soldats en Ukraine, une fois un cessez-le-feu conclu, pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression.

Mais plusieurs alliés restent hésitants, dans l’attente d’un signal clair de Washington, que nombre de pays européens jugent indispensable avant tout engagement de leur part.

«Jusqu’à un cessez-le-feu, il n’y aura certainement pas de déploiement de troupes en Ukraine, et même après, j’ai des réserves considérables à ce sujet concernant l’Allemagne», a affirmé le chancelier Merz sur la chaîne Sat1.

La Russie, de son côté, a répété jeudi qu’elle n’accepterait aucune «intervention étrangère, quelle qu’en soit la forme». La porte-parole de sa diplomatie, Maria Zakharova, a qualifié les protections demandées par Kiev de «garanties de danger pour le continent européen».

«À l’offensive»

Donald Trump avait promis, lors d’une réunion avec six dirigeants européens le 18 août à Washington, que les États-Unis apporteraient des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles.

Ce «filet de sécurité» américain, ou backstop en anglais, pourrait prendre plusieurs formes — renseignement, soutien logistique, communications — le président américain ayant exclu tout envoi de troupes au sol.

Il a affirmé mercredi qu’«il se passerait quelque chose» si Vladimir Poutine ne répondait pas à ses attentes, deux semaines après leur rencontre en Alaska, qui n’a débouché sur aucun progrès substantiel vers une issue à la guerre en Ukraine.

En attendant, Vladimir Poutine multiplie les démonstrations de puissance sur la scène internationale: mercredi, il s’affichait à Pékin aux côtés du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, après avoir rencontré Donald Trump à Anchorage le 15 août.

Depuis la Chine, il a averti que Moscou atteindrait ses objectifs en Ukraine par la voie militaire si les négociations échouaient, assurant que ses troupes demeuraient «à l’offensive» sur l’ensemble du front.

Au même moment, la Russie lançait une vaste attaque de plus de 500 drones et missiles contre l’Ukraine, tuant au moins neuf personnes et privant des milliers de foyers d’électricité.

«Malheureusement, nous n’avons pas encore vu de signes de la part de la Russie indiquant qu’elle souhaite mettre fin à la guerre», a déploré Volodymyr Zelensky à Paris, tout en se disant convaincu que l’Europe et les États-Unis aideraient Kiev à «accroître la pression sur la Russie pour avancer vers une solution diplomatique».

Par Le360 (avec AFP)
Le 04/09/2025 à 07h05