La situation à Marioupol, assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe et largement détruite, est dramatique.
Selon le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaylo Podolyak, «des dizaines de milliers» de personnes y ont péri et «90% des maisons» ont été détruites, a-t-il écrit sur Twitter, ajoutant que «les soldats ukrainiens sont encerclés et bloqués».
Le maire-adjoint de la ville Sergueï Orlov a déclaré à la BBC que «les combats pour Marioupol continuent». «Les Russes ont temporairement occupé une partie de la ville. Les soldats ukrainiens continuent de défendre le centre et le sud de la ville, ainsi que les zones industrielles», a-t-il précisé.
«La défense de Marioupol continue», a renchéri l'armée de terre ukrainienne sur Telegram, assurant lundi que «la connexion avec les unités des forces de défense qui tiennent héroïquement la ville est stable et maintenue».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également réclamé hier soir, lundi, dans une allocution vidéo davantage d'armes auprès de ses alliés, notamment pour renforcer la défense de la ville.
«Nous ne recevons pas autant que ce dont nous avons besoin pour mettre fin à cette guerre plus rapidement. Pour détruire complètement l'ennemi sur notre territoire... en particulier, pour débloquer» le siège de Marioupol, a-t-il déclaré.
Les Russes assiègent depuis des semaines cette ville stratégique, dont la prise leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière le long de la mer d'Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.
«Substance toxique»Le Royaume-Uni a par ailleurs annoncé qu'il tentait de vérifier des informations sur l'éventuelle utilisation d'armes chimiques par les forces russes à Marioupol, après que le régiment ukrainien Azov a affirmé qu'un drone russe y avait largué une «substance toxique» sur des soldats et civils.
«Des informations indiquent que les forces russes pourraient avoir utilisé des agents chimiques lors d'une attaque contre la population de Marioupol. Nous travaillons de toute urgence avec nos partenaires pour vérifier les renseignements», a déclaré hier soir la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss sur Twitter.
Petro Andriouchtchenko, un conseiller du maire de Marioupol, a souligné sur Telegram que «les informations sur l'attaque chimique ne sont pas actuellement confirmées».
Tout comme le porte-parole du Pentagone, John Kirby, qui a déclaré lundi soir que Washington avait connaissance d'informations faisant état d'une attaque chimique dans cette ville, mais ne pouvait les confirmer.
«Moment crucial»Alors que Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire, Kiev a annoncé s'attendre, à brève échéance, à une importante offensive dans cette région, frontalière de la Russie, et dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses.
«Il est probable qu'à l'avenir, l'ennemi tentera de prendre le contrôle de Marioupol, de s'emparer de Popasna (située entre Donetsk et Lougansk, Ndlr) et de lancer une offensive en direction de Kurakhove (à l'ouest de Donetsk) afin d'atteindre les frontières administratives de la région de Donetsk», a affirmé ce mardi matin l'état-major de l'armée ukrainienne sur Facebook.
«Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'est. L'attaque aura lieu très prochainement», avait averti auparavant le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.
A Washington, un haut responsable du Pentagone a confirmé que les forces russes se renforcent autour du Donbass, et notamment près de la ville stratégique d'Izioum.
Des analystes estiment que Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis.
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«La bataille pour les régions de Donetsk et Lougansk est un moment crucial de la guerre», a déclaré sur Telegram le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky, Andriï Yermak.
«Pour l'Ukraine, c'est l'occasion de priver la Russie de la possibilité de poursuivre son agression en défaisant son armée». «Pour l'Occident, il s'agit également d'une bataille fondamentale, car notre victoire dépend de la rapidité de la prise de décision en matière d'armement», a-t-il ajouté.
«La bataille pour le Donbass durera plusieurs jours, et pendant ces jours nos villes pourraient être complètement détruites», a prédit pour sa part sur Facebook Serguiï Gaïdaï, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, dans le Donbass, en appelant de nouveau les civils à quitter la région. Selon lui, «le scénario de Marioupol peut se répéter dans la région de Lougansk».
Toujours dans l'Est du pays, huit personnes ont été tuées dans un bombardement à Kharkiv, la deuxième ville du pays, a indiqué le gouverneur de la région Oleg Synegoubov.
Sanctions à l'étudeDes responsables de l'ONU ont réclamé hier, lundi, des enquêtes sur les violences faites aux femmes en Ukraine et de protéger des enfants déplacés par millions en raison du conflit, lors d'une réunion du Conseil de sécurité initiée par les Etats-Unis et l'Albanie.
«Nous entendons de plus en plus parler de viols et de violences sexuelles», a déclaré Sima Bahous, directrice de l'agence onusienne ONU Femmes. «Ces allégations doivent faire l'objet d'une enquête indépendante pour garantir justice et mise en responsabilité», a-t-elle réclamé.
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Plus de 4,5 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine le 24 février, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
Sur le plan diplomatique, le chancelier autrichien Karl Nehammer, premier responsable européen à se rendre à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine, a rencontré lundi Vladimir Poutine et s'est dit «pessimiste» face à sa «logique de guerre».
«Il ne faut pas se faire d'illusions. Le président Poutine est entré massivement dans une logique de guerre et il agit en conséquence» dans l'espoir d'enregistrer «un succès militaire» rapide, a-t-il ajouté.
A Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont commencé lundi à étudier un sixième paquet de sanctions contre Moscou, qui ne touchera toutefois pas les achats de pétrole et de gaz.
Volodymyr Zelensky ne cesse de demander à tous ses interlocuteurs européens «l'adoption de sanctions puissantes». Il réclame un arrêt des achats de pétrole et de gaz et la fourniture d'armes lourdes pour résister à l'offensive annoncée dans la région du Donbass (est).