Ukraine: sommet européen avec Zelensky face au désengagement américain

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un discours télévisé le 4 mars 2025, à Kiev

Les dirigeants des vingt-sept pays de l’UE et le président Volodymyr Zelensky se retrouvent ce jeudi à Bruxelles pour un sommet extraordinaire sur l’Ukraine. Objectif: discuter du renforcement de la défense européenne et des aides militaires à l’Ukraine, sur fond de désengagement américain.

Le 06/03/2025 à 08h01

Les dirigeants des vingt-sept pays de l’UE et Volodymyr Zelensky se retrouvent ce jeudi 6 mars à Bruxelles pour un sommet extraordinaire sur l’Ukraine, destiné à muscler la défense européenne après l’altercation spectaculaire entre Donald Trump et le président ukrainien.

Face à la menace russe et à celle du désengagement américain, les lignent bougent: dans un virage longtemps inimaginable, l’Allemagne envisage désormais des investissements massifs pour renforcer son armée. Jusqu’ici apôtre d’une stricte orthodoxie budgétaire, elle vient même -à la stupéfaction de nombreux diplomates européens- de plaider pour une réforme du «corset budgétaire» de l’UE.

Le futur chancelier Friedrich Merz, vers lequel tous les regards sont tournés, est attendu à Bruxelles pour une rencontre avec le président du Conseil européen, Antonio Costa, quelques heures avant le début du sommet en milieu de journée.

Dans un contexte géopolitique totalement chamboulé par les prises de position du président américain, la Commission européenne a dévoilé un plan pour «réarmer l’Europe» visant à mobiliser quelque 800 milliards d’euros. Parmi les pistes évoquées, la possibilité pour les États membres d’accroître sensiblement leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit.

«L’Europe fait face à un danger clair et immédiat d’une ampleur qu’aucun d’entre nous n’a connue dans sa vie d’adulte», a affirmé Mme von der Leyen, dans une lettre adressée aux dirigeants des 27. Lors d’une allocution télévisée à la tonalité sombre mercredi soir, le président français Emmanuel Macron a de son côté dit vouloir «ouvrir le débat stratégique» sur la protection de l’Europe par le parapluie nucléaire français.

Washington gèle son aide militaire

Washington, qui s’est ouvertement rapproché du Kremlin depuis une conversation téléphonique entre le président Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, le 12 février, a gelé lundi son aide militaire à l’Ukraine.

Ce gel, qui compromet à terme la capacité de Kiev à se défendre face à l’agression russe, concerne aussi le partage de renseignement, a fait savoir mercredi le chef de la CIA John Ratcliffe, un élément pourtant essentiel aux soldats ukrainiens sur le champ de bataille.

Du côté européen, quelque 30 milliards d’euros seront disponibles pour l’Ukraine en 2025, et plusieurs pays de l’UE ne voient pas la nécessité, dans l’immédiat, d’augmenter ce montant.

L’Ukraine, qui a multiplié les gestes d’apaisement après la rencontre houleuse dans le Bureau ovale vendredi, où M. Trump avait menacé de «laisser tomber» l’Ukraine, a indiqué mercredi travailler à de nouveaux pourparlers avec les États-Unis.

Le chef de l’État ukrainien demande de solides garanties de sécurité à ses alliés occidentaux dans le cadre de potentiels pourparlers afin de s’assurer que l’armée russe n’envahisse pas à nouveau son pays après une hypothétique cessation des hostilités. «Nous voulons tous un avenir sûr pour notre peuple. Pas un cessez-le-feu provisoire mais la fin de la guerre une fois pour toutes.», a-t-il écrit mercredi sur les réseaux sociaux.

Mardi, le président ukrainien avait proposé une trêve avec la Russie dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une «paix durable» sous «le leadership» de Donald Trump. Il s’est aussi dit disposé à signer un accord-cadre sur l’exploitation des ressources naturelles en Ukraine avec les États-Unis, ce que le président américain réclame.

Menace d’Orban

Pour Emmanuel Macron, Moscou a «déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial», et, dans ce contexte, «rester spectateur serait une folie». Mais la façon doit l’Europe doit se mettre en ordre de marche ne fait pas l’unanimité: le dirigeant hongrois Viktor Orban, ardent soutien de Donald Trump, a mis en garde contre l’adoption de conclusions écrites sur l’Ukraine à l’issue du sommet, faisant courir le risque de voir les divisions éclater au grand jour.

«Sur l’Ukraine, l’objectif c’est de trouver un accord des 27, ou presque», résume d’une formule un diplomate européen. «Nous saurons avancer en tout état de cause. Ce qui est important, c’est que l’Ukraine soit soutenue».

Par Le360 (avec AFP)
Le 06/03/2025 à 08h01

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