Dans le même temps, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que son pays allait «dans les prochains mois» livrer à la Biélorussie, d'où des frappes ont été effectuées contre le territoire ukrainien, des missiles capables de transporter des charges nucléaires.
Il s'agit d'Iskander-M, a précisé le chef de l'Etat russe au début d'un entretien avec son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko à Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie).
Dans des déclarations qui risquent de tendre davantage encore les rapports entre Moscou et les Occidentaux, les deux dirigeants ont aussi dit vouloir moderniser l'aviation de la Biélorussie pour la rendre capable de transporter des armes nucléaires.
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Kiev avait peu avant accusé la Russie de vouloir «attirer» Minsk «dans la guerre» après le tir, selon l'armée ukrainienne, de vingt missiles depuis le sol biélorusse ainsi que d'avions, sur un important centre militaire ukrainien à Desna (nord) samedi à l'aube.
Ce village de la région frontalière de Tcherniguiv avait déjà été la cible le 17 mai de bombardements ayant fait 87 morts d'après les Ukrainiens.
Des attaques ont été menées depuis la Biélorussie au tout début de l'invasion de l'Ukraine déclenchée le 24 février.
Le président américain Joe Biden est arrivé hier soir en Europe, où il entend encore consolider, et sur la durée, les rangs des Occidentaux face à Moscou.
Il doit participer ce dimanche à un sommet du G7 dans le sud de l'Allemagne, où l'aide à l'Ukraine sera évoquée, puis, à compter de ce mardi à Madrid, à un autre de l'Otan.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé samedi les dirigeants du G7 à ne pas «abandonner l’Ukraine», mettant en garde contre toute «fatigue» dans le soutien à Kiev et annonçant une aide économique supplémentaire pouvant atteindre 525 millions de dollars, pour porter le total à 1,8 milliard.
Cinq mois«Tout signe de fatigue ou d'affaiblissement dans le soutien occidental à l'Ukraine jouera directement en faveur du président Poutine», a insisté Downing Street.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué samedi soir qu'il comptait participer au sommet du G7, relevant l'entrée du conflit dans le cinquième mois.
«C'est une telle étape dans la guerre -moralement difficile, émotionnellement difficile. (...) Ce n'est pas simplement la destruction de nos infrastructures, c'est aussi la pression cynique, calculée sur les émotions de la population», a-t-il déploré. Mais «aucun missile ni bombardement russe ne brisera l'esprit des Ukrainiens».
Il a plaidé une nouvelle fois pour une assistance occidentale accrue en armements et en systèmes anti-aériens, jugeant les sanctions «insuffisantes».
L'armée de l'air ukrainienne a rapporté samedi une «attaque russe massive (...) avec plus de 50 missiles de plusieurs types tirés des airs, de la mer et du sol» la nuit précédente, soulignant que les X-22, Onyx et Iskander étaient «extrêmement difficiles» à intercepter par les dispositifs ukrainiens. Dans l'est de l'Ukraine, l'armée russe a engrangé samedi des avancées majeures.
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Severodonetsk est «entièrement occupée par les Russes», a ainsi reconnu en fin d'après-midi son maire Oleksandre Striouk, au lendemain de l'annonce par l'armée ukrainienne de son retrait de cette cité d'environ 100.000 habitants avant la guerre pour mieux défendre la localité de Lyssytchansk, située sur la rive opposée de la rivière Donets.
Le gouverneur de la région de Lougansk Serguiï Gaïdaï a confirmé samedi soir l'occupation de Severodonetsk, soulignant que la ville était «détruite à 90%. Il sera très difficile d'y survivre». Selon lui, les Russes ont nommé un «commandant» pour cette cité dont il n'est possible de s'échapper «qu'à travers des territoires occupés».
Les séparatistes ont parallèlement déclaré avoir «pris le contrôle total de la zone industrielle de l'usine Azot» à Severodonetsk et être entrés avec les militaires russes à Lyssytchansk.
«Des combats de rue s'y déroulent actuellement», ont-ils ajouté, sans qu'une confirmation de source indépendante ne puisse être obtenue dans l'immédiat.
Une progression sur le terrain cruciale pour la Russie, qui veut conquérir l'intégralité du bassin industriel du Donbass, déjà partiellement aux mains des séparatistes prorusses depuis 2014.
Vivre «plus longtemps»«Tout le monde souffre. On essaie de survivre», confie Nina, 64 ans, retraitée qui pousse sa bicyclette à Seversk, près de la ligne de front. «Il n'y a pas d'eau (courante), pas de gaz, pas d'électricité. On vit sous les bombes depuis trois mois, c'est l'âge de pierre».
«La ville est carrément morte et nous voudrions vivre un peu plus longtemps», se plaint Marina, 63 ans, ouvrière à la retraite. «Ils sont juste en train de nous tuer, c'est dangereux partout».
L'armée russe a indiqué avoir tué «jusqu'à 80 mercenaires polonais» dans un bombardement, détruisant aussi vingt véhicules blindés et huit lance-roquettes multiples Grad dans des tirs d'armes de haute précision sur l'usine de zinc Megatex à Konstantinovka, dans la région orientale de Donetsk.
Cette information n'était pas non plus vérifiable. Moscou assure fréquemment «éliminer des mercenaires» étrangers partis combattre en Ukraine.
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Dans le Sud, le ministère russe de la Défense a déclaré samedi que «plus de 300 militaires ukrainiens et mercenaires étrangers et 35 unités d'armes lourdes» avaient été «liquidés en une journée dans la région de Mykolaïv».
Le commandement opérationnel de la région sud a indiqué dans la nuit de samedi à dimanche que les Russes poursuivaient leurs «actions défensives», augmentant l'intensité des frappes mais «sans viser de nouvelles cibles».
A Kharkiv (nord-est), deuxième plus grande métropole d'Ukraine, qui résiste à la pression des troupes russes depuis le début de l'offensive, les missiles s'abattent à nouveau quotidiennement sur le centre-ville.