A mesure que les révélations devenaient de plus en plus embarrassantes pour lui ces dernières heures, Donald Jr., 39 ans, n'a pas hésité à réagir avec sarcasme et mépris, là où d'autres se seraient prudemment rangés derrière des déclarations aux termes soigneusement choisis par leurs avocats.
Que lui reproche-t-on précisément à lui qui, contrairement à sa soeur Ivanka, n'a pas suivi son père à Washington mais gère à New York avec son jeune frère Eric l'empire immobilier de la Trump Organization?
Il a accepté, en pleine campagne présidentielle, de rencontrer le 9 juin 2016 l'avocate russe Natalia Veselnitskaya. Très impliqué dans la campagne de son père, il a revu plusieurs fois depuis dimanche sa version de cette entrevue à la Trump Tower.
Il affirmait encore lundi ne pas savoir qui était cette avocate et avoir accepté de la rencontrer car "une connaissance" lui avait dit qu'elle pourrait avoir des informations compromettantes sur la candidate démocrate Hillary Clinton.
"Evidemment, je suis la première personne d'une équipe de campagne à avoir jamais participé à une réunion pour écouter des infos concernant un opposant", a-t-il ironisé lundi, avant de retweeter un article intitulé "l'exposé du New York Times est à bailler aux corneilles".
Le New York Times a affirmé ensuite qu'il avait reçu un mail le prévenant que l'avocate tenait ses informations du Kremlin, ce qui n'a toujours pas semblé le désarçonner.
"Les médias et les Démocrates sont à fond dans cette histoire russe. Si cette rencontre idiote est tout ce qu'ils ont trouvé après un an, je comprends leur désespoir!"
Mardi, face à la pression, il a fini par tweeter lui-même ses échanges d'emails concernant cette rencontre. Il y répond "J'adore" lorsque son ami et entremetteur Rob Goldstone lui explique que l'avocate a potentiellement des informations embarrassantes pour Mme Clinton venant du gouvernement russe.
"Mon père ne savait rien"Cet amateur de chasse, qui a assisté son père dans de multiples projets, depuis l'émission télévisée "The Apprentice" jusqu'à l'organisation d'un concours de beauté à Moscou en 2013, compte désormais sur son avocat, le New-Yorkais Alan Futerfas, pour l'aider face aux enquêtes du Congrès et du FBI sur l'ingérence de Moscou dans l'élection présidentielle américaine, qui devraient s'intéresser désormais de près à ses agissements.
Ce père de cinq enfants, marié lui aussi à une ex-mannequin, risque également de devenir la cible des humoristes vedettes de la télévision américaine, comme ce fut le cas dès lundi soir dans les émissions de Stephen Colbert ou Trevor Noah, deux animateurs résolument anti-Trump.
Pourtant, pour les partisans du président américain comme Ronald Kessler, un ancien journaliste du Washington Post, aujourd'hui proche des Trump, cette affaire montre surtout que Donald Trump Jr. était encore novice en politique à l'époque.
"Donner son accord pour cette rencontre alors qu'il ne savait même pas qui était cette femme n'était évidemment pas une bonne idée, c'était de l'amateurisme mais cela n'en fait pas un crime", a estimé M. Kessler. Quant au style abrasif de Donald Trump Jr., "ceux qui pensent que toutes ces histoires sont des absurdités l'admirent pour cela", a-t-il ajouté.
Car ce n'est pas la première fois que Donald Trump Jr. démontre son goût du rentre-dedans. Comme il le confiait en mars au New York Times, "je ne suis pas quelqu'un qui prend des pincettes (...) je dis les choses comme elles sont."
Pendant la campagne présidentielle, il avait impressionné par son discours musclé lors de la convention républicaine de Cleveland en juillet 2016, mais aussi provoqué un tollé après un tweet comparant des bonbons empoisonnés à l'accueil des réfugiés syriens: "Si j'avais un bol de Skittles et je vous disais que trois d'entre eux allaient vous tuer, est-ce que vous en prendriez? C'est notre problème de réfugiés syriens", écrivait-il alors.
Début juin, lors de l'audition au Congrès de l'ancien directeur du FBI James Comey, potentiellement très sensible pour son père, Donald Jr. était monté au créneau avec de nombreux tweets, fustigeant les médias et soulignant tout ce qui pouvait exonérer son géniteur.
Une chose semble sûre: quelle que soit l'évolution de cette nouvelle tempête, la famille Trump va se serrer les coudes. "Mon père ne savait rien" de cette rencontre, s'est empressé de souligner Donald Jr. dès les premières révélations. Et son père l'a défendu mardi dans un communiqué: "Mon fils est une personne de grande qualité et j'applaudis sa transparence".