Si un concours devait se tenir en Algérie pour choisir le «dirigeant le plus servile» au président Abdelaziz Bouteflika, il aurait été impossible de départager les candidats tellement ils sont nombreux et leur zèle infini. Le dernier en date est le SG du FLN, Djamel Ould Abbès qui a déclaré le plus sérieusement du monde, samedi 20 mai, à Alger: «Si mon parti a gagné aux dernières élections, c’est grâce à la bénédiction (la Baraka) de Bouteflika et à sa photo qui était tout le temps devant les écrans»!
Heureusement qu’il se trouve, dans cette vaste cour de flagorneurs qu’est devenue la scène algérienne, encore des voix libres pour le lui rappeler, à l’instar de nos confrères du Matin d’Algérie. «La terre ne s’ouvre pas pour engloutir les ridicules, mais si cette terre le faisait un jour, le premier qui plongerait dans ses entrailles serait le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), M. Djamel Ould Abbès», a décoché le site d’information. Qui fait sien aussi ce célèbre dicton de Jean Dion: «Si le ridicule tuait, les rues seraient jonchées de cadavres»!
Sauf qu’en Algérie, la servilité la plus obséquieuse est devenue le plus court chemin pour accéder aux hautes fonctions. Du coup, le ridicule ou le grotesque, on passe outre.
Il n’est donc pas étonnant que l’enjeu des législatives de mai dernier se soit transformé en joute pour désigner qui célébrera en les termes les plus enflammés Bouteflika et son œuvre indépassable. Est-ce un hasard si ces thuriféraires du régime, le président du RND, Ahmed Ouyahya (également chef de cabinet de la présidence algérienne), et le Premier ministre sortant, Abdelmalek Sellal, membre dirigeant au FLN et néanmoins avocat des «Fakakirs» (entendez les pauvres!), ont donné libre cours à leur imagination pour trouver, à défaut d’idées pour sauver le pays, les qualificatifs les plus flatteurs envers le «sieur» Bouteflika poussant l’outrecuidance jusqu’à lui trouver des forces pour un cinquième mandat!
Au rythme de ce bal de flagorneries, il n’y a aucun doute que l’establishment algérien finira par transformer Bouteflika en pharaon. Il est d’ailleurs déjà déifié, et momifié. Tout cela aurait pu paraître amusant, très comique, si ce n'était l'état très inquiétant du dénouement de ce spectacle... qui se terminera, malheureusement, en tragédie.