Est-ce le charme qui se retourne contre le charmeur? Alors qu'Alger lâche sa meute médiatique pour narguer le Maroc sur les événements du Rif, dénonçant à hue et à dia la "répression" de manifestations "pacifiques", voilà que le régime voisin est rattrapé par ses mensonges et se livre sans autre forme de procès à une répression féroce des militants du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) dont le "délit", semble-t-il, est d'avoir simplement voulu commémorer hier mercredi après-midi le Printemps noir de 2001.
"Un rassemblement du MAK violemment réprimé par la police à Azazga, à 35 km à l'est de Tizi ouzou", rapporte le site d'information "Tout sur l'Algérie". "Près d’une centaine de manifestants ont été interpellés et plusieurs blessés ont été enregistrés", rapporte notre confrère, faisant état d'usage par les forces de répression algériennes de "bombes lacrymogènes" et de recours à la bastonnade et aux coups de crosse pour disperser les manifestants pacifiques.
Même son de cloche relevé chez notre confrère "Le Matin d'Algérie" qui se fait l'écho d'une "intervention violente" de la police contre un autre rassemblement organisé mercredi matin pour célébrer l'assassinat d'un jeune par des gendarmes pendant la répression du Pritnemps noir en 2001. "Le rassemblement a vite tourné en scène de répression quand les policiers ont chargé les manifestants", déplore le site algérien.
"Des arrestations musclées, des coups de matraques... des dizaines de militants de ce mouvement indépendantiste ont été passés à tabac par la police intervenue avec violence. De nombreux jeunes protestataires ont été évacués d'urgence à l'hôpital de cette ville située à une trentaine de km à l'est de Tizi-Ouzou", constate Le Matin d'Algérie. "Sur les images d'une vidéo, on voit Rachida Ider, présidente de la Coordination ouest du mouvement, violemment traînée par terre par des policiers qui se sont acharnés sur elle en la rouant de coups", rapporte-t-il encore.
La même source s'étonne du silence de la classe politique, des ONG et autres preux chevaliers du droit-de-l'hommisme. "Jusqu'à l'heure actuelle, il est tout de même curieux que la répression que subissent les militants de ce mouvement ne suscite aucun mouvement de soutien de la classe politique, des ONG de droits de l'Homme ou des professionnels de la réprobation de la violence policière ailleurs".
Vous avez bien lu: "les professionnels de la réprobation de la violence policière ailleurs". Allusion est faite de manière à peine voilée aux événements que connaît le Rif marocain sur lesquels ces professionnels jouent les pleureuses depuis le décès du poissonnier d'Al Hoceïma, feu Mohcine Fikri, tentant misérablement d'exploiter ces événements à des fins d'"agenda bilatéral" bassement étroit. Des événements au cours desquels il n'y a eu aucun autre décès à déplorer, contrairement aux manifestations en Kabylie ou à Ghardaïa où les morts se comptent pourtant par dizaines et les blessés par centaines. Mais ce n'est pas de cet oeil que cela est vu par un régime algérien qui continue de bafouer impunément les droits du peuple kabyle et de la minorité mozabite de Ghardaïa, pour ne pas parler du peuple chaoui chez qui toute velléité d'expression est réprimée dans le sang.