"J'étais avec trois autres personnes, deux amis et l'imam de notre mosquée qui avait lui fait trois fois le pélèrinage à la Mecque. Tous les trois sont morts. Je suis vivant, je ne sais comment. Seul Dieu peut le savoir. Nous marchions pour aller apider Satan lorsque nous avons entendu des cris venant de l'est.
Nous avons alors été pris en sandwich entre ceux qui se dirigeaient vers la stèle pour lapider Satan et ceux qui en revenaient, entre 08h00 et 09h00. Nous avons voulu nous réfugier dans un bâtiment (...), une infirmerie, mais ses portes avaient été condamnées parce que les gens voulaient y rentrer. Je me rappelle juste que je suis monté sur un cadavre pour atteindre le toit.
"La police est venue nous évacuer plusieurs heures plus tard, vers 12h00-13h00. Il faisait extrêmement chaud, entre 54 et 57°.En montant sur le toit, je me suis blessé aux bras et aux pieds. Mais aujourd'hui je vais bien même si je souffre encore de séquelles. Lorsque je suis descendu du toit, il y avait des cadavres partout. Toutes les rues en étaient jonchées.
Pour moi, les morts ont été causées par la bousculade. Mais je pense que beaucoup d'entre eux ont été asphyxiés par les gaz sortant des fosses creusées pour évacuer les eaux sales.
C'est Dieu qui sait comment je suis sorti vivant de ce drame. En revenant au Burkina, je m'étais promis que si Dieu m'en donnait les moyens, je ferais partir cette année ma femme pour le hajj pendant qu'elle est encore jeune.
Mais je lui ai donné des consignes claires: suivre les guides officiels et non les gens qui disent qu'ils y sont venus plusieurs fois.
Si je le peux, je ferai aussi partir d'autres parents, et je n'ai pas peur de repartir parce que seul Dieu seul décide de ta mort".