"Des pluies torrentielles vont s'abattre aujourd'hui et jusqu'à lundi avec des zones pluvieuses qui vont rester ancrées sur certaines régions", ont prévenu samedi matin les services météorologiques américains, anticipant de 38 à 88 cm d'accumulation par endroits d'ici mercredi. Plusieurs comtés avaient déjà reçu, samedi matin, autour de 23 cm de pluie en 24 heures.
Plus puissant ouragan à frapper les Etats-Unis depuis 2005 et pire tempête à s'abattre sur le Texas depuis 1961, Harvey a atteint la terre ferme vendredi vers 22h00 locales (03h00 GMT samedi) entre Rockport et Port Aransas, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Corpus Christi.
Harvey a accédé à la catégorie 4 --sur une échelle de 5-- au moment où il touchait terre, accompagné de vents soufflant jusqu'à 215 km/h.
L'ouragan se déplace à vitesse très faible (9km/h samedi matin) ce qui le rend d'autant plus dangereux, mais la puissance de ses vents a rapidement diminué au fil de la nuit. A 11H00 GMT, il a été rétrogradé en catégorie 1 avec des vents soufflant à 140 km/h qui s'étaient encore réduits à 12H00 GMT (130 km/h), a annoncé le Centre national des ouragans (NHC).
Harvey pourrait rendre de nombreuses zones "inhabitables pendant des mois", avait averti l'agence fédérale, s'attendant à ce qu'il "serpente au-dessus du sud-est du Texas jusqu'au milieu de la semaine prochaine".
Dix personnes ont été blessées vendredi à Rockport par la chute de toitures, de nombreux arbres ont été arrachés et des véhicules endommagés étaient visibles "partout", a raconté aux médias locaux Kevin Carruth, un responsable municipal.
La police de Corpus Christi a signalé samedi matin sur Twitter "de nombreux débris sur les routes et des lignes électriques à terre. La plupart des feux tricolores ne fonctionnent pas", demandant la "patience" des habitants pour la laisser "sécuriser les choses avant votre retour".
Le gestionnaire d'électricité du Texas ERCOT a indiqué qu'à 11H30 GMT samedi, plus de 213.000 clients étaient privés de courant sur la côte texane à cause de l'ouragan.
Le président Donald Trump a signé dès vendredi une déclaration de catastrophe naturelle. Ayant en tête le dramatique précédent de l'ouragan Katrina, qui avait fait plus de plus de 1.800 morts et détruit des quartiers entiers de La Nouvelle-Orléans en Louisiane voisine, il se tient informé de la situation et compte se rendre dans la zone sinistrée la semaine prochaine.
"Surveillance étroite de l'ouragan Harvey depuis Camp David. Nous ne laissons rien au hasard", a tweeté le milliardaire samedi matin.
Dès vendredi, la côte a été battue par des vents violents et des paquets de pluie qui ont fait de Corpus Christi --d'ordinaire une citée industrieuse de 300.000 habitants-- une ville fantôme.
Des milliers d'habitants ont préféré fuir à l'intérieur des terres, souvent à San Antonio, à quelque 200 kilomètres de là, sous l'insistance des autorités et devant la peur de se retrouver sous l'eau.
Michael Allen est de ceux-là. "Je me suis dit que je ne voulais pas être comme ces gars de La Nouvelle-Orléans. Je ne voulais pas que ça m'arrive à moi", a-t-il raconté à l'AFP devant un centre d'accueil aménagé à la hâte. Comme beaucoup d'autres, il est parti très vite. "J'ai dû tout laisser. Tout". Outre la pluie, Harvey a provoqué une montée des eaux pouvant atteindre jusqu'à 4 mètres dans certains secteurs.
"D'aussi loin que je me souvienne, je ne pense pas qu'il y ait eu quelque chose de ce genre" auparavant, a commenté pour l'AFP Brian McNoldy, chercheur sur les ouragans à l'université de Miami. "Je ne me souviens pas d'un ouragan majeur qui fait du surplace et reste coincé, c'est une combinaison qui est très inquiétante", explique-t-il.
Cet ouragan atypique ne devrait en effet pas s'enfoncer très profondément dans les terres mais ravager particulièrement la côte et menacer ses raffineries de pétrole. "Nous pouvons dire à ce stade qu'il va s'agir d'un désastre majeur", a averti dès vendredi le gouverneur du Texas, Greg Abbott.
Harvey a ravivé aux Etats-Unis le traumatisme de Katrina, qui a provoqué une catastrophe humanitaire. A l'époque, le manque de préparation et les défaillances criantes de l'état fédéral avaient eu des conséquences dramatiques. A cela s'étaient ajoutées les critiques envers le président George W. Bush, accusé par beaucoup d'indifférence envers les habitants d'une région très défavorisée et majoritairement noire.
En attendant de pouvoir évaluer plus précisément les dégâts et faire un premier bilan, Patrick Rios, le maire de Rockport avait un message pour ceux de ses administrés qui ont décidé de rester et d'affronter la tempête: "marquer au feutre indélébile leur numéro de Sécurité sociale sur leur bras", pour qu'ils puissent être identifiés en cas de décès.