Des centaines de personnes ont été évacuées jeudi 24 novembre à Haïfa, troisième ville d'Israël, fuyant les feux de végétation qui se succèdent dans le pays depuis trois jours et dont les autorités soupçonnent que beaucoup ont une motivation politique.
Les résidents de huit à dix rues de Haïfa ont été évacués en raison "d'importants incendies qui se sont déclarés dans un certain nombre de quartiers", a dit à l'AFP Micky Rosenfeld, porte-parole de la police. "Aucun blessé n'a été signalé pour le moment", a-t-il ajouté.
Des flammes de plusieurs mètres léchant la végétation alentour menaçaient des immeubles de plusieurs étages dans les quartiers périphériques de la ville mixte, juive et arabe, a constaté un photographe de l'AFP.
De petits avions tâchaient tant bien que mal de combattre les flammes depuis les airs. "Le feu est hors de contrôle et se propage de maison en maison", a rapporté sur la radio publique le chef des services de secours du quartier du Carmel.
"Nous allons de porte en porte et évacuons les personnes âgées de chez elles. Les écoles maternelles ont été évacuées. Le feu progresse de vingt à trente mètres en quelques minutes. Il y a quelques blessés légers. Nous sommes parfois obligés de sortir les habitants de chez eux par la force", a-t-il dit.
D'autres sinistres étaient en cours au milieu de la journée dans la périphérie de Jérusalem, à Nataf et Sha'ar Hagai, mais aussi à Talmon, colonie israélienne de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, a rapporté la police. Trois cents enfants ont été évacués d'une école de Talmon, a dit la police.
Le centre et le nord d'Israël sont en proie depuis trois jours d'une succession d'incendies de végétation, favorisée par la très grande sécheresse des derniers mois, et des vents forts. Aucun décès n'a été rapporté jusqu'alors.
Interrogé sur l'origine criminelle ou accidentelle des incendies, le porte-parole de la police a répondu que cette dernière enquêtait. Il a fait état de plusieurs arrestations mardi dernier, mais a précisé que les individus avaient été relâchés.
Gilad Erdan, ministre de la Sécurité publique, a dit sur la radio militaire que la moitié environ des incendies serait d'origine criminelle, commise soit par des pyromanes, soit pour des raisons liées au conflit israélo-palestinien.
Environ 1,4 million d'Arabes israéliens (17,5% de la population), descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948, vivent dans le pays. Citoyens israéliens, ils se considèrent largement comme Palestiniens et sympathisent avec leur cause.
En outre, des dizaines de milliers de Palestiniens travaillent quotidiennement en Israël, malgré la persistance de l'un des plus anciens conflits de la planète.
"Seuls ceux à qui la terre n'appartient pas sont capables d'y mettre le feu", a dit sur Twitter l'un des poids lourds du gouvernement de droite, Naftali Bennett, ministre nationaliste religieux, qui vient de déclarer, après la victoire présidentielle américaine de Donald Trump, que le moment était venu d'enterrer l'idée d'un Etat palestinien indépendant.
Israël, sous-équipé pour combattre des incendies de grande ampleur, devait recevoir dans la journée le soutien d'une dizaine d'avions envoyés de Russie, Turquie, Grèce, Italie, Croatie et Chypre.
La vague d'incendies en cours a réveillé le souvenir du sinistre le plus grave de l'histoire d'Israël, survenu fin 2010, précisément sur les hauteurs de Haïfa, sur le mont Carmel.
L'incendie avait dévasté pendant plus de trois jours plusieurs milliers d'hectares et avait fait quarante-quatre morts, pour la plupart des élèves gardiens de prison pris au piège des flammes à bord d'un autobus.