Fumio Kishida, considéré comme un modéré, a battu lors du duel final pour la présidence du Parti-libéral démocrate (PLD, droite conservatrice) un adversaire disposant pourtant d'une plus grande notoriété: Taro Kono, 58 ans, le "Monsieur vaccination" du gouvernement sortant.
L'actuel Premier ministre Yoshihide Suga, impopulaire dans l'opinion après un an à la tête d'un pays marqué comme ailleurs par la crise sanitaire, avait décidé de ne pas se présenter à ce scrutin du PLD qui domine la vie politique japonaise depuis 1955.
Fumio Kishida, qui sera désigné Premier ministre à l'issue d'un vote le 4 octobre au Parlement, où le PLD est présent en force, devra désormais mener son parti à la bataille des élections législatives devant avoir lieu d'ici novembre, pour laquelle il part favori.
"Nous devons montrer au public que le PLD est ressuscité et a besoin de son soutien" pour ces élections aux deux chambres du Parlement, a-t-il déclaré après sa victoire. "Allons à l'élection unis", a-t-il lancé.
Fumio Kishida, chef de la diplomatie japonaise de 2012 à 2017 et héritier d'une famille d'hommes politiques, avait échoué en 2020 face à Yoshihide Suga et a été le premier à déclarer sa candidature à l'élection de cette année.
Mettant en avant ses qualités d'écoute et invitant les Japonais à lui faire part de leurs demandes et de leurs idées, il a cherché à tirer parti du mécontentement de l'opinion publique à l'égard de la gestion de la crise sanitaire qui a fait chuter la cote de popularité du gouvernement Suga.
"Prouver qu'il a changé"Mais le premier tour de cette élection interne du PLD s'est révélé extrêmement serré, Fumio Kishida ne devançant Taro Kono que d'une voix, et la candidate ultra-conservatrice Sanae Takaichi, soutenue par le précédent Premier ministre Shinzo Abe, réalisant également un bon score.
Deux femmes figuraient parmi les quatre personnalités en lice au départ, fait inhabituel dans un pays qui n'a jamais eu de femme Premier ministre et qui compte peu de personnalités politiques féminines de premier plan.
Fumio Kishida a en revanche lourdement dominé le second tour, où les voix des parlementaires du PLD avaient nettement plus de poids que celles des membres de base du parti, obtenant 257 voix, contre 170 pour Taro Kono, pourtant la figure préférée du grand public, selon les sondages.
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"Clairement, la perspective d'une victoire de Taro Kono a effrayé au sein du PLD", a déclaré à l'AFP Brad Glosserman, expert de la politique japonaise et professeur à l'université Tama.
"Certains sont vraiment inquiets de certaines de ses positions à l'égard de la Chine et du fait qu'il est prêt à aller loin pour assurer son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis", a-t-il ajouté.
Fumio Kishida "doit maintenant prouver qu'il n'est plus le même" qui a perdu l'an dernier, selon Brad Glosserman. Mais "le simple fait qu'il doit prouver (qu'il a changé, Ndlr) est déjà un signe peu encourageant".
Le futur Premier ministre devra faire face à une pléthore de défis, de la conduite d'une reprise économique post-pandémique aux menaces que représentent la Corée du Nord et la Chine.