Pour montrer aux Jordaniens que cette crise sans précédent qui a ébranlé la monarchie était officiellement terminée, une partie de la famille royale s'est réunie pour rendre hommage aux aïeux ayant fondé et pérennisé le royaume qui célèbre ses 100 ans dimanche.
Le souverain hachémite, le prince Hamza, accusé d'avoir été impliqué dans un "complot" contre son pays, le prince héritier Hussein, leur oncle Hassan et d'autres membres de la famille royale se sont rendus dans le mausolée où sont enterrés les trois Rois ayant gouverné le pays depuis un siècle: Abdallah Ier, Talal et son fils le roi Hussein.
En habits civils, -à l'exception du prince héritier en uniforme militaire-, coiffés pour certains du traditionnel keffieh à damier rouge et blanc, ils ont récité la Fatiha, première sourate du Coran.
Pour le politologue jordanien Labib Kamhawi, la présence d'Abdallah II et du prince Hamza ensemble envoie "un message de la famille royale que la crise en son sein est terminée". Mais, ajoute-t-il, "il faut noter que le prince Hamza se trouvait derrière le Roi, son oncle Hassan et le prince héritier Hussein, et non sur le même rang qu'eux, ce qui signifie qu'il est désormais un simple prince comme les autres et qu'il ne se situe pas au même niveau que le Roi et son fils".
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Le prince héritier, âgé de 26 ans, a publié un message dimanche sur Instagram: "d'Abdallah Ier à Abdallah II, la Jordanie continue d'écrire l'histoire d'une grande et fière nation bâtie par ses fils et ses filles patriotiques". "Alors que débute le second centenaire, nous jurons de rester au service de notre peuple loyal et vertueux", a-t-il ajouté.
Le prince Hamza avait été nommé prince héritier en 1999, à la mort de son père le roi Hussein, avant d'être écarté de cette fonction en 2004 par Abdallah II qui lui a préféré son propre fils aîné.
Le souverain a annoncé mercredi que la crise inédite ayant éclaté une semaine à peine avant le centenaire de la monarchie était "terminée", précisant que le prince Hamza se trouvait chez lui, "sous sa protection".
Le prince Hamza, arrière-petit-fils du fondateur de la monarchie, avait annoncé le 3 avril être assigné à résidence. Il a été accusé d'être impliqué dans un "complot maléfique" contre son pays, ce dont il se défend. Une vingtaine de personnes ont été arrêtées dans cette affaire et, sous la pression de sa famille, le prince a promis de "rester fidèle" au Roi, sans toutefois retirer ses attaques contre la gestion du pays par son demi-frère.
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Répondant au chef d'état-major qui lui reprochait de critiquer "l'action du gouvernement et du prince héritier" sur les réseaux sociaux et lors de rencontres avec des Jordaniens, Hamza lui avait rétorqué que "la mauvaise gestion dans ce pays nous détruira tous et détruira l'héritage de mes pères et grands-pères. Et je n'en suis pas responsable et vous savez qui en est responsable".
Le vice-Premier ministre Aymane Safadi a accusé le prince Hamza d'avoir collaboré avec une "puissance étrangère", non identifiée, pour tenter de déstabiliser le royaume.
Cette crise est survenue quelques jours avant l'anniversaire du 11 avril 1921 quand Abdallah, devenu émir hachémite de Transjordanie par la grâce des Britanniques, a pris les rênes du pouvoir. En 1946, il proclame l'indépendance et crée le Royaume hachémite de Jordanie, devenant le roi Abdallah 1er. Les dirigeants actuels se félicitent de la longévité remarquable du royaume dans une région si turbulente.