Deux ans après son triomphe aux élections générales, remporté sur la promesse de réaliser le Brexit, Boris Johnson, 57 ans, risque à présent une grave crise d'autorité chez les Tories, voire un vote de défiance pour le remplacer à la tête de la majorité et donc du gouvernement. Et ce alors que son gouvernement affronte une flambée de coronavirus -plus de 88.000 nouveaux cas hier, jeudi, un nouveau record pour le deuxième jour consécutif- due au variant Omicron.
La législative partielle du North Shropshire, circonscription très rurale du centre de l'Angleterre acquise de longue date aux conservateurs, a ainsi été remportée par les Libéraux-démocrates. La candidate du petit parti europhile, Helen Morgan, s'est imposée avec 47% des suffrages, soit près de 6.000 voix d'avance sur son rival conservateur, selon les résultats officiels, annoncé ce vendredi au petit matin.
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Les électeurs ont exprimé «clairement» à Boris Johnson que «la fête est finie», a-t-elle lancé dans son discours après l'annonce de sa victoire. «Votre gouvernement, dirigé par des mensonges et des fanfaronnades, devra rendre des comptes», a ajouté Helen Morgan, «il peut et sera vaincu».
La nouvelle députée de 46 ans ravit ainsi aux conservateurs le siège d'Owen Paterson, en poste depuis 1997, qui a dû démissionner pour une affaire de lobbying.
Fêtes à Downing StreetAux dernières législatives de 2019, il avait obtenu 62,7% des suffrages et une confortable majorité de presque 23.000 voix.
Le taux de participation dans cette circonscription très rurale de l'Angleterre, acquise depuis des décennies aux Tories, s'est élevé jeudi à 46,3% (soit 38.093 votants selon le décompte définitif), bien loin des 62,9% atteints lors des élections générales de décembre 2029.
Boris Johnson était venu le mois dernier à la rescousse d’Owen Paterson en tentant de modifier les règles disciplinaires du Parlement, avant de reculer face au tollé jusque dans son propre camp.
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Ce scandale, qui s'inscrit dans une longue série d'affaires embarrassantes -des accusations de corruption dans son parti à celles de violations des restrictions sanitaires- ont fragilisé Boris Johnson.
Longtemps blindée, la popularité du dirigeant s'est effondrée et de récents sondages sur les intentions de vote donnaient au niveau national plusieurs points d'avance à l'opposition travailliste.
En particulier, des révélations récentes sur la tenue d'événements festifs fin 2020 à Downing Street passent très mal auprès des Britanniques alors priés de réduire à l'extrême leurs interactions sociales.
«Raz-de-marée»S'y est ajoutée jeudi la révélation par les journaux The Guardian et The Independant d'une brève apparition de Boris Johnson à un pot à Downing Street le 15 mai 2020, malgré les restrictions sanitaires.
Downing Street a évoqué une réunion «avec le ministre de la Santé de l'époque (Matt Hancock, Ndlr) et son équipe dans le jardin après une conférence de presse».
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Ces affaires tombent au plus mal pour Boris Johnson, au moment critique où le Royaume-Uni est confronté, selon ses termes, à un «raz-de-marée» de contaminations dues au variant Omicron du coronavirus dans un pays qui déplore près de 147.000 morts.
Sa crédibilité fragilisée, il a peiné mardi au Parlement à faire accepter de nouvelles restrictions anti-Covid.
Camouflet ultime, il y a affronté une fronde inédite de sa majorité: 99 députés ont voté contre l'instauration d'un pass sanitaire pour les grands événements, jugée liberticide, mesure finalement adoptée grâce aux voix de l'opposition travailliste.
A l'échelle du parti, seule l'ancienne Première ministre Theresa May avait connu pire depuis la Seconde Guerre mondiale.