Les militants du parti chiite pro-iranien, de plus en plus visibles depuis deux jours dans les rues, sont excédés par les slogans visant leur leader Hassan Nasrallah, au même titre que les autres dirigeants.
Plusieurs dizaines d'entre eux se sont rués dans l'après-midi sur des manifestants regroupés par milliers sur la place Riad el-Solh, au cœur de la capitale, a constaté l'AFP. Des incidents du même type avaient déjà eu lieu dans la nuit.
Les affrontements de vendredi ont fait plusieurs blessés légers, poussant la police anti-émeutes à se déployer pour séparer les deux camps.
Les cris de "Vive Nasrallah" ont retenti pour répondre au slogan phare de la contestation "Tous veut dire tous", en allusion à leur revendication d'un départ de l'ensemble de la classe politique accusée de corruption et jugée incapable de trouver des solutions à la crise économique.
Hassan Nasrallah doit prendre la parole dans la journée, selon son mouvement. Il avait balayé au début du mouvement toute éventuelle démission en bloc du gouvernement, réclamée par les manifestants.
Le Hezbollah est le seul parti armé dans le pays au nom de sa lutte contre Israël.
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Au lendemain d'une adresse à la nation du président Michel Aoun jugée unanimement décevante, des dizaines de nouvelles barricades ont fait leur apparition sur les routes, renforçant la paralysie du pays.
Le blocage de l'axe reliant Beyrouth au nord du pays a été maintenu. De grandes bâches de couleur y ont même été installées pour protéger les manifestants de la pluie et permettre à certains d'y passer la nuit.
"Fermé pour cause de réparation du pays", peut-on lire sur certaines pancartes, tandis que d'innombrables panneaux rappellent la revendication numéro un du mouvement de contestation inédit: le remplacement immédiat d'une classe politique quasiment inchangée depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
Issam, un cadre médical de 30 ans, est plus déterminé que jamais malgré la prolongation de la fermeture des banques, des écoles et des universités qui mettent le pays à l'arrêt.
"Nous resterons jusqu'à la chute du régime. Nous n'avons pas le choix, le peuple a faim", assure-t-il, alors que les besoins élémentaires -comme l'eau, l'électricité et l'accès universel aux soins- ne sont pas assurés dans le pays.
Dans un communiqué, l'armée a déploré "certaines pratiques abusives et illégales", appelant au "respect de la liberté de circulation".
L'ONG Amnesty International a appelé les autorités libanaises à prendre toutes les "mesures visant à respecter le droit des manifestants, y compris le blocage légitime des routes".
"Pschitt", a titré le quotidien L'Orient le Jour pour résumer l'effet produit par le discours de Michel Aoun, qui a pris la parole pour la première fois depuis le début du soulèvement, déclenché le 17 octobre par l'annonce inopinée d'une taxe sur les appels via la messagerie WhatsApp, aussitôt annulée.
L'ex-général de 84 ans a proposé de rencontrer des "représentants" des manifestants, dont le mouvement spontané n'a précisément pas de leaders ou de porte-parole.
Il a apporté son soutien au plan de réformes présenté lundi par le Premier ministre Saad Hariri, qui avait pourtant été aussitôt rejeté par la rue. Il a suggéré un prochain remaniement ministériel, la seule piste sérieuse de son discours selon la presse.
Une impasse prolongée pourrait conduire à un pourrissement ou à un dérapage du mouvement, selon les médias.
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Le journal Al-Akbar, proche du Hezbollah, a mis en garde en première page sur "le risque du chaos".
Les manifestants se disent conscients des tentatives "d'infiltration" du mouvement.
"On veut nous diviser mais ils n'y arriveront pas. Ce qui nous motive, c'est de savoir que nous sommes ensemble dans la rue, pas seulement à Beyrouth, mais aussi à Nabatiyé, à Tyr, à Tripoli et ailleurs", assure Fares Halabi, un chercheur de 27 ans.