Le Conseil présidentiel (CP) a suspendu de ses fonctions Najla Al-Mangoush, lui interdisant de surcroît de quitter le territoire pendant la durée de l'enquête, selon une porte-parole du CP.
Le Conseil présidentiel, qui comprend trois membres représentant les trois régions de Libye, a ouvert une enquête "pour des violations administratives", a déclaré Najla Weheba à la chaîne Libya Panorama.
Cette instance a été instaurée en février par un processus politique parrainé par l'ONU en même temps qu'un gouvernement intérimaire, dirigé par Abdelhamid Dheibah.
Selon le média en ligne El-Marsad, proche du général Haftar, homme fort de l'Est libyen, la cheffe de la diplomatie aurait pris des décisions de politique extérieure sans avoir consulté le CP.
Selon un décret signé par le Conseil présidentiel repris par les médias, "une commission d'enquête a été mise en place présidée par Abdallah Allafi, vice-président du CP". Elle doit remettre son rapport d'ici 14 jours au plus tard.
Aucune précision n'a été donnée sur les faits exacts qui sont reprochés à Najla Al-Mangoush. Mais selon des médias locaux, cette décision ferait suite à ses déclarations faites à la BBC il y a quelques jours, dans lesquelles elle a affirmé que Tripoli serait "prête à coopérer avec les Etats-Unis" pour l'extradition d'un suspect dans l'affaire de l'attentat de Lockerbie.
Un avion de la compagnie américaine PanAm avait explosé en décembre 1988, tuant 259 passagers et membres d'équipage, dont 190 Américains, et 11 personnes en s'écrasant sur le village écossais de Lockerbie.
Najla Al-Mangoush faisait allusion à Abou Agila Mohamad Massoud, recherché par Washington, qui aurait été l'un des principaux fabricants de bombes pour le compte de l'ex-dirigeant libyen Mouamma Kadhafi, selon la BBC.
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Emadeddine Badi, expert à la Global Initiative basée à Genève, explique que cette décision survient au moment où "les tensions sont manifestes entre les acteurs politiques, notamment au sein du Conseil présidentiel et du Gouvernement d'unité nationale (GNU), des tensions catalysées par l'échéance électorale du 24 décembre".
"La position des Etats-Unis est clé. Par conséquent, les évènements actuels consistent également à s'attirer secrètement les faveurs de l'administration Biden", notamment dans des dossiers comme l'extradition de personnes recherchées, a-t-il ajouté à l'AFP.
Les mesures prises à l'encontre de Najla Al-Mangoush, qui est originaire de Benghazi, place forte du général Haftar et l'a défendu par le passé, interviennent en outre à quelques jours de la tenue à Paris d'une conférence internationale sur la Libye.
Prévue le 12 novembre, elle doit préparer l'élection présidentielle du 24 décembre, qui devrait être suivie un mois plus tard d'élections législatives. Ces scrutins sont censés mettre fin à une décennie de chaos dans le pays après la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi.
La France a estimé ces derniers jours que la tenue des élections présidentielle et législatives était "essentielle à la stabilité et à la réconciliation politique en Libye".
Le dépôt des candidatures pour la présidentielle doit s'ouvrir ce dimanche.
Le général Khalifa Haftar est largement pressenti pour être candidat à ce scrutin même s'il est très critiqué dans l'ouest de la Libye après son offensive dévastatrice et ratée sur la capitale en 2019.
Après des années de conflits armés et de divisions régionales entre l'Est et l'Ouest, un nouveau gouvernement intérimaire a été désigné en début d'année, sous l'égide de l'ONU, pour mener la transition d'ici les élections.
Pour la communauté internationale, la priorité est la tenue de ces scrutins décisifs mais ceux-ci restent entourés d'incertitudes, du fait des fortes dissensions internes, notamment entre l'Est et l'Ouest.
La vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris doit passer cinq jours à Paris la semaine prochaine pour approfondir la réconciliation franco-américaine mais aussi participer à la conférence sur la Libye.