Les Palestiniens de la bande de Gaza sous blocus et de Cisjordanie occupée commémorent la "Nakba", la "catastrophe" qu'a représentée à leurs yeux la création de l'Etat d'Israël en 1948 et l'exode de centaines de milliers d'entre eux.
La communauté internationale a continué d'exprimer son inquiétude devant le risque d'une escalade dans une région sous tension. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir à 14H00 GMT, à l'initiative du Koweït.
A travers toute la bande de Gaza, les Palestiniens ont terminé mardi d'enterrer les leurs, tués la veille lors de violents affrontements avec l'armée israélienne le long de la frontière, coïncidant avec l'inauguration de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem, à quelques dizaines de kilomètres de là.
Tandis qu'officiels israéliens et américains célébraient en grande pompe un jour "historique" et l'alliance entre les deux pays, 59 Palestiniens, dont plusieurs mineurs, ont été tués par les tirs israéliens selon un nouveau bilan des autorités gazaouies. En outre, une fillette de huit mois a succombé aux inhalations de gaz lacrymogènes lors des heurts.
Des centaines de personnes ont suivi mardi matin les funérailles de Yazan Tubas, 23 ans. "Je suis heureux que mon fils soit (un) martyr", a dit son père Ibrahim, 50 ans, sans parvenir à contrôler ses larmes. "Il fait partie de tous ceux qui sont morts pour le bien de la Palestine et de Jérusalem", a-t-il ajouté, en assurant que son petit-fils Ibrahim prendrait la relève. "Une génération se lèvera, puis une autre...".
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Au moins 2.400 Palestiniens ont été blessés, soit par les tirs israéliens, soit par les inhalations de gaz, selon le ministère de la Santé dans l'enclave. Les Gazaouis devraient à nouveau prendre la direction de la barrière de sécurité israélienne dans l'après-midi.
Khalil al-Hayya, l'un des responsables du Hamas, le groupe islamiste qui dirige Gaza, a assuré lundi soir que le mouvement allait se poursuivre.
Le Hamas, auquel Israël a livré trois guerres depuis 2008, soutient ce mouvement tout en assurant qu'il émane de la société civile et qu'il est pacifique. Ses milliers de combattants n'ont pas pour l'instant ouvertement sorti les armes, mais Khalil al-Hayya a laissé entendre que cela pourrait changer.
L'armée israélienne s'inscrit en faux contre le caractère pacifiste et civil de la protestation, et accuse le Hamas de s'en servir pour mêler à la foule des hommes armés ou disposer des engins explosifs le long de la barrière de sécurité. L'armée israélienne, qui a mobilisé des milliers d'hommes autour de la bande de Gaza et en Cisjordanie, a dit s'attendre à de nouvelles violences. "Toute activité terroriste appellera une riposte vigoureuse", a-t-elle prévenu.
Israël redoute le scénario cauchemar de Palestiniens forçant la barrière et s'infiltrant en Israël, où ils pourraient menacer les populations civiles. Il a prévenu qu'il emploierait "tous les moyens" pour protéger la frontière, ses soldats et les civils. Dans le même temps, son armée assure ne recourir aux tirs à balles réelles qu'en dernier recours.
Des manifestations sont également prévues en Cisjordanie, distante de Gaza de quelques dizaines de kilomètres à travers le territoire israélien.
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Les événements de lundi ont de nouveau attiré à Israël de nombreuses critiques, dont des condamnations pour usage excessif de la force. La direction palestinienne a crié au "massacre". La Turquie et l'Afrique du Sud ont décidé de rappeler leur ambassadeur.
Dublin a convoqué l'ambassadeur israélien en Irlande, une première sur ces évènements pour un pays de l'Union européenne. L'UE et Londres ont appelé à la retenue, tout comme Pékin en s'adressant "surtout" à Israël. Le président français Emmanuel Macron a "condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants" palestiniens. Le Kremlin a exprimé sa "préoccupation la plus profonde".
Cependant, les Etats-Unis, allié historique d'Israël, ont bloqué lundi l'adoption d'un communiqué du Conseil de sécurité qui entendait exprimer son "indignation" "face à la mort de civils palestiniens exerçant leur droit à manifester pacifiquement".
Amnesty International est allé jusqu'à évoquer des "crimes de guerre".
La bande de Gaza est depuis le 30 mars le théâtre d'une protestation massive appelée "Grande marche du retour". Elle vise à défendre la revendication des Palestiniens à retourner sur les terres qu'ils ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d'Israël en 1948. Il s'agit aussi de dénoncer le blocus imposé depuis plus de dix ans à la bande de Gaza par Israël pour contenir le Hamas.
Le mouvement a drainé des dizaines de milliers de Palestiniens, hommes, femmes et enfants, le long de la frontière avec, pour certains, l'intention de forcer la barrière de sécurité israélienne. Tandis que la plupart des Gazaouis se tiennent à distance, des groupes résolus vont défier la mort en allant lancer des pierres et des engins incendiaires ou en faisant rouler des pneus enflammés vers les soldats.
Depuis le 30 mars, 114 Palestiniens ont été tués, la très grande majorité par les tirs israéliens. Un seul soldat israélien a été blessé. La "marche du retour" était censée culminer avec les commémorations de la "Nakba". Mais l'inauguration de l'ambassade américaine à Jérusalem a enflammé les passions.
La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par Donald Trump et le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem comble les Israéliens pour lesquels une réalité de 3.000 ans pour le peuple juif est reconnue. Mais l'initiative unilatérale du président américain ulcère les Palestiniens qui y voient la négation de leurs revendications sur Jérusalem, alors qu'ils veulent faire de la partie orientale de la ville la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.