"Nous allons gagner cette élection". Joe Biden, l'ancien vice-président de Barack Obama, s'est exprimé peu avant cinq heures du matin (GMT+1), dans une allocution très attendue à Wilmington, dans son fief du Delaware, alors qu'aucun grand média américain n'a encore désigné le vainqueur.
Le candidat démocrate à la Maison Blanche a appelé les Américains à "se rassembler" pour surmonter "la colère", alors qu'il est proche de remporter l'élection face à Donald Trump, qui a dénoncé un scrutin "volé".
"Il est temps de nous rassembler", a déclaré Joe Biden, lors de ce bref discours, toujours dans l'attente du résultat du scrutin de mardi dernier. "Nous devons surmonter la colère", a-t-il ajouté, en promettant aussi de s'attaquer dès le "premier jour" de sa présidence à la pandémie de Covid-19.
Pour l'heure, le président américain Donald Trump n'a pas encore réagi à cette allocution de celui qui est toujours son rival, mais CNN a relayé le fait que Mark Meadows, son chef de cabinet à la Maison Blanche, avait à son tour contracté le Covid-19, une information préalablement annoncée par Bloomberg.
A quelques heures de cette allocution, Donald Trump a estimé, dans un tweet, que Joe Biden ne devrait pas revendiquer la victoire de façon "illégitime". "Je pourrais moi aussi la revendiquer. Les procédures judiciaires ne font que commencer!"
Joe Biden est désormais en tête en Pennsylvanie, Etat-clé qui avec ses 20 grands électeurs pourrait lui permettre de franchir en vainqueur la ligne d'arrivée.
Il y compte plus de 15.00 voix d'avance, mais aucune chaîne américaine n'a franchi le pas de le déclarer vainqueur.
Et les propos de la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, qui a jugé "évident" que Joe Biden allait "gagner la Maison Blanche", n'ont rien changé.
S'il l'emporte dans cet Etat industriel, il deviendra le 46e président américain, quelle que soit l'issue du dépouillement ailleurs.
Dans un communiqué publié en milieu de journée, et relayé par plusieurs journalistes américains, Donald Trump a adopté un ton moins véhément que la veille, où il avait évoqué une élection "volée", tout en restant évasif sur ses intentions.
Recomptage en GéorgieAu petit matin, le dépouillement en Géorgie, qu'aucun démocrate n'a remportée depuis 1992, avait déjà basculé en faveur de Joe Biden, avec un peu plus de 1.500 voix d'avance.
Mais la marge est tellement "serrée" qu'il y aura un recomptage des votes dans cet Etat du Sud, a annoncé un haut responsable local.
Le compteur pour arriver au nombre magique de 270 grands électeurs -la majorité du collège électoral- ouvrant les portes de la Maison Blanche restait donc encore bloqué: 253 ou 264 voix pour Joe Biden, selon que les médias lui aient ou non attribué l'Arizona, et 214 pour Donald Trump.
A l'inverse de la Pennsylvanie et de la Géorgie, Donald Trump bénéficie directement, dans l'Arizona, de la prolongation du dépouillement.
Il était en train de rattraper Joe Biden, risquant de faire perdre au démocrate les 11 grands électeurs que l'agence AP et Fox News lui avaient attribués dès la nuit électorale, sur la base de résultats partiels et de modèles statistiques, une méthode habituellement sûre.
Trump plus isoléFace aux résultats égrenés, globalement plus favorables à son rival, Donald Trump a crié jeudi une nouvelle fois à la fraude, sans apporter de nouveaux éléments.
"Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l'élection", a-t-il lancé depuis la Maison-Blanche, dans une tirade truffée d'approximations et de contre-vérités sur le décompte en cours.
Son équipe de campagne a prévenu vendredi que l'élection n'était "pas finie", dénonçant "les projections erronées proclamant la victoire de Joe Biden".
Le 45e président des Etats-Unis apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un "vol" du scrutin dont il serait la victime.
"Nous n'avons entendu parler d'aucune preuve", a réagi sur ABC Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d'attiser les tensions.
Donald Trump "a tort de dire que l'élection a été truquée, corrompue et volée", a tonné le sénateur républicain Mitt Romney, critique habituel du président.
Recours judiciairesLe président a en revanche reçu le soutien de deux autres sénateurs républicains, Lindsey Graham et Ted Cruz. "Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère", a déclaré ce dernier sur Fox News.
Comme depuis mardi, Joe Biden a une nouvelle fois appelé jeudi au calme et à la patience. "Personne ne nous prendra notre démocratie. Ni aujourd'hui, ni jamais", a-t-il tweeté.
Quelques heures plus tôt, le candidat démocrate s'était dit certain, dans une intervention à la tonalité présidentielle, de sa victoire imminente.
"Je demande à tout le monde de rester calme. Le processus fonctionne, le décompte s'achève et nous saurons très bientôt", avait-il déclaré à Wilmington. "Nous n'avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé (...) nous serons déclarés vainqueurs."
Donald Trump avait déclaré dans la première nuit post-élection qu'il avait gagné le scrutin et qu'il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les motifs.
En réalité, ses avocats ont lancé de multiples actions judiciaires au niveau des Etats, avec par exemple la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin.
Les démocrates estiment les plaintes sans fondement, mais ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l'homologation des résultats.