De l'Egypte à l'Irak, en passant par le Maroc et les pays du Golfe, médias et internautes tournent en dérision la panique suscitée par l'épidémie. Le nouveau coronavirus dispose notamment de nombreux comptes satiriques sur les réseaux sociaux, l'un d'entre eux comptant plus de 60.000 abonnés Twitter.
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"Le nouveau coronavirus nie les rumeurs concernant l'existence d'un ministère de la Santé en Egypte", a tweeté un de ces comptes début mars, à un moment où Le Caire n'avait pas encore annoncé de cas d'infection dans le pays, éveillant des soupçons sur la transparence des autorités.
Sur la chaîne égyptienne de divertissement Al-Hayat, "Coronavirus" se plaint d'être "injustement traité", accuse les réseaux sociaux d'exagérer son importance, et invite la population à observer les règles élémentaires d'hygiène.
"Que dites-vous aux gens qui ont peur de vous?", demande un présentateur égyptien à un acteur grimé en virus sur l'écran géant d'un plateau TV. "Lavez-vous les mains et éternuez loin des autres", répond le personnage au visage verdâtre piqué d'aiguilles.
Cet "entretien exceptionnel", selon les mots du présentateur, a été largement relayé sur internet.
Sur Youtube, la chanson en dialecte irakien "Des masques, on n'en a pas", a elle aussi connu un large succès en dénonçant le manque de ces protections élémentaires dont le prix a par ailleurs grimpé en Irak.
Dans une autre vidéo diffusée sur internet, des Libanais et des Jordaniens, en uniformes blancs dans des hôpitaux, usent eux aussi de chants et danses traditionnels pour dédramatiser la situation.
Sarcastique ou bon enfant, l'humour utilisé dérive parfois vers des blagues jugées racistes. Un chanteur égyptien a engrangé plus de 3,5 millions de vue sur Youtube en se demandant sur fond d'électro-chaabi, un genre musical très populaire en Egypte, pourquoi les Chinois "mangent des chauves-souris et des chiens".
En Arabie saoudite, le géant pétrolier Saudi Aramco a essuyé une pluie de critiques, après la diffusion d'images montrant un travailleur migrant en homme-sandwich faisant visiblement office de distributeur de gel désinfectant ambulant pour le personnel de l'entreprise.
Au Koweït, où les autorités ont suspendu tous les vols commerciaux, des internautes ont réagi avec des mèmes internet faisant référence à des films apocalyptiques.
Chez le voisin émirati en revanche, on ne rigole pas avec l'épidémie. Le pays a mis en garde contre les plaisanteries en public ou la propagation de rumeurs sur le Covid-19, avec sanctions juridiques à la clé, selon une source au sein de la police de Dubaï, citée par le journal proche du gouvernement Al-Emarat Al-Youm.