Son cercueil, couvert de bleu-blanc-rouge, et entouré des drapeaux français et européen, sous un portrait géant de l'ancien président, a été placé à l'entrée de la cathédrale Saint-Louis des Invalides. Des représentants des cultes ont chanté une prière, aux côtés de la famille Chirac, dont sa fille Claude et son petit-fils Martin, mais sans son épouse Bernadette, affaiblie.
Les Français ont ensuite commencé à défiler devant le cercueil de l'ex-chef de l'Etat (1995-2007), qui avait quitté peu avant 13H00 en convoi son domicile rue de Tournon où il s'est éteint jeudi 26 seprembre.
Dès la matinée, plusieurs milliers de personnes avaient fait la queue sous la pluie, a constaté une journaliste de l'AFP et la file d'attente s'étendait sur des centaines de mètres.
Marin Menzin et Cyprien Lemaire, 21 et 22 ans, étudiants en histoire à Nancy, sont venus spécialement pour "le président de (leur) enfance". "Chirac représentait une certaine époque. Il aurait vu la queue aujourd'hui, il se serait jeté dans la foule pour serrer des mains", assurent-ils.
"Vous nous manquez déjà", pouvait-on lire sur une pancarte brandie.
Entre jeudi et samedi derniers, quelque 5.000 personnes ont déjà signé les registres de condoléances mis à disposition dans le vestibule de l'Elysée.
L'hommage aux Invalides est lié à "la relation forte que Jacques Chirac entretenait avec les Français" et "tous ceux qui l'ont aimé pourront venir", avait indiqué à l'AFP son gendre Frédéric Salat-Baroux.
Devenu de plus en plus populaire au fil du temps qui passait et l'éloignait du pouvoir, il est désormais considéré par les Français comme le meilleur président de la Ve République, à égalité avec Charles de Gaulle, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, qui enregistre un bond de sa cote.
Un livret d'une dizaine de pages intitulé "Jacques Chirac par ses mots", préparé par la famille, a été distribué à l'assistance, a indiqué Frédéric Salat-Baroux.
"Vous l'aimiez, le respectiez. Il a fait partie de votre jeunesse, de l'idée que vous vous faites de la France. Il était le grand frère, le père, l'ami imaginaire. Essayons de le retrouver à travers ses mots", est-il écrit en préambule.
Son discours du Vel' d'Hiv en 1995, celui de sa victoire au second tour de la présidentielle en 2002, celui du Sommet de la Terre la même année, et encore son au revoir aux Français en 2007 vont être diffusés, avec une suite de Bach en intermède.
Une journée de deuil national suivra lundi. Un service solennel présidé par Emmanuel Macron sera rendu à 12H00 en l'église Saint-Sulpice à Paris, en présence des anciens présidents François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing.
L'assistance sera à la mesure de l'afflux de messages parvenus du monde entier depuis jeudi midi: parmi la trentaine de chefs d'Etat, seront présents le président russe Vladimir Poutine, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, les présidents allemand Frank-Walter Steinmeier, italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso, le Premier ministre belge Charles Michel, ou encore les Premiers ministres libanais Saad Hariri et hongrois Viktor Orban.
Parmi les ex-dirigeants du temps de Jacques Chirac viendront l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, l'ancien Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero et l'ancien président sénégalais Abdou Diouf.
La classe politique française devrait également être largement représentée, jusqu'à la présidente du RN Marine Le Pen, elle dont le père avait fait de Jacques Chirac un "ennemi".
Selon une source proche de la famille, le clan Chirac a appris par la presse cette venue qu'il ne souhaite pas, mais qui est de droit protocolairement.
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"Il n'y a pas d'invitation officielle. Le respect de l'esprit républicain, c'est que dans la mort on n'est plus dans le conflit politique, dans la contestation politique, on est dans l'hommage", a répété dimanche Marine Le Pen sur France 3.
Un hommage particulier sera également rendu à l'ex-président le week-end des 5 et 6 octobre en Corrèze, sa terre d'élection.
Samedi à 20H00, l'Elysée a fermé ses portes après trois jours d'accueil du public, qui a signé des registres de condoléances. Plusieurs visiteurs ont confié à l'AFP leur émotion de voir partir une figure qui aura marqué leur vie d'une manière ou d'une autre, au cours de quatre décennies de vie politique.
Député, maire de Paris, plusieurs fois ministre et Premier ministre puis deux fois élu président de la République: "il nous a vus grandir", a résumé Anne, 27 ans.
Les registres seront disponibles aux Invalides dimanche. Les Français pourront rendre un dernier hommage lundi à Jacques Chirac sur le trajet du convoi funéraire jusqu'à l'église Saint-Sulpice.
L'ex-chef de l'Etat, malade depuis de longues années, s'est éteint "très paisiblement, sans souffrir". Selon le souhait de son épouse Bernadette, Jacques Chirac sera inhumé au cimetière du Montparnasse dans le caveau où repose déjà leur fille aînée Laurence, décédée en 2016.