Alors que le G20 représente près de 80% des émissions polluantes mondiales, ses chefs d'Etat et de gouvernement devront donner le ton avant de rejoindre Glasgow pour le sommet climat de l'ONU, en fixant leurs objectifs à plus ou moins long terme face au réchauffement climatique.
"Nous ne devons pas laisser à ceux qui viendront après nous une planète en proie à des conflits, dont les ressources ont été gaspillées, dont l'écosystème a été compromis par l'égoïsme de ceux qui n'ont pas su combiner l'aspiration légitime à la croissance économique et sociale avec la nécessité de protéger ce qui ne nous appartient pas", a prévenu hier soir, samedi 30 octobre 2021, le président italien Sergio Mattarella au dîner qu'il a offert aux dirigeants du G20, au palais du Quirinal.
"Les yeux de milliards de personnes, de peuples entiers, sont braqués sur nous et sur les résultats que nous pouvons obtenir", leur a-t-il dit.
Les dirigeants du G20 ont montré hier, samedi, que même sur les sujets les plus épineux, en l'occurrence la fiscalité, ils pouvaient surmonter leurs différends: ils ont approuvé une taxation minimale de 15% sur les multinationales.
Mais les discussions devaient se poursuivre jusqu'à la dernière minute pour trouver un accord sur le climat.
Ambition ou consensusObservateurs et ONG scruteront de près le communiqué final dont des versions de travail ont tourné tout le week-end à Rome et dont le contenu sera tranché dimanche au cours d'une session fermée à la presse.
Un des principaux objectifs est de tout faire pour limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, seuil qui pourrait être déjà atteint autour de 2030, selon les experts climat de l'ONU (Giec). L'enjeu des négociations portait notamment sur la date à fixer pour atteindre la neutralité carbone: 2050? 2060?
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La présidence italienne poussait pour des objectifs ambitieux mais certains membres du G20 -émergents, dépendants du charbon ou producteurs d'hydrocarbures- sont extrêmement rétifs et souhaitent voir biffer les formulations les plus contraignantes, en particulier les moyens concrets pour répondre aux ambitions affichées. S'agissant de la neutralité carbone, le consensus pourrait retenir "la moitié du siècle" comme horizon.
"Tout se décidera lors de la discussion entre les dirigeants dimanche matin et pendant le déjeuner", souligne un responsable d'ONG environnementale.
"C'est le moment à Rome de faire le maximum pour que les membres du G20 contribuent utilement à Glasgow et à cette COP26", a souligné le président français Emmanuel Macron dans le Journal du Dimanche.
"Je tiens d'ailleurs à dire que rien n'est jamais écrit avant une COP. N'oublions pas qu'à Paris, en 2015, rien n'était joué à l'avance. Dans les dernières heures, certains Etats menaçaient de faire défection. Mais il y a eu un travail diplomatique de deux ans, et la coopération entre l'Europe, les Etats-Unis, la Chine a été absolument essentielle".
Un G20 sans la ChineLes annonces sont attendues à la mesure de l'urgence: les derniers engagements de réduction des émissions des Etats de la planète mèneraient vers un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C, selon l'ONU.
Le G20 se tient sans la Chine -premier émetteur mondial de gaz à effets de serre devant les Etats-Unis- ni la Russie, Xi Jinping et Vladimir Poutine étant retenus dans leurs pays en raison de la situation sanitaire.
Ils sont intervenus samedi par visioconférence lors de la session consacrée aux finances et à la santé, et ils interviendront de nouveau ce dimanche. Mais leurs chaises vides à Rome font craindre à certains un rendez-vous manqué avec l'histoire.
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"De la pandémie au changement climatique, en passant par une taxation juste et équitable, marcher seul n'est pas une option", a lancé le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, à l'ouverture du sommet.
Le meilleur scénario, estiment les experts, serait un communiqué du G20 qui appelle à augmenter l'ambition dans les dix ans qui viennent.
"Il n'y a aucune chance de parvenir à une trajectoire compatible avec 1,5°C sans que la Chine ne fasse plus pendant cette décennie", souligne Alden Meyer, analyste chez E3G.
Le prince Charles, très sensible à la cause environnementale et qui fait partie des orateurs invités dimanche matin, devrait rappeler aux dirigeants mondiaux leur "responsabilité écrasante envers les générations encore à naître", selon ses services.
Dans une interview à la BBC début octobre, il s'était dit inquiet que les dirigeants internationaux ne "fassent que parler" à la COP26.