"Avec ses vents maximums de 295 km/h près de son centre et des rafales à 360 km/h, (Irma) constitue un phénomène extrêmement dangereux", avait déjà insisté Météo France, mardi soir, soulignant qu'il fallait remonter à 1988 et l'ouragan Gilbert pour avoir des valeurs de vents comparables.
Pour l'île franco-néerlandaise de Saint-Martin et l'île française de Saint-Barthélemy, Météo France a annoncé des "impacts majeurs", avec "une houle dont les creux dépasseront les 12 mètres" dans la nuit de mardi à mercredi et la journée de mercredi et des "déferlements d'une extrême violence sur les rivages".
De même, Météo France a annoncé une "submersion majeure des parties basses du littoral", avec les villes de Marigot et Grand Case à Saint-Martin et Gustavia à Saint-Barthélémy qui "seront particulièrement impactées". Cette submersion devrait intervenir entre 06h00 et 08h00 mercredi matin heures locales, soit entre 00h00 et 02h00 GMT.
Les autorités françaises des deux îles les ont placées mercredi matin en alerte violette cyclonique. Ce niveau d''alerte maximale impose le confinement total de la population en raison du risque cyclonique certain.
Anne Laubies, préfète déléguée des deux îles, avait déjà prévenu mardi soir que "les risques d'inondation, de houle cyclonique et de vents violents (étaient) absolus": "Leur vie est en danger s'ils ne se mettent pas à l'abri rapidement dans des endroits sécurisés".
Dans ces deux îles, ainsi qu'en Guadeloupe et à la Martinique, deux autres départements d'outre-mer français qui devraient être également affectés, les écoles seront fermées au moins jusqu'à mercredi inclus, tout comme les administrations publiques.
Et la population a déjà commencé à s'approvisionner en eau, nourriture et piles. "Ca commence à être la pénurie", a expliqué Olivier Toussaint, 41 ans, à Saint-Martin, joint au téléphone par l'AFP, en faisant part d'une inquiétude grandissante.
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a indiqué de son côté se préparer à répondre aux désastres potentiels.
"L'un de nos plus grands défis va être logistique, étant donné l'isolement de certaines îles", a souligné dans un communiqué Walter Cotte, directeur pour les Amériques.
Dans la partie néerlandaise de Saint-Martin (Sint Maarten), des militaires basés à Curaçao et Aruba sont arrivés lundi en renfort, ainsi que dans les îles voisines de Saint-Eustache et Saba, a indiqué le ministre de la défense néerlandais. Deux navires, dont l'un équipé d'un hélicoptère, ont également été envoyés sur place.
L'œil de l'ouragan devrait ensuite prendre le chemin des îles Vierges britanniques, puis mercredi soir, atteindre Porto Rico, territoire américain de 3,5 millions d'habitants, où la tempête devrait passer au nord de la ville de Fajardo et des petites îles de Culebra et Vieques, à l'extrême est.
Sheilyn Rodríguez, 33 ans, habitante de Rio Grande (nord-ouest), se souvient encore avec angoisse du passage de Hugo, qui avait fait 12 morts à Porto Rico en 1989, même si elle était très jeune à l'époque: "J'ai très peur pour mon enfant", explique-t-elle, au sujet de son fils de neuf ans.
Le directeur exécutif de l'Autorité publique de l'énergie électrique (AEE) de Porto Rico, Ricardo Ramos, s'attend à ce qu'Irma prive de courant des régions entières, parfois pendant "trois ou quatre mois".
Toujours à Porto Rico, le gouverneur Ricardo Rossello a mobilisé la garde nationale et annoncé l'ouverture d'abris capables d'héberger plus de 63.000 personnes.
La trajectoire est encore incertaine, mais plusieurs projections placent ensuite le passage d'Irma sur la République dominicaine, Haïti et Cuba. L'ouragan pourrait atteindre vers la fin de la semaine la Floride.
L'ouragan, qui se déplace à 24 km/h, est désormais plus puissant que les ouragans Luis (1995 St-Martin) ou Hugo (1989 Guadeloupe, 15 morts). Il est aussi plus puissant que Harvey, qui a récemment frappé le Texas et la Louisiane, faisant au moins 42 morts et plus de 100 milliards de dégâts matériels.
Le gouverneur de Floride, Rick Scott, a déclaré que son Etat était en situation d'"urgence".
"Nous ne connaissons pas le trajet exact d'Irma, mais des conséquences majeures sont potentiellement possibles et nous ne pouvons pas attendre pour prendre des actions de préparation" fortes, a-t-il déclaré.
Les touristes à Key West, une station balnéaire très prisée de l'archipel des Keys (sud de la Floride), ont reçu mardi un ordre d'évacuation, qui devrait être rapidement étendu aux habitants.
Les cours du jus d'orange s'envolaient mardi en Floride, plus gros producteur des Etats-Unis.
Le passage d'Irma sur les Caraïbes pourrait au total affecter des centaines de milliers d'enfants et leurs familles, selon un communiqué de l'Unicef mardi soir, et provoquer des "dégâts dévastateurs".