Grands rivaux régionaux, l'Iran et l'Arabie saoudite avaient rompu leurs relations diplomatiques depuis plus de cinq ans, creusant une ligne de fracture dans le paysage moyen-oriental.
"L'Iran est un pays voisin et tout ce que nous souhaitons c'est (d'avoir) une bonne et spéciale relation avec l'Iran", a dit le prince héritier Mohammed ben Salman, ci-dessous à la minute 24:42, dans une interview diffusée hier soir, mardi 27 avril 2021, tard dans la soirée.
"Nous ne voulons pas des difficultés pour l'Iran. Au contraire, nous voulons une croissance de l'Iran (...) et conduire la région et le monde vers la prospérité", a-t-il affirmé.
Il a ajouté que Riyad travaillait avec des partenaires régionaux et internationaux afin de trouver des solutions au "comportement négatif" de l'Iran.
Ces propos représentent un changement de ton comparé aux précédentes interviews du prince héritier, dans lesquelles il accusait Téhéran d'alimenter l'insécurité régionale.
Le prince n'a pas fait état de négociations avec Téhéran.
Organisés début avril, les pourparlers de Bagdad, facilités par le Premier ministre irakien Moustafa al-Kadhemi, sont restés secrets jusqu'à ce que le Financial Times rapporte la tenue d'une première rencontre le 9 avril.
Début avril, une délégation saoudienne emmenée par le chef du renseignement Khalid ben Ali al-Humaidan et une délégation iranienne, avec à sa tête des responsables mandatés par le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale Ali Chamkhani, se sont vus à Bagdad, a confirmé à l'AFP un responsable gouvernemental irakien.
Un diplomate occidental a lui indiqué avoir été "informé en amont de ces discussions", qui lui ont été présentées comme "visant à (...) créer de meilleures relations" entre l'Iran et l'Arabie.
Riyad a officiellement nié ces discussions dans la presse d'Etat tandis que Téhéran n'a pas commenté, se contentant de dire avoir "toujours salué" la tenue d'un dialogue avec l'Arabie saoudite.
L'initiative intervient alors que le président américain Joe Biden cherche à ressusciter l'accord nucléaire de 2015 qui avait été abandonné par Donald Trump.
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Riyad, allié des Etats-Unis, et Téhéran, ennemi de Washington, soutiennent des camps opposés dans les principaux conflits de la région, notamment au Yémen, en Syrie et en Irak. Ils s'opposent aussi au Liban et à Bahreïn.
Coincé entre l'Iran chiite à l'est et l'Arabie saoudite sunnite au sud, l'Irak cherche, lui, à se rendre indispensable comme médiateur régional, pour éviter d'être réduit à un terrain de jeu entre ces puissances.