Vidéos. Syrie: les forces kurdes combattent l’assaut de la Turquie, tollé international

Après un bombardement de l'armée turque, une colonne de fumée s'élève dans le ciel de Ras al-Ain, au nord de la Syrie, le 9 octobre 2019. 

Après un bombardement de l'armée turque, une colonne de fumée s'élève dans le ciel de Ras al-Ain, au nord de la Syrie, le 9 octobre 2019.  . DR

Le 10/10/2019 à 12h35

VidéoLes forces kurdes en Syrie luttent ce jeudi 10 octobre pour contenir un assaut de la Turquie, au lendemain du lancement de l'offensive d'Ankara dans le nord-est du pays en guerre, faisant craindre une nouvelle crise humanitaire.

L'offensive de la Turquie a provoqué un tollé international, plusieurs pays craignant une résurgence de l'EI, et une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU doit avoir lieu ce jeudi.

Accusé d'avoir trahi ses alliés kurdes qui ont joué un rôle crucial dans la défaite du groupe Etat islamique (EI), le président américain Donald Trump a tenté de justifier le feu vert qui semble avoir été donné à Ankara avec le retrait de soldats américains de zones frontalières avant le début de l'opération.

L'objectif affiché de l'offensive d'Ankara, menée avec des supplétifs syriens, est d'éloigner de la frontière la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG), considérées par Ankara comme une organisation "terroriste" pour ses liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Après avoir bombardé des secteurs frontaliers, Ankara a lancé son opération terrestre mercredi soir et ses forces ont franchi la frontière.

Le ministère de la Défense turc a affirmé que l'opération avait été "menée avec succès durant la nuit, dans les airs et au sol". Des "cibles désignées" ont été "capturées", a-t-il souligné sur Twitter, sans plus de précisons.

Mais l'offensive ne semble pas avoir véritablement progressé et les forces kurdes ont annoncé avoir bloqué deux tentatives d'incursion dans les secteurs frontaliers de Ras al-Aïn et de Tal Abyad qu'elles contrôlent.

Ce jeudi matin, les raids de l'aviation turque ont repris entre les deux villes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Des milliers de civils fuient les frappes aériennes et tirs d'artillerie, femmes et enfants juchés sur des camionnettes ou marchant le long des routes avec des sacs bourrés d'affaires.

"De violents affrontements" se déroulent dans les zones de Ras al-Aïn et Tal Abyad, d'après un responsable des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants kurdes et arabes dominée par les YPG, alliée aux Occidentaux dans la lutte contre l'EI.

Au moins 19 combattants des forces kurdes et huit civils ont été tués mercredi par les frappes aériennes et les tirs d'artillerie de l'armée turque, selon l'OSDH.

D'après les médias turcs, la Turquie envisage dans un premier temps de prendre le contrôle d'une bande de territoire à la frontière, longue de 120 kilomètres et profonde d'une trentaine de kilomètres.

Pour Ankara, l'offensive doit permettre la création d'une "zone de sécurité" où pourront notamment être installés une partie des 3,6 millions de réfugiés Syriens vivant en Turquie.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé jeudi d'ouvrir les portes de l'Europe à des millions de réfugiés en réponse aux critiques européennes contre l'offensive.

L'offensive --menée en coopération avec les combattants Syriens de l'Armée nationale syrienne (ANS), une coalition d'ex-rebelles financée et entraînée par la Turquie-- est la troisième de la Turquie en Syrie depuis 2016.

Elle ouvre un nouveau front dans un conflit qui a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés depuis 2011.

"Une offensive militaire pourrait déplacer 300.000 personnes et couper des services humanitaires vitaux", a mis en garde dans un communiqué le Comité international de Secours (IRC). 

"Beaucoup de ces gens ont déjà été déplacés à plusieurs reprises et ils ont terriblement souffert sous le règne brutal de l'EI", déplore l'ONG.

Sans aviation, il semble difficile pour les FDS de résister à l'armée turque, sur un terrain d'affrontement considéré comme géographiquement facile car dénué de relief.

"Les FDS ne peuvent pas défendre toute la frontière entre la Syrie et la Turquie", estime Nicholas Heras, analyste au centre de réflexion Center for New American Security.

"La vraie interrogation, c'est jusqu'où peut aller la progression de la Turquie avant son arrêt par des acteurs régionaux ou internationaux", ajoute-t-il.

Confronté au tollé international, le président américain a espéré que son homologue turc agirait de manière "rationnelle" et "humaine", promettant "d'anéantir" l'économie de la Turquie en cas d'offensive "injuste".

L'offensive a été condamnée par plusieurs nations occidentales, qui craignent une résurgence de l'EI et l'incertitude quant au sort des milliers de jihadistes prisonniers des FDS.

Deux jihadistes de l'EI, connus sous le nom des "Beatles" et détenus par les forces kurdes, ont d'ailleurs été placés sous le contrôle de l'armée américaine en raison de l'offensive, a annoncé ce jeudi Donald Trump dans un tweet. Selon la presse américaine, ils sont détenus en Irak.

Le 10/10/2019 à 12h35