Le premier décès confirmé par les autorités samedi est "une personne qui a été prise au piège dans l'incendie de sa maison pendant la tempête", a déclaré à la presse un haut responsable du comté d'Aransas, sur la côte texane. Il a également fait état d'au moins douze blessés légers, sans autre précision.
"Il nous faudra des années pour nous remettre de ce désastre", a estimé le responsable de l'Agence fédérale des situations d'urgence Brock Long: "Cela risque d'être un événement extrêmement long et frustrant pour le Texas".
Après avoir accosté dans cet Etat du Sud vendredi vers 22h00 (03h00 GMT) en catégorie 4 -sur une échelle de 5-, l'ouragan a été rétrogradé pour n'être plus qu'une tempête tropicale, avec des vents soufflant à 110 km/h, selon le dernier bulletin du Centre national des ouragans (NHC) samedi à 18H00 GMT.
Mais sa progression très lente, seulement 4 km/h, la rend très dangereuse car le déluge va continuer sur les mêmes régions pendant plusieurs jours.
"De inondations extrêmement graves sont en cours", a prévenu le NHC. Selon le centre des ouragans, les pluies, pouvant atteindre jusqu'à 100 cm par endroits d'ici jeudi, provoqueront des "inondations catastrophiques et potentiellement mortelles".
Le président Donald Trump, qui a signé dès vendredi une déclaration de catastrophe naturelle, a appelé samedi les équipes à "rester pleinement mobilisées" car les conséquences de Harvey vont se faire sentir lors des prochains jours, selon la Maison-Blanche.
"Nous ne laissons rien au hasard. La ville, l'Etat et le gouvernement fédéral travaillent parfaitement ensemble!", a tweeté le président Trump, après une réunion avec ses conseillers.
"On est près de la baie, on a l'habitude des vents violents, mais rien à voir avec la nuit dernière, j'étais terrifié", a raconté à l'AFP Brandon Gonzalez, propriétaire d'un magasin à Corpus Christi, ville côtière de 300.000 habitants transformée en cité fantôme après avoir été en grande partie évacuée. Son habitation a été "secouée dans tous les sens" durant la nuit.
"C'est la tempête la plus effrayante de toute ma vie", a commenté Cherylyn Boyd, qui a aussi bravé les éléments en refusant de fuir à l'intérieur des terres comme l'ont fait des milliers d'autres habitants sous l'insistance des autorités.
Routes submergées par les flots, toitures de maisons envolées, panneaux de signalisation et lignes électriques à terre, branches d'arbres jonchant le sol... Les stigmates de l'arrivée de Harvey étaient nombreux. A Port Aransas, déserté par ses habitants, des bateaux se sont échoués au milieu des rues ou contre des bâtiments.
Alors que les opérations de secours ont commencé, le gouverneur du Texas Greg Abbott a fait état de "dégâts très importants", précisant que 230.000 clients étaient toujours privés de courant, "et cela va durer plusieurs jours".
"Des entreprises et des maisons ont été complètement détruites et, à coup sûr, un grand nombre de vies vont être perturbées de manière importante", a déclaré C.J. Wax, maire de Rockport, sur la chaîne de télévision MSNBC. L'aéroport et le lycée de cette ville de 10.000 habitants ont également souffert.
"Nous avons déjà subi un coup sévère avec la tempête, mais nous en anticipons un autre avec les inondations qui vont arriver de l'intérieur des terres" où Harvey s'est ancré, a ajouté M. Wax sur CNN.
"Les mêmes endroits vont recevoir la pluie pendant les prochains jours", a en effet relevé auprès de l'AFP Brian McNoldy, chercheur sur les ouragans à l'université de Miami. "C'est assez inhabituel" qu'un ouragan fasse du sur-place, "peut-être pendant six jours".
Pour le National Weather Center, le danger est "encore bien réel" car "historiquement, l'eau est davantage une menace pour la vie que le vent": entre 1963 et 2012, le vent n'a causé que 11% des décès survenus lors d'ouragans aux Etats-Unis côté Atlantique, tandis que 82% l'ont été par l'eau (49% avec la montée de la mer, 27% par la pluie et 6% par les vagues).
Une consigne d'évacuation volontaire a été diffusée samedi dans plusieurs localités à risque d'inondation. L'évacuation d'environ 4.500 prisonniers du centre de détention de la ville de Rosharon, au sud de Houston, a notamment commencé face à la montée des eaux d'une rivière proche.
Outre la pluie, Harvey a provoqué une montée des eaux de la mer pouvant atteindre jusqu'à quatre mètres. Les garde-côtes ont secouru samedi par hélicoptère quinze personnes à bord de bateaux.
La côte texane accueille près d'un tiers des capacités de raffinerie de pétrole des Etats-Unis et le Golfe du Mexique 20% de la production américaine.
Selon un dernier pointage samedi à la mi-journée, 112 plateformes ont été évacuées, qui représentent 24,5% de la production quotidienne de brut et 26% de gaz, et de nombreuses installations à terre fermées.
Du côté des ports du Texas, les garde-côtes sont eux aussi en alerte maximale: "Nous savons que les ports de cette région sont extrêmement importants, vitaux pour l'économie du pays", a ainsi déclaré le capitaine Kevin Oditt, commandant en charge des secours pour Houston et Galveston, "et nous nous préparons à les rouvrir dès que la tempête sera passée et que les conditions météorologiques le permettront".
Harvey a ravivé aux Etats-Unis le traumatisme de Katrina, qui a provoqué en 2005 une catastrophe humanitaire avec plus de 1.800 morts et la destruction de quartiers entiers de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane voisine.
A l'époque, le manque de préparation et les défaillances criantes de l'état fédéral avaient eu des conséquences dramatiques. Le président George W. Bush avait été accusé par beaucoup d'indifférence envers les habitants d'une région très défavorisée et majoritairement noire.