Alors que cette nouvelle souche de coronavirus SARS-CoV-2 est considérée comme "hors de contrôle" par Londres, "le Premier ministre va diriger demain une réunion COBR (pour les situations de crise, Ndlr) pour discuter de la situation concernant les déplacements internationaux et en particulier les flux réguliers du fret vers et à partir du Royaume-Uni", a déclaré un porte-parole de Downing Street dimanche soir.
"D'autres réunions ont lieu ce soir et demain matin pour assurer que des plans solides sont en place", a-t-il ajouté.
Comme plusieurs autres pays européens, la France, voisin immédiat du Royaume-Uni, a décidé dimanche de suspendre pour 48 heures tous les déplacements en provenance du sol britannique, après l'apparition de cette variante du virus qui serait jusqu'à 70% plus contagieuse.
Cette décision intervient dans la foulée de mesures similaires prises par le Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, l'Allemagne ou l'Irlande, traduisant le sentiment d'inquiétude qui a gagné l'Europe.
Aussitôt, le port de Douvres (sud-est), principal port transmanche anglais, a annoncé fermer pour le trafic sortant "jusqu'à nouvel ordre".
Selon l'association des transports routiers britanniques, quelques 10.000 poids lourds y transitent chaque jour.
Perturbations importantesCette fermeture tombe particulièrement mal alors que les ports anglais connaissent actuellement un trafic massif, causant parfois des retards et des bouchons sur les routes y menant, car nombre d'entreprises stockent pour se préparer à la sortie du Royaume-Uni du marché unique européen le soir du 31 décembre.
A dix jours de l'échéance, les négociations commerciales post-Brexit entre Londres et Bruxelles n'ont toujours pas abouti et en cas d'échec, l'introduction soudaine de quotas et droits de douanes fait craindre le chaos dans les approvisionnements du pays.
"Nous nous attendons à des perturbations importantes dans la zone", a tweeté le ministre des Transports, Grant Shapps, disant travailler à des "mesures d'urgences" pour en minimiser l'impact.
La nouvelle variante du SARS-CoV-2 a poussé le gouvernement britannique à reconfiner en urgence dimanche les 16 millions d'habitants de Londres et du sud-est de l'Angleterre, contraints de faire une croix sur leurs retrouvailles de Noël.
Elle est "hors de contrôle" au Royaume-Uni, a indiqué le ministre de la Santé Matt Hancock à la télévision britannique, y entraînant une envolée des contaminations et des hospitalisations.
"Ce sera très difficile de la garder sous contrôle jusqu'à ce qu'un vaccin soit déployé", a-t-il ajouté, laissant entendre que les restrictions pourraient durer au moins "deux mois".
Le Royaume-Uni, un des pays les plus durement touchés en Europe avec plus de 67.000 morts et un record de près de 36.000 cas enregistrés dimanche, a informé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de la contagiosité accrue de cette souche.
Déjà soumis à de contraignantes restrictions, les habitants de Londres, du sud-est et d'une partie de l'est de l'Angleterre ont désormais pour consigne de rester chez eux. Les commerces non essentiels ont fermé, un coup dur en cette période habituellement faste pour leur activité.
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"Si c'est nécessaire, qu'il en soit ainsi", confie, résignée, Liz Field, une retraitée de 73 ans, à l'AFP. "On peut fêter (Noël) en janvier, février, n'importe quand".
"Négligence grave"Tout en soutenant ces restrictions, le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer a accusé Boris Johnson de "négligence grave" pour avoir agi tardivement et ignoré les signaux d'alarme "pendant des semaines". Mercredi, le dirigeant conservateur clamait encore qu'il serait "inhumain" d'annuler Noël.
De précédentes mutations du SARS-CoV-2 ont déjà été observées et signalées dans le monde.
Le conseiller scientifique du gouvernement, Patrick Vallance, avait indiqué samedi que cette nouvelle variante, baptisée VUI 202012/01, en plus de se propager rapidement, devenait aussi la forme "dominante". Elle serait apparue mi-septembre à Londres ou dans le Kent (sud-est).
Des études complémentaires sont en cours pour déterminer son degré de transmissibilité et sa résistance éventuelle aux vaccins. Rien n'indique pour le moment que la nouvelle souche engendre une forme plus sévère de la maladie.
Très critiqué depuis le début de la pandémie pour sa gestion de la crise, le gouvernement mise gros sur la vaccination pour en sortir, avec l'objectif d'administrer une première dose du vaccin Pfizer/BioNTech à 500.000 personnes d'ici la fin du week-end.