Ce sont les Emirats arabes unis qui ont payé le plus lourd tribut avec 45 morts, suivis de l'Arabie saoudite (10) puis de Bahreïn (5), dans cette attaque menée par les rebelles qui, selon une source militaire et un ministre émirati, ont tiré un missile sol-sol contre une base de la coalition à Safer dans la province de Marib, à l'est de Sanaa.
Les Emirats, l'un des principaux piliers de la coalition, ont décrété trois jours de deuil et les drapeaux ont été mis en berne après ce "Vendredi noir" qui apparaît comme le coup le plus meurtrier porté à leur armée depuis l'indépendance en 1971. Pour l'Arabie saoudite, il s'agit des premières victimes parmi ses forces en territoire yéménite depuis qu'elle a pris fin mars la tête de la coalition arabe pour mener des frappes contre les rebelles chiites soutenus par l'Iran et les empêcher de prendre le contrôle du pays.
En représailles, les avions émiratis et saoudiens ont intensifié samedi leurs raids contre les positions des rebelles Houthis et de leurs alliés -des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Ils ont attaqué le QG des forces spéciales à Sanaa et des dépôts d'armes sur deux collines surplombant la capitale contrôlée par les rebelles, provoquant des explosions, selon des témoins.
Raids les plus violents
Des colonnes de fumée se sont élevées des sites bombardés, alors que les habitants, pris de panique, se sont terrés chez eux. "Ce sont les raids les plus violents à Sanaa" depuis le début de la campagne aérienne arabe le 26 mars, selon un responsable local. Les avions ont également visé des positions à Bayhan, au sud de Marib, tuant douze rebelles, a indiqué un officier loyaliste. C'est de Bayhan qu'a été tiré le missile contre la base de la coalition, selon un responsable provincial et l'officier.
La coalition arabe est intervenue au Yémen pour soutenir le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi, poussé à l'exil en Arabie saoudite voisine par la progression des Houthis qui se sont emparés de vastes régions à la faveur d'une offensive lancée en juillet 2014. Après plus de cinq mois de raids aériens intensifs, les piliers de la coalition ont apporté un appui direct au sol aux loyalistes. Appui qui a permis depuis la mi-juillet la reconquête de cinq provinces du sud et une mobilisation militaire à Marib en vue d'une éventuelle offensive vers Sanaa et les régions du nord sous contrôle des Houthis.
Malgré les grosses pertes, les Emirats et l'Arabie saoudite se sont dits déterminés à en finir avec les rebelles. Le prince héritier d'Abou Dhabi et commandant en chef adjoint des forces armées, Mohamed Ben Zayed Al-Nahyane, a rassuré M. Hadi, venu lui présenter ses condoléances, de l'engagement des Emirats. "Nous serons avec vous jusqu'au bout", a-t-il dit, selon l'agence Wam.
Messages de condoléances du roi Mohammed VILe roi Mohammed VI a adressé des messages de condoléances et de compassion au Cheikh Khalifa Ben Zayed Al Nahyane, Président de l'Etat des Emirats arabes unis, et au Cheikh Mohamed Ben Zayed Al Nahyane, Prince Héritier d'Abou Dhabi, commandant suprême adjoint des Forces Armées de l'Etat des Emirats Arabes Unis, suite à la mort de plusieurs soldats des forces armées émiraties. Le roi a également adressé un message de condoléances et de compassion au roi Hamad Ben Issa Al Khalifa de Bahreïn, suite à la mort au Yémen de plusieurs soldats des Forces armées royales bahreïnies.
Cheikh Mohamed a en outre reçu un appel téléphonique du président américain Barack Obama qui lui a présenté ses condoléances, toujours selon Wam. Le secrétaire d'Etat John Kerry a, lui, affirmé à son homologue émirati "l'amitié historique" et le partenariat "stratégique" avec les Emirats et Bahreïn. L'ambassade de Grande-Bretagne à Abou Dhabi a baissé à mi-mât ses drapeaux en signe de deuil.
L'iran pointée du doigt
Les Emirats ont rendu un vibrant hommage à leurs 45 "martyrs", dont les corps ont été rapatriés par avion militaire. Une foule immense a participé aux funérailles organisées dans différents émirats membres de la fédération. De hauts responsables et officiers ont rendu un dernier hommage aux "enfants" du pays, dont le "courage" et la "bravoure" ont été salués sur les réseaux sociaux. Pointant un doigt accusateur vers l'Iran, principal rival chiite du royaume saoudien sunnite, le quotidien Khaleej Times a prévenu : "L'Iran ne peut échapper à sa responsabilité pour la création des Houthis".
Après l'attaque survenue le jour où le roi saoudien Salmane rencontrait M. Obama à Washington, le porte-parole des forces de la coalition, le Saoudien Ahmed Assiri, a affirmé que celles-ci poursuivraient "leurs opérations jusqu'à la réalisation de leurs objectifs : rétablir la paix et la stabilité au Yémen".
Le conflit dans ce pays pauvre de la péninsule arabique a fait près de 4.400 morts, selon l'ONU. 21 millions de personnes ont besoin d'aide ou de protection et 1,3 million de Yéménites ont été déplacés.