Depuis le début de cette semaine, les dirigeants du Polisario se relaient à un rythme effréné sur les plateaux de télévision, dans les radios et les journaux algériens. La cause de cette effervescence médiatique subite n’est autre que l’approche de la réunion du Conseil de sécurité, dont la prochaine résolution sur le Sahara est en cours de confection et de discussion pour être adoptée le 30 octobre courant.
S’attendant déjà à un nouveau camouflet onusien, dont l’avant-goût a été donné par le rapport du SG de l’ONU sur le Sahara, publié le 3 octobre courant, le tandem Algérie-Polisario agite une nouvelle fois la menace de guerre.
Ainsi, le ministre polisarien chargé de la«diplomatie», Mohamed Salem Ould Saleck, vient de s’ériger en vrai porte-voix des va-t-en-guerre du Polisario qui ont paradoxalement considéré le dernier rapport du SG de l’ONU comme un casus belli, pour la simple raison qu’il a mis à nu l’inanité de leurs thèses.
Ce ministre polisarien a clairement brandi la menace de guerre à l’occasion de deux sorties médiatiques en l’espace de quatre jours: dimanche dernier dans les colonnes du quotidien algérien Al Watan, et ce mercredi sur les ondes de la radio algérienne, «Radio chaîne 1». Au premier média, il a affirmé que le climat né du dernier rapport d’Antonio Guterres, favorable au Maroc selon lui, «risque de faire revenir la région à la case départ, c'est-à-dire la guerre». Plus grave, sur les ondes de«Radio chaîne 1», il a affirmé que le Polisario planche sur la possibilité de recourir à ce qu’il appelle le «droit d’auto-défense en concluant des pactes de défense, un droit reconnu par l’acte constitutif de l’Union africaine (UA)».
Le ministre polisarien a ainsi parlé «de la signature d’un accord militaire avec un pays voisin», qui ne peut être évidemment que l’Algérie. Tout le monde sait que le Polisario est une milice créée par l’Algérie et que sa survie dépend du voisin de l’est. Mais c’est la première fois que la collision militaire entre la milice du Polisario et l’armée algérienne est ouvertement évoquée par un responsable du Polisario, adoubé du titre de ministre des Affaires étrangères.
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Un responsable polisarien ne peut parler d’un sujet impliquant l’armée algérienne sans y être autorisé. Que signifie cette sortie de Mohamed Salem Ould Saleck qui a fait les gros titres dans les médias séparatistes? L’un de ces médias a titré: «la république sahraouie va signer des accords de défense commune contre les visées expansionnistes du Maroc»
Tout au long de ces derniers mois, l’armée algérienne a multiplié les manifestations d’hostilité à l’égard de la nation marocaine à travers sa revue, porte-voix de sa propagande, El Djeich. Quel est le niveau de validation des propos tenus par le responsable polisarien? Les hauts gradés du renseignement algérien? Le chef d’état-major de l’armée algérienne? Le président algérien Adelmadjid Tebboune? Les propos du dirigeant polisarien coïncident avec la révision de la Constitution algérienne qui va autoriser l’armée à intervenir hors de ses frontières.
Dans son compte rendu de l’interview de Mohamed Salem Ould Saleck sur «Radio chaîne 1», l’agence de presse algérienne (APS) a fait l’impasse sur les propos du responsable algérien au sujet de la «signature d’un accord militaire avec un pays voisin». Omission ou ellipse volontaire de propos lourds de sens? Quoi qu’il en soit, personne n’est dupe que les gesticulations du Polsario et les appels aux des responsables du Polisario ont pour objectif de brandir, aux yeux de la communauté internationale, la menace d’un retour aux armes dans l’espoir de faire pression sur le Conseil de sécurité.
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Pour rappel, dans cette série d’agitations et de gesticulations des responsables du Polisario à la veille de la réunion du Conseil de sécurité, l’ambassadeur du Polisario à Alger, Taleb Omar, le faux représentant du Polisario à l’ONU, Sidi Omar, l’actuel idéologue du Polisario, KhatryEddouh, ont tour à tour, entre lundi et mercredi derniers, multiplié les menaces d'un retour aux armes.
Même Brahim Ghali, le chef du Polisario, n’a pas été en reste. Le mardi 13 octobre, il déclarait que «soutenir le statu quo, c'est soutenir et encourager le retour progressif au conflit, avec tout ce que cela implique comme risques, dérives et menaces pour la paix et la stabilité dans la région.»
Les jérémiades du Polisario sont convenues et bien inscrites dans l’agenda du mois d’octobre. En revanche, les propos de Mohamed Salem Ould Saleck montrent qu’une nouvelle étape pourrait être franchie dans le dossier du Sahara qui conduirait à la bilatéralité du conflit entre Rabat et Alger. Enfin!, est-on tenté de dire, parce que le Royaume du Maroc n’a cessé de proclamer que l’Algérie est la véritable partie au conflit du Sahara.