Dans une entrevue avec la presse locale, diffusée hier, samedi 23 avril, en soirée, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a surtout reconnu la persistance de la rareté et la cherté des produits de première nécessité en Algérie, qu’il s’agisse des produits alimentaires de base ou des médicaments.
Aidé par la très (trop?) grande complaisance de deux journalistes (des quotidiens L’Expression et Al Massae) qui le questionnaient, tout en prenant le soin de lui glisser des relances «élogieuses», le président algérien a rejeté la responsabilité des pénuries qui sévissent dans son pays sur le contexte mondial, les spéculateurs et les lobbies locaux. Ce qui ne l’a pas empêché de retomber dans ses habituels travers et incohérences.
Alors qu’il y a à peine moins d’un mois, il affirmait devant le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken que l'Algérie pouvait produire 30 millions de tonnes de blé et même en exporter au Maroc, en Egypte et en Tunisie, hier, il a déclaré que son ambition se limitait à en réduire les importations algériennes pour les ramener annuellement à une fourchette se situant entre 2 et 2,5 millions de tonnes. Tebboune affirme ainsi une chose et son contraire: le 30 mars, devant le secrétaire d’Etat américain, il se vante d'exporter et de pouvoir nourrir le continent... Le 23 avril, il n'est plus question que de réduire, si possible, les grosses importations céréalières de son pays, lesquelles lui évitent la famine.
Cette façon de se contredire, dans l’intervalle d’à peine un mois, décrédibilise Tebboune et interroge sur le sérieux et les aptitudes intellectuelles des personnes qui tiennent les rênes du pouvoir en Algérie.
Sur un autre volet, et avec le récent tapage que la diplomatie algérienne a vainement tenté de faire sur le dossier d’Al Qods avec l’espoir contrarié d’embarrasser le Maroc, on s’attendait à ce que le président algérien aborde ce dossier. Il s’est contenté de dire que l’Algérie n’avait pas le moindre «problème avec aucun pays arabe». Pas même le Maroc? Selon lui, «tous les pays arabes sont nos frères, nous les soutenons et ce qui les touche, nous atteint aussi».
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Le moins que l’on puisse dire, c’est qu'il est très étonnant que Tebboune affirme que le régime algérien n’a de «problème avec aucun pays arabe», alors qu’il a unilatéralement rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc et agit chaque jour de façon hystérique contre l’intégrité du Royaume. Si Tebboune pense qu’avec ses propos lénifiants, il va s’ériger comme un chef d’Etat unificateur lors du sommet de la Ligue arabe, c’est qu’il a perdu le sens de la réalité et insulte les Etats membres de la Ligue arabe. Certes, Tebboune est tétanisé à l’idée de subir un deuxième affront consistant à reporter ou annuler le sommet prévu au mois de novembre à Alger, mais il devrait traduire par des actes ses propos sur la fraternité entre les pays arabes s’il ne veut pas subir une deuxième gifle.
Autres propos farfelus tenus par Tebboune: il a affirmé qu’un pays a essayé de retirer à l’Algérie l’organisation des prochains Jeux méditerranéens, prévus à Oran en juin 2022. Il a même pris le soin de préciser: «vous savez très bien de quel pays je parle», une allusion claire dans l’intonation de sa voix au Maroc, qui n’a pourtant jamais fait part de son ambition d’organiser ces jeux.
Si Tebboune n’a pas nommé le Maroc, il a en revanche largement commenté le tournant historique opéré par l’Espagne consistant à reconnaître le plan d’autonomie comme la seule solution sérieuse au différend du Sahara atlantique. «Nous avons de très solides liens avec l'Etat espagnol, mais le chef du gouvernement a tout cassé», a martelé Tebboune, selon lequel «le revirement de l'Espagne est inacceptable moralement et historiquement».
Tebboune a toutefois souligné que l'Algérie ne «renoncerait jamais à ses engagements d'assurer la fourniture de gaz à l'Espagne quelles que soient les circonstances». Alger a-t-elle vraiment le choix? Quand on voit aujourd’hui les capacités des deux gazoducs algériens qui acheminent le gaz algérien, respectivement vers l’Espagne et l’Italie, l’Algérie ne peut absolument pas se passer de l’argent des ventes de son gaz à l’Espagne, ni trouver une alternative.
Quant aux méthaniers que les responsables algériens citent comme une alternative aux gazoducs, personne ne croit à cette rengaine. D’autant que six navires de la compagnie nationale algérienne de navigation Cnan-Nord sont saisis dans des ports européens, à cause de leur non-conformité avec les dispositions de la navigation internationale. Le dernier navire de la flotte de la Cnan-Nord, Sedrata, a ainsi été saisi à la mi-mars par les autorités belges au port d’Anvers, pour cause de navigation avec une assurance qui a expiré depuis plusieurs jours. Dans quel autre pays au monde peut-il être envisageable de trouver des navires qui naviguent sans être assurés?! C’est bel et bien là le signe le plus patent du naufrage imminent d’un régime incapable.