C’est bien la première fois dans l’histoire qu’un ancien chef du gouvernement s’oppose à un accord social, s’est étonné Noureddine Soulaik, conseiller parlementaire et membre du secrétariat général de l’Union marocaine du travail (UMT), contacté par Le360 au lendemain de la signature de l’accord du 30 avril entre le gouvernement, les syndicats les plus représentatifs et le patronat.
Le dimanche 1er mai dernier, lors d’un meeting de l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), syndicat proche du PJD, Abdelilah Benkirane a tiré à boulets rouges sur les syndicats «à la solde du patronat» qui ont signé l’accord du 30 avril, jugé «vide et sans intérêt». Benkirane a de plus dit ne pas comprendre pourquoi ces mêmes syndicats avaient refusé par le passé des propositions encore plus intéressantes, quand son parti était aux commandes.
Les «crimes sociaux» commis par Benkirane n’ont aucune commune mesure avec l’accord du 30 avril 2022, a ajouté Noureddine Soulaik, citant comme exemple la suppression de la compensation, les mesurettes en matière de retraite, le projet de loi encadrant la grève préparée en catimini, sans aucune concertation avec les syndicats etc.
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Interrogé sur l’absence de l’UNTM dans la liste des syndicats signataires de l’accord du 30 avril, Noureddine Soulaik affirme que «cette section partisane s’intéressant à la chose syndicale» n’est pas représentative et n’a donc pas la légitimité de négocier voire de signer un accord social. «Le peuple a sanctionné le parti et a ensuite enchaîné avec sa branche s’intéressant à la chose syndicale. Benkirane a perdu toute crédibilité et n’a qu’à aller profiter de sa retraite non méritée», a-t-il lancé.
«Je n’éprouve aucune animosité à l’égard du PJD», a-t-il tenu à préciser, ajoutant qu’il avait beaucoup de respect pour la sagesse de feu Abdellah Baha, dont la mort a laissé un vide que personne n’a pu remplir.
Ce membre du secrétariat général de l’UMT a aussi tenu à saluer le sens de l’éthique dans la négociation menée par Jamaâ El Mouâtassim (ancien chef de cabinet de Benkirane à la Primature) et le rôle joué par l’ancien ministre de la Justice, Mustapha Ramid, et Aziz Akhannouch (alors ministre de l'Agriculture) pour parvenir à l’accord du 25 avril 2019.
«Malheureusement, Abdelilah Benkirane n’a pas la culture du dialogue. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si aucun accord social n’a été signé durant son mandat», a expliqué ce syndicaliste de l’UMT, tout en s’interrogeant sur les raisons qui ont poussé le SG du PJD à garder le silence suite à l’accord signé en 2019, lors du mandat de Saâd Eddine El Othmani.