Les services de Mohammed Abdennabaoui, patron du ministère public, répondent à leur tour au rapport/avis du GTDA concernant l’affaire Taoufik Bouachrine.
«Affirmer que Taoufik Bouachrine a été arrêté deux jours après la publication d’un éditorial critique envers le chef du gouvernement et le ministre de l’Agriculture est une tentative de ternir l’image de la justice marocaine à des fins inavouées», affirme une source au Parquet marocain dans un document dont copie est parvenue à Le360.
La même source ajoute que la police judiciaire a agi en toute neutralité en évaluant les éléments des crimes reprochés au journaliste sous la supervision du parquet, sachant que les éléments de cette police n’exécutent ni les directives, ni les orientations de l’Exécutif.
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«Le 12 février 2018, la BNPJ avait reçu des directives écrites du Procureur général de Casablanca pour enquêter suite à une plainte anonyme pour viol, exploitation sexuelle et chantage de la part du journaliste qui a menacé sa victime de balancer sur les réseaux sociaux des photos compromettantes si jamais elle recourait à la justice», précise la même source.
Le ministère public ajoute que, entre les 16 et le 22 du même mois, les enquêteurs ont auditionné deux autres plaignantes au sujet des mêmes accusations.
Conclusion: l’enquête avait démarré 12 jours avant la publication du fameux éditorial visant El Othmani et Akhannouch.
Et de rappeler la gravité des accusations retenues contre le prévenu, des accusations qui ne pouvaient être ignorées au motif que l'intéressé se prévaut de sa qualité de journaliste.
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Quant aux perquisitions au siège du journal, il est précisé qu’elles avaient été menées par seulement 5 officiers de la BNPJ et non 20 comme le prétendent les avocats de la défense et le GTDA.
Le Parquet pointe un autre abus de langage de la part du GTDA quand ce dernier parle d’«autorités nationales» alors que toutes les opérations ont été menées par les seuls éléments de la BNPJ et toujours sous la supervision du procureur.
Le même jour de la perquisition, Taoufik Bouachrine a été arrêté après visionnement du matériel électronique saisi dans son bureau eu égard à la gravité des faits.
Ce qui n’a pas empêché qu’il bénéficie de toutes les garanties prévues par la loi nationale que ce soit en matière de durée de la garde à vue, contact avec la famille et le droit de se faire assister par des avocats.
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Pour en revenir à la qualité de journaliste du prévenu, le ministère public rappelle les positions du syndicat marocain des journalistes (SNPM) et de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) qui, après avoir pris connaissance du dossier et rencontré Taoufik Bouachrine, avaient déclaré que les poursuites n’avaient rien à voir avec la liberté de presse.
Mieux, la FIJ a exprimé sa solidarité avec les victimes du journaliste-éditorialiste.
A rappeler que dans un rapport/avis rendu public récemment, le GTDA avait demandé la relaxe immédiate et même une indemnisation du journaliste alors que l’affaire est toujours devant la justice.
Un avis rejeté par le Maroc, comme par d’autres pays, puisque n’ayant aucun caractère contraignant et qu’il représente une grave mise en cause de la sacro-sainte indépendance de la justice.