Lors de son point de presse quotidien, organisé vendredi 5 novembre à New York, le porte-parole adjoint du SG de l’ONU, Farhan Haq, a annoncé qu’un groupe de membres de la mission onusienne chargée du contrôle du respect du cessez-le-feu au Sahara, s’est rendu sur les lieux où le régime algérien prétend que trois de ses ressortissants ont été tués par une attaque attribuée au Maroc, suite à un prétendu bombardement de leurs camions par le biais d’une «arme sophistiquée».
Le responsable de la communication au sein de l’équipe d’Antonio Guterres a apporté de nouveaux détails importants sur cet incident. Le premier élément concerne la date de son déroulement. «La Minurso s’est rendue sur les lieux. Nous avons appris que l’incident s’est produit le 2 novembre. La Minurso a pu envoyer, le 3 novembre, une première patrouille sur le lieu de l’incident présumé», a affirmé devant la presse Farhan Haq, vendredi 5 novembre, au siège de l’ONU à New York.
Sa déclaration contredit la version très officielle, émanant de la présidence algérienne elle-même, qui a affirmé dans un communiqué, datant du 3 novembre: «le 1er novembre 2021, alors que le peuple algérien célèbre dans la joie et la sérénité le 67e anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution de libération nationale, trois (03) ressortissants algériens ont été lâchement assassinés par un bombardement barbare de leurs camions, alors qu'ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla, dans un mouvement naturel d'échanges commerciaux entre les peuples de la région».
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Tous les relais médiatiques de l’appareil militaro-politique ont fait leurs choux gras de cette attaque ignoble, perpétré un 1er novembre, date qui coïncide avec une fête nationale algérienne célébrant le déclenchement de la guerre de libération en 1954. Le choix de la date célébrant «la révolution algérienne» a constitué un motif d’indignation et de galvanisation d’un sursaut populaire plus important que les faits eux-mêmes. Les officiels, les médias et les partis politiques ont axé leur intervention sur la date du 1er novembre, insidieusement retenue pour «bombarder des civils algériens». Cette date a même constitué un élément à charge qui laisse peu de doute sur les motifs «ignobles» de la partie qui a délibérément ciblé des citoyens algériens. Or, la date du 1er novembre est un mensonge d’Etat, comme l’a affirmé le porte-parole du SG de l’ONU sur la base du rapport des éléments de la Minurso qui se sont déplacés sur le lieu de l’incident.
La seconde précision de taille apportée par le porte-parole onusien est le lieu même de l’incident. «Nous pouvons maintenant confirmer que le lieu de l’incident se trouve du côté Est du Sahara occidental, près de Bir Lahlou. La Minurso a observé deux camions avec des plaques d’immatriculation algériennes stationnés l’un à côté de l’autre. Les deux camions ont subi des dommages importants et ont été calcinés», a-t-il précisé.
La confirmation du lieu de l’accident par l’ONU est sous-tendue par cette interrogation: que pouvaient bien faire des camions algériens dans une zone militaire éminemment dangereuse, alors qu’un passage sécurisé et dédié au trafic commercial existe depuis août 2018 à la frontière mauritano algérienne? Une question qui restera sans réponse, car apparemment les occupants des véhicules calcinés ont été tués. Par qui? Sans doute par la partie qui a les poussés à pénétrer dans une zone de guerre.
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Cette situation n’a pas échappé à un journaliste qui a interpellé le porte-parole de l’ONU en ces termes: «Etant donné que l’Est du mur est considéré comme une zone militarisée et au vu de l’existence d’un poste frontalier entre la Mauritanie et l’Algérie, pourquoi ces camions n’ont-ils pas utilisé le point de passage officiel au lieu de s’aventurer dans une zone d’opérations militaires?»Et Farhan Haq de répondre qu’il n’a «aucune explication quant aux motifs de leur présence dans cette zone. C’est une question que nous étudions actuellement».
Eu égard à l'itinéraire de routiers algériens via un territoire, considéré comme une zone de guerre, la responsabilité dans ce qui s’est produit le 2 novembre incombe d’abord et avant tout au régime algérien. Comment un régime qui relaie chaque jour des communiqués des milices du Polisario faisant état d’attaques ininterrompues dans cette zone peut-il autoriser des civils à y accéder? Ce samedi 6 novembre l’agence de presse algérienne (APS) consacre une dépêche au communiqué n° 358 relatif à «de nouvelles attaques» par les milices du Polisario contre les FAR. Le théâtre de ces attaques, relayées par l’agence de l’Etat algérien, est le lieu même où les camions algériens ont été incendiés.
D’autres questions restent aussi en suspens quant à la nature de la cargaison de ces camions, la société expéditrice ou les récipiendaires qui ne sont pas encore manifestés jusqu’à ce jour. Autant de questions intrigantes qui attendent les précisions de l’ONU dans les jours à venir.
Mais, pour le moment, il apparaît clairement que la communauté internationale n’est pas dupe ni sur les mensonges de la présidence algérienne relatifs à la date du 1er novembre ni sur la responsabilité de la junte dans le meurtre de citoyens algériens sur un territoire où ils ne devaient pas être.