C’est donc un non formel que la justice française a opposé, ce vendredi 25 mars 2022, au Maroc dans la désormais célèbre affaire Pegasus, opposant le Royaume à des médias et autres relais français. Le Monde, Radio France, France Médias Monde, Mediapart, L’Humanité, ainsi que l’organisation Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International ont allègrement, mais sans apporter de preuves, rapporté de fausses accusations contre le Maroc relatives à l’utilisation du logiciel espion Pegasus. C’est à ce titre que des citations directes à leur encontre ont été demandées par le Royaume.
Sur un ton on ne peut plus jubilatoire, l’agence AFP rapporte ainsi que la décision s’appuie «sur un article de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui ne permet pas à un Etat, qui ne peut pas être assimilé à un particulier au sens de ce texte, d'engager une poursuite en diffamation».
Tout a commencé par une «enquête» sortie en juillet 2021 et dans laquelle l’on apprend que onze pays, dont le Maroc, ont acquis le fameux logiciel espion Pegasus, fabriqué par la société israélienne NSO. La «révélation» avance, en particulier, que pas moins 10.000 personnes auraient été surveillées par les services de renseignements marocains. Parmi elles, le président français Emmanuel Macron… et le roi Mohammed VI. Le tout sans apporter un soupçon de preuve matérielle.
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Le Maroc a toujours moyen de faire appel et l’avocat du Royaume a d’ores et déjà confirmé cette intention. Le refus actuel est néanmoins une suite logique, le parquet ayant annoncé la couleur, le 26 janvier dernier, en requérant l’irrecevabilité des citations directes des titres précités.
On repassera sur le débat de fond et l’absence totale de preuves des accusations formulées contre le Maroc que la justice aurait pu révéler au grand jour. Le procès est manifestement plié d’avance. Bien qu'elle soit malmenée en ce moment, et concentrée entre les mains de happy few, la presse en France a carte blanche pour tirer dans tous les sens et salir un pays souverain, en l’occurrence le Maroc. Sans se donner la moindre peine d’avancer des arguments justifiant un tel lâcher.
SupercherieLe démenti immédiat et formel du Maroc n’y a rien fait. Me Olivier Baratelli, l’avocat mandaté par le Royaume pour l’affaire Pegasus, a eu beau affirmer, dès le mois d’août 2021, à la chaîne française d’information en continu CNews, qu'Amnesty International et Forbidden Stories étaient incapables de produire des preuves, dénonçant une «situation ubuesque» et une «supercherie», la justice française semble déterminée à faire avorter un procès qui aurait pu être des plus spectaculaires. Au mépris de la réputation et de l’honneur de toute une nation, mais aussi de la vérité. Si preuves il y avait de la responsabilité du Maroc, nul doute que la procédure aurait emprunté une tout autre voie.
Pour cela, et tel que Me Baratelli l’expliquait dans une interview avec le site Atlas Info, «on utilise des artifices de procédures, des moyens d’irrecevabilité pour faire un écran de fumée et éviter le débat de fond… Aujourd’hui, une enquête en France a démontré que le Maroc n’a jamais utilisé le logiciel Pegasus». Et d’expliquer que ce que les grands médias français tentent aujourd’hui d’esquiver, c’est non seulement le fond du débat, mais aussi… le risque d’une condamnation au pénal.
Journalisme-fictionAvec une telle attitude, c’est une règle aussi ancienne qu’universelle de droit qui est totalement et dangereusement écartée, celle voulant que tout le monde peut insulter tout le monde, mais que tout un chacun peut réclamer justice et réparation. Une presse, quand bien même professionnelle, libre et bienveillante, peut se tromper. Un faux tuyau, une volonté de nuire ou de manipuler, une pression quelconque… Ce sont là des pièges auxquels tous les médias du monde sont exposés. En l’espèce, le procès Pegasus aurait d’ailleurs pu en révéler la nature et servir de leçon.
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En faisant l’économie d’un tel examen et en laissant libre cours aux fausses assertions et à la calomnie, la justice française, censée chercher la vérité, ne fait qu’encourager des fossoyeurs, qui sont, qui plus est, organisés en bande, de la liberté de la presse, élément axial dans toute démocratie. Elle promeut au passage un journalisme-fiction qui préfère le culte de l’audience à la règle des faits à laquelle il doit se tenir. Donner à réfléchir sur la base du vrai est-il en voie de sacrifice sur l’autel des attaques gratuites, où plus c’est gros, mieux ça passe?
A partir de là, quel crédit accorder à ces grands titres hexagonaux aux supposées hautes valeurs éthiques, mais qui se défilent dès que leur responsabilité est engagée? La loi de 1881 sur la liberté de la presse en France n’est pas un chèque en blanc, mais un gage de sérieux et de crédibilité. En cas d’écart, les procédures en diffamation existent. Le rôle de la justice est de recadrer et «couvrir».
Verdict: c’est ce système, qui change de règles de conduite en fonction de qui est en face et qui se permet tous les débordements quand il s’agit de pays comme le Maroc, qui sort perdant. En ayant eu recours à la justice pour révéler les niveaux de responsabilité des uns et des autres dans ce qui s’assimile facilement à la volonté intéressée de nuire, le Maroc a prouvé sa bonne foi, et sa foi en la justice. En évitant de faire face, justice et presse françaises ne font que prouver l’inanité des accusations proférées contre le Royaume, l’absence de fondement de cette rafale et le raté total d’un tapis de bombes. Un vrai travail de pros. Même si tout est de savoir à qui profite, vraiment, le crime.