La lune de miel entre l’Algérie et la France semble définitivement finie, et c’est désormais au tour du voisin de l’Est de goûter à certaines pratiques que le Maroc a déjà subies, comme ce qui s’est récemment passé au niveau du Parlement européen. Ce week-end, le journal Le Monde a publié un dossier de six pages -un dossier qui sort dans un contexte pas si anodin, marqué par le rappel de l’Ambassadeur algérien à Paris- dont l’objectif est de mettre à nu le régime des généraux qui gouverne l’Algérie. Pourtant, il y a encore quelques jours, on fanfaronnait tout haut chez le voisin du réchauffement des relations avec la France. Mais tout cela a fait «pchiit» avec l’exfiltration de l’activiste Amira Bouraoui et le rôle qu’a joué la France dans cette opération.
La sortie de Le Monde sur l’Algérie n’est pas passée inaperçue au Maroc, et plusieurs quotidiens arabophones paraissant ce lundi 13 février tentent de la décrypter. C’est le cas, par exemple, d’Assabah qui voit clairement en ce dossier une manœuvre de l’Élysée face auquel la presse locale ne semble plus être aussi indépendante. Tout cela dans un contexte où «Reporters sans frontières» joue la carte du silence. En fait, c’est l’influence que semblent avoir de plus en plus Emmanuel Macron et ses équipes sur certains médias français qui intrigue. Pour preuve, Assabah cite ce déjeuner secret auquel auraient été conviées des directeurs de publication et de rédaction le 19 janvier, et dont l’objectif était principalement de définir les éléments de langage qui doivent être utilisés dans la couverture de la protestation contre la réforme du régime de retraite dans l’hexagone. Le nom de plusieurs médias ayant participé à ce «briefing» est cité, parmi lesquels Le Monde.
Pour Assabah, le dossier publié ce week-end par le quotidien français entre dans le cadre de cette influence de l’Élysée, bien que son contenu vienne seulement rappeler certaines vérités sur le régime d’Alger. A ce sujet, il est fait mention d’une plongée de l’Algérie vers le fond, avec la politique de répression menée actuellement. Bien entendu, la part belle est consacrée au cas de l’activiste Amira Bouraoui, qui avait fui le régime des généraux vers la Tunisie, avant d’être exfiltrée in extremis vers la France. C’est l’exemple de ce qu’endurent tous ceux qui osent critiquer le régime des généraux.
Comme Assabah, Al Ahdath Al Maghribia revient également sur le dossier publié par Le Monde qui, pour le quotidien marocain, «met à nu le régime algérien». Al Ahdath Al Maghribia souligne que le dossier du journal français a été produit, en partie, sur la base des éléments recueillis lors d’une rencontre en France avec Amira Bouraoui. Cette dernière explique que sa fuite depuis l’Algérie n’était aucunement un choix, mais une obligation afin d’éviter la prison et d’échapper aux pressions qu’elle subissait de la part du régime algérien. Sur cette exfiltration, ajoute Al Ahdath Al Maghribia, Le Monde rapporte dans son dossier des détails très précis. Il est ainsi expliqué que la diplomatie française a dû intervenir afin de convaincre la présidence tunisienne de renoncer à extrader l’activiste vers Alger. A ce moment-là, rappelons-le, la franco-algérienne était entre les mains de la police tunisienne qui l’avait interpellée à la demande de l’Algérie. Comme le fait remarquer Le Monde, le choix de la Tunisie comme étape importante de la fuite d’Amira Bouraoui était assez sensible, dans le sens où il était bien connu que l’Algérie avait réussi à mettre le régime tunisien sous sa tutelle. D’ailleurs, d’autres activistes avaient tenté la même entreprise que la jeune femme, en vain, car ils ne disposaient pas d’un passeport français permettant une aide diplomatique semblable à celle qu’elle a reçue.
Tout en rapportant ces détails, ajoute Al Ahdath Al Maghribia, le quotidien français n’hésite pas, dans son dossier, à aller encore plus loin dans l’analyse de la gouvernance imposée par le régime des généraux à leur pays. Ce dernier est tout simplement qualifié de dictature, avec laquelle la France tente tout de même d’approfondir les relations, même si cela a des coûts conséquents. Donnant la parole à un professeur de droit spécialisé dans les questions en relation avec l’Algérie, Le Monde écrit que le voisin de l’Est n’a jamais été aussi répressif, et que tous les moyens sont déployés afin de serrer la vis à toute forme de critique envers la gouvernance politique du pays.