Avis de tempête sur le secteur des assurances en Algérie. Depuis ce 16 mai, le cadre marocain Abdelhak El Mansour n’est plus directeur général de la société Amana Assurance, une société algérienne détenue à 51% par deux banques algériennes et une société publique d’assurance (SAA), et à 49% par la Mutuelle assurance des commerçants et industriels de France (MACIF), un groupe français d’assurance. C’est ce dernier qui avait jeté, en 2019, son dévolu sur Abdelhak El Mansour pour le placer à la tête de l’assureur algérien, à l’époque moribond.
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Le Marocain, diplômé de la très select Ecole centrale de Paris, est un fin connaisseur du secteur des assurances, dans lequel il s’est lancé à partir de 1989 en France. C’est grâce à Abdelhak El Mansour, qui a servi plusieurs fois en France, au Maroc et en Afrique subsaharienne, que le système des assurances en Algérie a été mis sur les rails. Il a été en effet derrière le redressement et la restructuration de ce secteur qui était rendu moribond par la corruption ambiante en Algérie. Il a ainsi réussi l’assainissement des finances du secteur et apporté plusieurs solutions de gestion informatisée, tout en diversifiant ses produits de commercialisation.
C’est en sa qualité de directeur général-adjoint de la filiale algérienne d’AXA-Assurances, qu’il a créé, entre 2009 et 2014, plusieurs filiales et produits d’assurances (dommages, assurance-vie…), formant même plusieurs cadres algériens aux très complexes simulations actuarielles, incontournables pour la pérennité de tout système d’assurance, sans parler de l’apprentissage de ses équipes locales aux logiciels de gestion.
C’est finalement l’un de ces logiciels, conçu par une start-up marocaine, et adopté par la Société nationale algérienne d’assurance (SAA), qui a servi de cheval de bataille à Tebboune pour s’en prendre au Maroc. Faute d’avoir pu prouver les liens présumés du royaume avec les «séparatistes-terroristes» du Mouvement pour l’autodétermination de l’Algérie (MAK) ou le mouvement Rachad, l’un des dynamos du Hirak algérien actuel, le président algérien est descendu trop bas pour s’occuper de futilités, indignes d’un chef d’Etat. Surtout que les alibis avancés par Tebboune, dans son «Instruction présidentielle n°01» contre les entreprises marocaines, prétendant qu’elles sont en train de «menacer la sécurité nationale» avec leurs logiciels, et de pomper les devises algériennes avec leurs contrats, ne résistent pas aux faits.
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Car ces contrats et logiciels ne concernent d’abord que la SAA, un actionnaire minoritaire de la société dirigée par le Marocain Abdelhak El Mansour. Ensuite, l’économie de devises, devenue une question lancinante pour une Algérie qui frôle, il est vrai, la panne sèche dans tous les domaines, ne peut être réalisée avec la seule Amana Assurance, société détenue à moitié par des capitaux étrangers, qui rapatrient leurs bénéfices dans leur pays d’origine.
C’est donc le Maroc qui est ainsi clairement visé par cette décision mesquine et sans effets du président impopulaire Tebboune. Le Maroc ne perd en fait que des contrats très peu juteux avec les entreprises algériennes, alors que le haut cadre marocain débarqué par les Algériens fera à nouveau le bonheur de ses employeurs qui le déploieront à nouveau dans l’une de leurs nombreuses filiales à travers le monde.
Pour rappel, dans l’«Instruction présidentielle n° 01», que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a distribuée le dimanche 25 avril dernier à tous les membres du gouvernement Abdelaziz Djerad, l'ordre a été donné de rompre tous les contrats liant les sociétés algériennes avec des entreprises marocaines en particulier. Le Maroc est nommément cité dans le texte de Tebboune, contrairement au reste des pays composant la fameuse «main étrangère», juste qualifiés de lobbys anti-algériens.
Cette décision n’a fait l’objet ni d’un communiqué de la présidence algérienne ni du gouvernement, mais a été «fuitée», plusieurs jours après sa distribution en interne au gouvernement, par l’un des ministres concernés, lui donnant ainsi un cachet officiel qui rend publique l’incompatibilité de Tebboune avec le statut de chef d’Etat.