La décision historique de l’Espagne sur le dossier du Sahara n’est pas seulement un coup très dur pour le régime algérien. C’est surtout le révélateur au grand jour de l’inanité d’une politique, hystériquement agressive contre le Maroc, à laquelle le régime algérien a assigné comme objectif la renaissance de sa diplomatie et l’affirmation du leadership de l’Algérie sur le plan régional. Le vendredi 18 mars, jour de la diffusion d’extraits de la lettre adressée par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, au roi Mohammed VI, a montré à la fois l’échec de cette politique algérienne et du petit poids géopolitique de ce pays, aussi bien dans la Méditerranée occidentale que dans le continent africain.
Dès la reprise des relations diplomatiques du Maroc avec Israël en décembre 2020, le régime algérien a commencé à orchestrer une escalade belliqueuse sans précédent contre le Royaume, au point que certains observateurs avaient craint le déclenchement d’un conflit armé entre les deux pays voisins.
En effet, l’agressivité algérienne s’est d’abord manifestée à travers des accusations gratuites et récurrentes contre le Maroc, constamment désigné comme le responsable de tous les maux de ce pays. Qu’il s’agisse de l’activisme des nombreux opposants exilés en Europe, de l’état délabré des stades de football, de la pénurie d’eau ou de produits de première nécessité, des incendies de forêts, des rapports d’instances internationales comme la Banque mondiale…, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, et le chef d’état-major de l’armée algérienne, Said Chengriha, ont verbalement proféré ces accusations absurdes contre le Royaume, quand ils n’en ont pas laissé le soin à leurs porte-voix attitrés que sont l’agence de presse officielle algérienne (APS) et le mensuel de l’armée algérienne, El Djeïch.
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En parallèle, le duo Tebboune-Chengriha n’a eu de cesse de présenter l’Algérie comme une «puissante force de frappe», qui doit imposer son leadership régional et continental. Cette prétention de «puissance régionale» ne résiste cependant pas aux faits sur le terrain. En effet, et sans revenir à l’épisode désastreux d’In Amenas en 2013, où un important site gazier a été pris en mains pendant plusieurs jours par un groupe terroriste, l’Algérie s’est très souvent montrée incapable de défendre ses frontières, véritables passoires pour les groupes terroristes et les trafiquants de drogue et d’armes.
Une faille que vient de pointer du doigt un rapport du département d’Etat américain, publié le 1er mars 2022 et soumis au Congrès. Ce rapport a alerté sur les «frontières poreuses» de l’Algérie. Et quelques jours plus tard, le rapport du département d’Etat américain va se vérifier. En effet, le 20 mars, trois militaires algériens, dont un officier, ont été tués à la frontière avec le Mali, selon le ministère algérien de la Défense, suite à un «accrochage avec un groupe terroriste» non identifié et dont aucun élément n’a été neutralisé par cette «puissante» armée algérienne.
Ramtane Lamamra, le révélateur du naufrageLe 8 août 2021, dans l’un de ses bavardages médiatiques, dits entrevues périodiques avec la presse, le président algérien a encore parlé de ce qu’il appelle «la nécessité pour les Algériens d'être persuadés que leur pays est une puissance régionale», alors que c’est la main étrangère qui cherche, selon lui, à «minimiser le rôle pionnier de l'Algérie» sur le plan régional.
Jetant l’opprobre sur feu le président Abdelaziz Bouteflika, accusé d’être l’artisan de la perte de la puissance régionale de l’Algérie, Tebboune a finalement confié le portefeuille de la diplomatie à Ramtane Lamamra, celui-là même qui fut pourtant, de 2013 à 2017, ministre (puis ministre d’Etat) aux Affaires étrangères sous Bouteflika! Lamamra a été ainsi rappelé avec principale mission de redonner du lustre à la diplomatie algérienne tout en faisant monter les enchères contre le Maroc.
Nommé le 7 juillet 2021 à la place de Sabri Boukadoum, il va annoncer dès le 24 août suivant la décision algérienne de rompre unilatéralement ses relations diplomatiques avec le Maroc, sous le prétexte fallacieux que le Royaume «n’avait jamais cessé de mener des actions hostiles à l’encontre de l’Algérie». Le 23 septembre 2021, c’est la fermeture unilatérale de l’espace aérien de l’Algérie à tous les avions marocains, suivie le 31 octobre 2021 par l’arrêt du gazoduc Maghreb-Europe transitant par le Maroc, dans le seul but de priver ce dernier des avantages qu’il en tirait.
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A ce bellicisme intense, le Maroc a opposé calme et sagesse. Il a laissé le régime algérien s’embourber dans ses gesticulations et déclarations quasi martiales et a travaillé en silence pour faire avancer le dossier de la cause nationale.
Résultat: toutes les manœuvres belliqueuses du régime algérien ont été réduites à néant par la décision de l’Espagne de soutenir le plan marocain d’autonomie comme la base sérieuse et crédible pour régler le différend créé autour du Sahara.
Quand les autorités algériennes se disent «étonnées» et «surprises» par ce qu’elles appellent un «brusque revirement de position» de l’Espagne sur le Sahara, cela sonne comme un aveu d’impuissance de la diplomatie algérienne, totalement dépassée par les changements géopolitiques dans la région. Comment cela peut-il en être autrement quand les caciques de l’appareil militaro-politique sont prisonniers de grilles de lecture, datant de la guerre froide?
Le logiciel du régime algérien est obsolèteLe régime algérien, après avoir tenté, hier, de minimiser la reconnaissance, historique elle aussi, de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis d’Amérique en laissant entendre que le nouveau locataire de la Maison Blanche, Joe Biden, allait revenir sur cette reconnaissance, a eu une attitude hystérique avec l’Espagne, allant jusqu’à rappeler son ambassadeur à Madrid, alors qu’il passe son temps à dire qu’il n’est pas partie au conflit du Sahara.
Le rappel de l’ambassadeur algérien à Madrid a surpris même les observateurs les plus avisés du régime algérien. La réaction vive de la junte est à la hauteur de sa politique belliqueuse à l’égard du Maroc, dont l’insignifiance a été rendue publique par la lettre de Pedro Sanchez à Mohammed VI.
Le tournant historique opéré par l’Espagne fait office d’un cruel miroir qui renvoie aux gérontes qui dirigent l’Algérie l’image d’un pays, dépassé par les changements géopolitiques dans le monde et qui est immobile dans un environnement qui connait de multiples changements. Cette Algérie, encore dirigée par Salah Goudjil (91 ans), président du sénat et donc vice-président potentiel de la république, les généraux Khaled Nezzar (85 ans), Mohamed Mediène dit Toufik (83 ans) et Said Chengriha (77 ans), le président Abdelmadjid Tebboune (77 ans) et Ramtane Lamamra (70 ans), doit changer le logiciel, antérieur à la chute du mur de Berlin, qui lui sert encore de boussole pour décider de sa politique extérieure. Ce logiciel est aussi vieux que les gérontes qui tiennent les rênes du pouvoir dans le pays.
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Le monde change, mais les chibanis qui dirigent un pays de jeunes sont dépassés par ces changements. Au-delà de la proclamation espagnole qui montre le petit poids régional de l’Algérie et l’inanité de sa politique agressive contre le Maroc, il est à déplorer que dans un monde où les groupements régionaux constituent des vecteurs de force, les dirigeants algériens poursuivent leur politique de division dans le Maghreb.
Il n’existe pratiquement aucun espoir de porter les dirigeants actuels à faire table rase de l’héritage du boumédiènisme et de s’ouvrir au monde. Il ne reste qu’à espérer que l’horloge biologique fasse son travail et que des jeunes succèdent aux vieux en défendant les intérêts des peuples algérien et marocain, tous deux perdants dans la politique de haine entretenue par la junte.