Benky qui rit, Benky qui pleure…

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De chaudes larmes versées en public et en direct par notre Chef du gouvernement et néanmoins candidat à la députation et si, tout va bien, à sa propre succession! On ne peut rester de marbre devant cette histoire lacrymogène. Au vu du volume de larmes versé à chaque fois, c’est trop pour être faux.

Le 04/10/2016 à 11h03

Avant de me lancer dans l’écriture de la présente chronique, j’étais un peu à court d’idées. J’en avais un peu marre des élections et je suppose que vous également. Depuis 2 ou 3 jours, j’étais à la recherche d’un sujet qui soit à la fois marrant et sérieux, grave et joyeux, bref, quelque chose qui respecte l’esprit et la forme de ma marque de fabrique, mais je n’ai rien trouvé. A un moment, j’ai hésité entre la pluie capricieuse et les classes surchargées, mais je me suis dit que je ne crois que mes lecteurs et mes lectrices ont des préoccupations aussi terre-à-terre.

Et voilà qu’un sujet me tombe sur la tête comme un cadeau du ciel: la nouvelle - qui ne l’était pas tout à fait - les chaudes larmes versées en public et en direct par notre Chef du gouvernement et néanmoins candidat à la députation et si, tout va bien, à sa propre succession. Je sais qu’à l’heure qu’il est, beaucoup de mes confrères et consoeurs se sont déjà emparés de cette histoire lacrymogène, relayée par des dizaines de simples citoyens et citoyennes, mais j’ai décidé quand même de ne pas être en reste de peur qu’on me reproche d’avoir tu un thème aussi émouvant et aussi… marrant. Mais si vous croyez que je vais en rigoler, détrompez-vous.

J’ai toujours eu un profond respect pour toutes les personnes qui pleurent, surtout sans raison valable. Par exemple, quand je vois un comédien ou une comédienne, dans un film ou dans une pièce de théâtre, chialer comme une madeleine, je ne peux m’empêcher de penser que ce sont ces artistes-là qui ont vraiment du talent. Attention : je ne suis pas en train de dire ou de laisser supposer que les sanglots de M. Benkirane ne seraient que de la comédie. D’abord, ce n’est pas la première fois que cela lui arrive, et ensuite, au vu du volume de larmes versé à chaque fois, on en déduit forcément que c’est trop pour être faux.

Quant aux rigolos qui prétendent que s’il pleure c’est parce qu’il aurait peur de perdre sa place, ils sont à côté de la plaque. Avec le bilan qu’il présente fièrement, et l’assurance qu’il affiche pompeusement à chacune de ces apparitions, je doute fort qu’il n'ait une quelconque crainte ni le moindre doute sur sa victoire et celle de ses frères et sœurs de combat. Et puis, comme je vous le rappelais plus haut, nous avons eu l’occasion de le voir à maintes reprises durant son mandat pleurer pour tout, pour rien et même parfois pour n’importe quoi. J’en avais même parlé il y a quelques années dans un de mes billets et je me souviens qu’à cette époque-là, il n’avait pas pu retenir son émotion parce qu’il parlait des… succès de son parti. Comme quoi, les larmes de joie…

Oh, non, je ne suis pas en train de prendre sa défense ni celle de son parti sur lequel d’ailleurs je suis toujours tombé à bras raccourcis. De plus, je ne suis candidat à rien et je ne suis même pas sûr d’être électeur. Maintenant, je ne vous cache pas que cette émotivité chronique et répétitive de quelqu’un qui a pour mission première de nous rendre heureux commence vraiment à me taper sur les méninges. Par ailleurs, il m’a rarement fait rigoler avec ses blagues mi- acides mi-salées, mais, bon, on ne lui demande pas d’être un clown non plus. Ni à lui ni aux autres d’ailleurs.

Il n’y avait qu’à suivre l’émission de dimanche soir à la télé où 5 patrons de partis – parmi, nous a-t-on dit, les 8 «plus grands du pays». Je ne sais pas si vous les avez vus, mais franchement ça ne vous donne pas l’envie d’aller voter. C’est vrai que derrière leur pupitre, ils étaient comme des élèves qui passent leur examen d’oral, mais ils n’étaient pas obligés de se tenir aussi droits ni d’être aussi tristes. Certes, ils n’ont pas chialé, mais on avait l’impression que ça pouvait se déclencher à tout moment.

En vérité, je pense que «le peuple» n’a pas besoin que ses leaders politiques soient des combattants ni, encore moins, des anciens combattants, et qui lui racontent, la larme à l’œil ou le sourire en coin, leurs batailles passées ou supposées. Il veut tout simplement des gens qui soient capables de lui présenter, d’une manière claire et honnête, des programmes précis et réalistes et qui répondent à ses vraies attentes.

Quant à moi, je n’attends rien ou pas grand-chose de tout ce monde, mais je voudrais juste qu’on arrête de se moquer de nous en essayant en vain de nous faire rigoler ou de nous faire pleurer. Ça, c’est un autre métier. Alors, de grâce, qu’ils se contentent de faire leur boulot, ou bien… qu’ils débarrassent le plancher !

En attendant, vivement un nouveau casting, et vivement mardi prochain.

Par Mohamed Laroussi
Le 04/10/2016 à 11h03