Ces derniers jours, plusieurs voix se sont élevées dans les camps sahraouis de Lahmada, exigeant des dirigeants du Polisario qu’ils descendent sur le terrain pour faire le constat de la situation catastrophique dans laquelle vivent les «réfugiés», et leur présentent par la même occasion les pistes de sortie du calvaire qu’ils vivent depuis bientôt un demi-siècle.
Cette gronde populaire a été relayée par un groupe de soi-disant parlementaires du Polisario qui n’ont cessé de dénoncer, depuis le début de cette semaine, la dégradation des conditions de vie, déjà précaires, des habitants des camps. Ils fustigent aussi le fait que les habitants des camps soient abandonnés à la misère par ceux qui sont censés être constamment à leurs côtés et à leur écoute, à savoir les dirigeants du Polisario.
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Ces parlementaires, résidant dans les camps de Lahmada, et non à Tindouf comme les cadors du Polisario, viennent d’indexer le soi-disant ministre du commerce, c’est-à-dire le département écran utilisé par les dirigeants du Polisario pour détourner à leur profit l’aide internationale, l’accusant de vendre une marque de poulets supposée être distribuée gratuitement aux familles dans les camps. Ces récalcitrants ont d’ailleurs demandé aux habitants des camps de s’abstenir d’acheter ces poulets et certains autres produits, même à des prix modiques, car ils relèvent de l’aide internationale et sont donc gratuits.
L’un de ces parlementaires, du nom de Cheikha Loulad, a également interpellé, le jeudi 16 avril, Brahim Ghali, le chef du Polisario, pour lui demander, à travers une lettre publiée par les médias locaux, d’avoir le courage de venir personnellement à la rencontre des habitants des camps pour s’enquérir directement de leurs problèmes.
C’est dans ce contexte explosif qu’est intervenu le discours adressé, jeudi soir, par Brahim Ghali aux réfugiés sahraouis. Ces derniers ont eu enfin à découvrir un homme désemparé, en déperdition, penaud car sans arguments face aux cuisants revers diplomatiques qu’il ne cesse d’essuyer, et qui n’a même plus un mensonge de plus à servir à l’opinion.
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Tout un chacun pensait que Brahim Ghali allait parler politique et commenter, entre autres sujets d’actualité, la dernière réunion du Conseil de sécurité, ne serait ce que pour s’excuser auprès des Sahraouis sur son mensonge, entre autres, selon lequel cette réunion allait désigner le nouvel envoyé spécial de l’ONU dans la région. Il n’en fut rien, car sur le palier politico-diplomatique, il n’avait aucune possibilité de transformer ses cuisantes défaites en victoire, les Sahraouis des camps n’étant plus dupes sur ce dossier.
Il était également attendu sur le volet social pour sortir avec des solutions, minimales soient-elles, face au spectre de la soif, le manque des denrées alimentaires de première nécessité dans les camps, leur renchérissement, leur détournement… Pas le moindre mot.
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Certes, le coronavirus est par excellence le sujet d’actualité de l’heure, mais Ibrahim Ghali allait en faire non seulement le maître-mot dans son intervention, mais en abuser à outrance, dans un objectif purement répressif. Bien qu’il n’existe aucun cas de contamination déclaré dans les camps de Tindouf (l’Algérie réservant le petit stock de kits de dépistage dont elle dispose à sa population), le chef du Polisario a brandi l’épouvantail du coronavirus pour faire peur plutôt que de rassurer.
Il a ainsi parlé de cet «ennemi invisible à l’œil nu», «extravagant», «malveillant» ce «feu qui risque de se propager brusquement brûlant tout sur son passage», pour demander aux réfugiés de s’éviter les uns des autres dans «l’intérêt suprême de la nation».
Un appel qui s’apparente à une tentative d’étouffer dans l’œuf l’inéluctable explosion sociale qui se prépare dans les camps, mais aussi à un ordre donné sournoisement à ses troupes pour imposer un confinement toujours plus implacable aux habitants des camps.