L’action est menée en toute discrétion, et il faut bien creuser pour en saisir aussi bien l’importance que le caractère souvent salutaire, voire salvateur. La guerre tous azimuts que mène le Maroc dans sa lutte contre la propagation du coronavirus et de la maladie du Covid-19 se joue aussi sur un autre front, méconnu: la diplomatie.
Prendre la pleine mesure des efforts, et de l’efficacité de la diplomatie marocaine, c’est s’en rendre compte. Cette action se décline, là encore, sous plusieurs axes.
Le premier n’est autre que l’acquisition, sur le marché international, d’équipements et du matériel à même de freiner la propagation du virus, et à prendre en charge les personnes qui ont été testées positives au Covid-19 au Maroc. Bien avant que des puissances mondiales ne se mettent à négocier, mallettes remplies de billets de banque à l’appui, des produits et des équipements médicaux, dans les aéroports de Shanghai et autres villes chinoises, le Maroc a entrepris, dès l’annonce de la propagation du coronavirus à l’échelle internationale, des négociations afin de s’équiper en masques, tests de prélèvements, kits de dépistages et en respirateurs.
«Nos diplomates à l’étrangers ont été convertis dans ce sens en véritables agents commerciaux, et c’est le ministère des Affaires étrangères du Royaume qui menait les négociations avec des Etats comme la Chine ou la Corée du Sud», nous éclaire cette source diplomatique, proche du dossier. Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a appelé ses homologue chinois et sud-coréen dès le 15 mars, ajoute notre source. La diplomatie marocaine a été mobilisée pour répondre aux demandes du Comité scientifique et technique du ministère de la Santé. Les autorités officielles de pays tiers recommandaient au Maroc de se diriger vers tel ou tel fournisseur, évitant ainsi au Royaume une perte de temps dans son approvisionnement, mais aussi bien des arnaques.
De Chine, par exemple, le Royaume a reçu des respirateurs, des kits de prélèvement et des tests de dépistage. De Corée du Sud, des kits de dépistage rapide ont été achetés. Pas plus tard que le 5 avril dernier, le ministère de la Santé a reçu d’importants nouveaux lots d'équipements médicaux et sanitaires en provenance de Chine et de Corée du Sud, afin de renforcer sa stratégie de lutte contre le coronavirus. Peu de gens savent que des ambassadeurs et consuls marocains ont été aux premières lignes non seulement dans les négociations commerciales, mais dans la sécurisation de la marchandise, «faisant le pied de grue devant les palettes, y compris sur les tarmacs des aéroports».
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Ces cargaisons, dont le contenu va permettre d’équiper les établissements hospitaliers mobilisées dans le traitement des cas de Covid-19, et les hôpitaux de campagne montés, ne cessent d'arriver au Maroc via l'aéroport international Mohammed V de Casablanca ou des aéroports militaires.
Deux éléments fondamentaux ont joué en faveur du pays dans ce processus. Le premier n’est autre que la crédibilité dont bénéficie le Maroc grâce à une gestion proactive et exemplaire de cette crise sanitaire, qui a été saluée par de nombreux pays, dont la Chine. Le second est lié aux nombreux réseaux que le Maroc a pu tisser au fil des ans dans plusieurs pays.
Au tout début de la crise sanitaire du Covid-19, quand le roi Mohammed VI a ordonné le 27 janvier 2020 le rapatriement des étudiants marocains qui étaient bloqués à Wuhan, l’avion qui était parti les chercher contenait du matériel médical et des masques au profit de la Chine. «Ce pays a su se souvenir de ce geste quan, à notre tour, nous avons eu besoin de son aide», précise notre source.
Ces touristes étrangers et Marocains bloquésAutre axe majeur de l’action de la diplomatie marocaine: l’humain. Cela concerne aussi bien les touristes étrangers, qui sont restés bloqués dans le royaume du fait de la mesure de la fermeture des frontières nationales, que des Marocains, eux aussi bloqués dans des pays étrangers. En ce qui concerne le premier volet, la diplomatie marocaine a facilité et garanti le rapatriement de pas moins de 80.000 touristes dans leurs pays. Ce qui fut fait, et en un laps de temps de quelques jours seulement, 500 vols spéciaux ayant été mobilisés à cette fin. Et ce n’est pas fini. Un vol spécial a quitté, mercredi 8 avril, l’aéroport de Casablanca à destination de la France.
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Les Marocains (touristes, hommes d’affaires, étudiants…) restés bloqués dans plusieurs pays du monde, à cause de la pandémie ont, quant à eux, bénéficié du soutien des antennes diplomatiques et consulaires du royaume dans les quatre coins du globe. Hébergement des personnes sans ressources, nourriture, soutien psychologique et médicaments, tout a été pris en charge par l’Etat. «Le ministère des Affaires étrangères a même pris en charge deux opérations chirurgicales de ressortissants marocains bloqués dans deux pays en Afrique», nous précise notre source.
Le ministère marocain des Affaires étrangères a également négocié avec l’Office des Changes le déplafonnement des dotations touristiques annuelles (fixées à 45.000 dirhams) en faveur des personnes ayant des moyens de subsistance et qui en ont fait la demande. Les ambassades et consulats ont obtenu des dérogations spéciales pour que des hôtels restent ouverts. «Et quand cela n’était pas possible, on loue des appartements», explique ce fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, affecté dans une représentation diplomatique du Maroc dans un pays d’Europe.
Les contributions de pays étrangersOn s’en souvient, l'Union européenne a annoncé, vendredi 27 mars, son appui, de l’ordre de 450 millions d'euros au Fonds spécial pour la gestion de la pandémie Covid-19, créé sur instructions du roi Mohammed VI. «Mais peu savent qu’il s’agit, pour les deux tiers de ce montant, du ré-allouement d’une aide destinée au développement, au départ. Si nous en sommes là, c’est que notre diplomatie a pleinement joué son rôle pour orienter cette aide vers le Fonds Covid-19», explique cet observateur aguerri.
On aurait pu penser qu’avec le confinement et la fermeture des frontières, l’action de la diplomatie marocaine serait réduite à la gestion des affaires courantes. Pourtant, son personnel n’a jamais été autant sollicité que pendant que cette crise du nouveau coronavirus.