C'est une première et cela a le mérite d’être clair. En tenant sa longue réunion hier lundi dans l’après-midi à Rabat, mais surtout en communiquant ouvertement sur la démission de son secrétaire général et en faisant le bilan (plutôt négatif et c’est dit) de son action, depuis 2008 et plus encore depuis les dernières élections législatives, le PAM veut marquer un coup, peut-être un ultime: le message royal a été entendu. Vraiment. Alors que les autres formations, à l’image de l’USFP de Driss Lachgar, se cachent derrière leur éternel «ce n’est pas moi» ou les «J’accuse» du PJD d’Abdelilah Benkirane, la formation d’Ilyas El Omari semble ainsi dire: «J’assume».
Lire aussi : Lire aussi: PAM. Ilyas El Omari démissionne de son poste de secrétaire général
Coïncidant avec le 9e anniversaire de la création, au demeurant controversée, du parti, la réunion se voulait l'occasion de faire le bilan. Ou plutôt une autocritique. Le dernier discours du Trône est passé par là. La responsabilité des partis politiques dans les retards de développement enregistrés par le Maroc y a été démontrée. La lecture par le PAM de sa propre action, surtout depuis le fiasco (relatif certes) des élections législatives devant le PJD, se voulait objective.
Il y a d’abord la gestion de la chose publique. Oui, il y a eu échec dans la gestion de certaines communes par ce parti. Des démissions sont même prévues, certains présidents de commune se plaignant du manque de moyens et de réactivité du gouvernement. Des sanctions sont également envisagées à l'égard d’autres présidents n’ayant pas honoré leurs engagements.
Il y a ensuite l’action du PAM au sein du Parlement et là encore, l’aveu d’échec est notifié noir sur blanc. Les noms de ceux qui ont fait preuve d’absentéisme lors des séances plénières et des travaux des commissions seront rendus publics. Ceux qui ne respectent pas la charte d’éthique du parti seront avertis. C'est faible comme mesures, mais c'est déjà bien.
Lire aussi : Lire aussi: Mohammed VI aux partis politiques: arrêtez de vous cacher derrière le Palais
Comme pour pousser le bouchon du rendre-compte le plus loin possible, le PAM nous annonce qu’Ilyas El Omari démissionne. Secrétaire général du parti du Tracteur depuis 2016, il assume ainsi sa part de responsabilité dans les manquements enregistrés. Il restera militant au sein du parti. Le bureau politique affirme avoir refusé cette démission, mais précise qu’El Omari insiste. La décision finale revient au Conseil national qui se réunira prochainement pour trancher, mais acte est pris de cette démission. Une conférence a lieu ce mardi matin pour en donner les contours et, peut-être, les vraies raisons. On retiendra que des noms ont d’ores et déjà filtré concernant un éventuel successeur.
On ne saurait dire pour l’heure s’il s’agit d’une réelle prise de conscience du PAM quant aux enjeux réels de l’action politique telle qu'elle est voulue par le souverain (service aux citoyens, transparence et honnêteté, mais aussi efficacité), ou si c’est simplement une tactique pour prendre de l’avance sur tout un paysage politique aujourd’hui complètement momifié. Une chose est sûre, le parti du Tracteur a encore de la ressource. Et il a bel et bien jeté un véritable pavé dans la mare.