Des députés accusent certains ministres d'avoir «acheté» leurs diplômes supérieurs

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Revue de presseKiosque360. Nombre de parlementaires viennent de dénoncer ce qu’ils appellent la «mafia des diplômes universitaires», dont auraient profité des dirigeants de partis politiques et même des ministres. Interpellé, Mohamed Hassad exige des preuves.

Le 11/08/2017 à 09h31

Si vous êtes un bon harangueur de foules, spécialisé dans la langue de bois, doublé d’un militant au sein d’un parti politique marocain, vous avez là un bon background pour briguer un maroquin au sein d’une coalition gouvernementale. Il vous reste juste à faire un petit détour par le décanat d’une université, une «enveloppe» en poche, pour négocier un master ès matière que vous voulez, voire un doctorat et la thèse qui va avec, afin de garnir le CV qui sera présenté à l’opinion publique après votre nomination. Plus besoin de justifier d’autres diplômes inférieurs dont vous ne disposiez pas non plus, comme ce menu fretin constitué par le Bac ou autres BEPC et CEP.

C’est ce tableau noir que nous donne à découvrir le quotidien Assabah, dans le papier central de sa Une de ce vendredi 11 août. Il rapporte en effet que plusieurs parlementaires, majorité et opposition réunies, ont dénoncé la dégradation à vue d’œil de l’enseignement, dans tous ses cycles, sous les coups de boutoir d’une mafia spécialisée dans la falsification à grande échelle des diplômes universitaires. Un phénomène d’autant plus grave que certains ministres et dirigeants de partis politiques, dont les noms n’ont pas été divulgués, en ont profité pour occuper indûment des postes stratégiques sur l’échelle des structures étatiques.

C’est au sein de la Commission de l’enseignement, de la communication et de la culture de la Chambre des députés, et en présence de Mohamed Hassad, ministre de l’Education nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, que nombre de députés ont appelé à une action urgente pour mettre fin à cette pratique destructive pour le système d’enseignement en général et pour la recherche scientifique en particulier.

Le député Jamal Benchekroun Krimi (PPS), lui-même enseignant universitaire, n’y est pas allé du dos de la cuiller, citant nommément l’université Hassan 1er de Settat comme une véritable «usine où se trament toutes les formes de corruption, de falsification de diplômes et de plagiat de thèses de fin d’études».

Pour un autre député, le PJDiste Abdellatif Ben Yacoub, cité par Assabah, ce n’est pas tant cette mafia ou l’anarchie qu’elle sème au sein du milieu éducatif qui pose problème, mais plutôt le laisser-faire des autorités, malgré la sonnette d’alarme que vient de tirer la Cour des comptes quant à la corruption qui sévit au sein des universités.

La députée du PAM, Aïcha Farah a, quant à elle, pointé du doigt l’université Ibn Zohr d’Agadir, accusant son corps enseignant de corruption à travers une complicité active dans la triche et le trucage des résultats des examens. Ce qui a amené sa collègue du Parti de l’Istiqlal, Mounira Errahoui, à lancer un appel pour sauver ce qui peut encore l’être en vue de sauvegarder les valeurs marocaines d’éducation.

Hassad a botté en touche en demandant que les dossiers de corruption relatés et les éventuelles preuves soient présentés à la Justice, ajoutant qu’il n’a que faire d'«accusations injustes».

Par Mohammed Ould Boah
Le 11/08/2017 à 09h31