Abdelilah Benkirane continuera-t-il d'alimenter le blocage de la formation du gouvernement, malgré sa mise à l’écart et la désignation, à sa place, du numéro 2 du parti, Saâd-Eddine El Othmani?Sur la foi d'informations rapportées par le quotidien Assabah dans son édition de ce mercredi 29 mars, un groupe de parlementaires du Parti de la justice et du développement PJD), proches de l’ancien chef de gouvernement déchu, menace en effet Saâd-Eddine El Othmani. Cette nouvelle «milice parlementaire» met en garde le chef de gouvernement fraîchement désigné contre les «feuilles» que vient de soumettre Driss Lachgar, premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), à la commission chargée de confectionner le programme commun aux six partis pour la formation du futur gouvernement.
Ces parlementaires affirment que les électeurs, qui ont reconduit le PJD comme premier parti politique marocain, considèrent le programme et les réformes initiés par Abdelilah Benkirane comme «une ligne rouge que personne ne doit remettre en cause». La députée Amina Maelainine, citée par Assabah, avance ainsi que Benkirane a «consenti d’énormes sacrifices qui l’ont même conduit à perdre son strapontin à la primature» et estime qu'El Othmani ne doit pas faire marche arrière sur, par exemple, des chantiers comme ceux de la «parité et de l’égalité» ou de «l’aide directe consentie à certaines couches défavorisées»…
Même son de cloche chez le député Houcine Harrich, qui a promis de prendre ses responsabilités au moment du vote du programme gouvernemental sous la coupole en se référant, dit-il, «aux seuls engagements pris devant les électeurs du parti de la Lampe».
Plus philosophe, le dirigeant PJDiste et ancien ministre délégué des Transports, Mohamed Boulif, souligne que les cinq mois de blocage dans la formation du gouvernement constituent une défaite du parti leader. Mais, affirme-t-il, le PJD «garde toujours sa première place dans le championnat, soit celle de la démocratie, de la transparence et du développement».
Face à cette bronca, Mohamed Yatim, dirigeant et chef du syndicat du PJD, est monté au créneau pour demander aux cadres du parti islamiste de faire front contre les «milices du mal» qui sont en train de sacraliser Abdelilah Benkirane.
Autant dire qu’avec ses deux ailes, celle "radicale" de Benkirane et celle "pragmatique" d’El Othmani, le PJD risque de voler… en éclats!