C’est un petit site électronique régional du nord de la Mauritanie, zoueratemediamedia.info, dont les informations locales sont généralement très crédibles, qui annonce l’entrée en territoire mauritanien, dans la matinée du mardi 7 décembre dernier, de «deux voitures sahraouies transportant des dirigeants du Polisario».
Ils seraient arrivés à BirMoghrein, située à 250 km au sud-ouest de Bir Lahlou, localité de la zone tampon du nord-est du Sahara, après avoir déclaré à la gendarmerie mauritanienne qu’ils se rendaient en Mauritanie «pour choisir des centrales syndicales en vue de les inviter à participer à une rencontre qui sera organisée prochainement dans la ville algérienne de Tindouf», écrit ZouerateMedia.
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Selon les sources de ce même site, ces dirigeants, dont il ne précise ni le nombre, ni l’identité, sont toujours retenus sur place en attendant de clarifier leur situation, surtout que d’habitude, les dirigeants du Polisario passent, pour se rendre en Mauritanie, par les canaux diplomatiques de l’ambassade d’Algérie à Nouakchott pour demander l’autorisation d’entrée et annoncer leur date d’arrivée par route ou par avion.
Cette arrivée inopinée, ajoutée au flou de la justification de l’entrée illégale, laissent croire qu’il s’agirait probablement d’une fuite, en vue de demander l’asile en Mauritanie ou rejoindre le Sahara marocain par l’entremise du Consulat marocain, sis à Nouadhibou.
L'hypothèse de la fuite vers la Mauritanie est d’autant plus logique que depuis l’annonce de leur arrivée à Bir Moghrein, plus aucune information n’a filtré sur leur sort. Surtout que s’ils avaient été refoulés vers Tindouf, cela aurait été officiellement annoncé. Il est donc probable que pour la sécurité de ces «fugitifs», les autorités mauritaniennes ont préféré garder le silence sur cette affaire en attendant son dénouement.
Actuellement, seul un dirigeant du Polisario peut quitter les camps de Lahmada, sachant qu’il dispose d’une autorisation de circulation, contrairement aux habitants des camps sahraouis, qui sont coupés du monde et interdits de circuler, hors des camps, depuis maintenant une année.
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D’ailleurs les récents refus de l’Algérie et du chef du Polisario de participer aux prochaines tables rondes que compte relancer le nouvel envoyé spécial de l’ONU au Sahara, Staffan de Mistura, montrent qu’ils ont quelque chose à cacher, et que les conditions ne sont pas propices dans les camps pour l'y accueillir.